13. décembre 2016 · Commentaires fermés sur RUY Blas et Hugo face à la critique : imagine que le dramaturge se défende … · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Tout auteur , un jour, doit faire face à la critique; Certains s’agacent de voir leur talent contesté; d’autres comme Molière ,s’en remettent au public; d’autres encore comme Corneille passent leur temps à se justifier dans leur préfaces ou leurs postfaces; Respect des règles, innovation, modes ou imitation des Anciens, chaque point a son importance et les artistes peuvent parfois se montrer indifférents ou au contraire , extrêmement chatouilleux. Hugo n’a pas eu en tant que dramaturge le succès escompté et nombreux sont ceux, à son époque, mai également aujourd’hui , qui l’ont critiqué; Passons- en revue les principaux points sur lesquels il a été jugé..voici un petit florilège critique ..

 Commençons tout d’abord par les deux sujets d’invention  au choix : 

Imaginez  la réponse que Victor Hugo aurait pu écrire à Emile Zola après avoir lu sa lettre (document 4 ) 

Ou 

Imaginez que Hugo aujourd’hui lise les critiques du site Babelio consacré à Ruy Blas (document 3)  : il décide de répondre en écrivant un article où il prend la défense de sa pièce en tentant de comprendre le point de vue d’un lecteur d’aujourd’hui 

 Liste des documents  

Document 1 : un article critique d’un spécialiste du théâtre hugolien 

Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique 

Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio 

Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de  Ruy Blas en 1880

Document 1 : extrait d’un article publié dans la revue de l’ENS à propos des critiques du théâtre hugolien 

Historiquement et essentiellement, le théâtre est un genre agonistique, pour ne pas dire polémique. Le conflit engendre le théâtre et, en retour, le théâtre provoque le conflit. Les nombreuses querelles et batailles qui jalonnent l’histoire du théâtre – Le Cid et Hernani, pour ne citer que les plus connues sinon les plus violentes – prouvent que le combat est infectieux et qu’il ne reste pas enclos dans le seul espace scénique. Parmi les confrontations que le théâtre appelle, qu’il nourrit et dont il profite, celle qui l’oppose à la critique que l’on appellera, faute de mieux, journalistique est haute en couleurs et en enseignements. Naguère, en effet, le théâtre vivait et mourait par la critique que dispensaient les journaux et leurs censeurs redoutés. Puisqu’il est un art de société, le théâtre s’expose plus qu’aucun autre genre littéraire et les dramaturges sont davantage aux prises avec les critiques que leurs (con)frères romanciers ou poètes. Plus attaqués que les autres, ils ont dû développer davantage leurs systèmes de défense et apprendre à répondre.

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En tant que dramaturge, Hugo a rarement trouvé grâce aux yeux de la critique. Contre ce théâtre trop poétique, trop épique, trop sublime et trop grotesque – trop hugolien, en somme –, celle-ci fait rage et reproche à l’auteur tout ce qui fait son génie .Chacun de ses drames a été l’occasion d’un combat ; la publication en volume lui permet de se justifier et de riposter en cuirassant ses pièces d’un paratexte abondant, varié et destiné à anéantir les critiques qui ont été émises et prévenir celles qui viendront. La dimension agonistique perdure donc, quelle que soit la durée écoulée depuis le tumulte des représentations.

Hugo ne cite jamais les noms de ses détracteurs et ne relaie presque jamais les propos déplaisants qu’il a dû essuyer lors de la création des pièces : inutile d’élever la querelle en débat. Souvent il  donne littéralement son congé à la critique : « L’auteur  pourrait […] examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais, il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire »

Le vrai jugement est celui de la postérité. « Si son drame est mauvais, que sert de le soutenir ? S’il est bon, pourquoi le défendre ? Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra. Le succès du moment n’est que l’affaire du libraire » écrit-il par exemple à la sortie de Cromwell. 

 Que lui a-t-on reproché ? 

Hugo est fréquemment accusé de produire sur la scène des pièces immorales. Dans la préface de Lucrèce Borgia, il réplique et se défend. 

On lui reproche également la dimension grotesque ;

En 1882, si le grotesque dérange toujours, Hugo est devenu une telle idole qu’on lui passerait la plupart de ses excès. La finalité de ces variantes n’est pas pratique mais polémique : montrer à quel point les versions finalement choisies par Hugo sont supérieures en raison même de ce que l’on considère encore comme une faute de goût.

Une autre critique fréquemment adressée à Hugo, comme à tous les forgeurs de fiction, est celle de maltraiter l’histoire dans ses drames. Sur ce point, sa défense ne variera jamais : tout en plaidant sans cesse pour la liberté du créateur, Hugo multiplie les preuves  de bonne foi et d’érudition

Hugo, l’homme-océan, ne peut se contenir dans les limites usuelles qu’on impose aux dramaturges. S’il sait faire parler des personnages, il veut également prendre la parole lui-même jusqu’à l’extrême limite. Il entend montrer qu’il est le maître du jeu dramatique et éditorial, l’énonciateur tutélaire caché derrière tous les personnages, présent d’un bout à l’autre du volume et qui étouffe toute autre voix, fût-elle celle de la critique. Il prouve à nouveau qu’il est bien le « génie sans frontières » dont parlait Baudelaire. La mainmise qu’il voulait sur le théâtre comme art vivant, Hugo la réalise lorsqu’il imprime ses drames. 

 

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Document 2 : un rappel de sa position de chef de file du drame romantique 

Chef de file du Romantisme : Le créateur du drame romantique

En 1827, la préface que Victor Hugo rédigea à sa tragédie, Cromwell – sa première œuvre dramatique -, devint immédiatement le manifeste du théâtre romantique. Ce traité se divisait en trois parties : la première, à finalité destructrice, condamnait les règles aristotéliciennes de l’unité de lieu et de temps (deux des règles appliquées dans le théâtre classique), la deuxième partie recommandait en revanche de conserver la seule règle aristotélicienne acceptable, celle qui concernait l’unité d’action, tandis que la troisième partie affirmait le droit et le devoir, pour l’art, de représenter la réalité sous tous ses aspects. Hugo définissait ainsi, contre l’esthétique du théâtre classique, les règles d’un nouveau genre théâtral, le drame romantique.

Le drame romantique né des théories de Hugo se caractérise par l’introduction du laid et du grotesque sur la scène théâtrale, par un plus grand souci de la couleur locale et surtout par le mélange des genres – puisqu’au sein d’un même drame figurent des éléments tragiques et comiques.

Le 25 février 1830, la représentation de la pièce Hernani, qui donne à Hugo l’occasion de mettre lui-même en pratique ses principes, se déroula dans une atmosphère surchauffée par les polémiques entre défenseurs de la tradition et tenants des nouvelles doctrines. C’est cette soirée mouvementée, restée dans l’histoire littéraire sous le nom de « bataille d’Hernani », qui fit officiellement de Hugo le chef de file du Romantisme français. Hugo illustra encore ses théories au théâtre, notamment avec des drames passionnés comme Le roi s’amuse (1832), interdit par la censure, Lucrèce Borgia (1833) ou Ruy Blas (1838), un de ses drames les plus connus.

L’homme de génie s’inquiète peu des diatribes, des harangues et des clameurs de ses ennemis; il sait qu’il aura la parole après eux. (Faits et croyances)

·  Le beau n’a qu’un type; le laid en a mille. (Cromwell, préface)

Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux.

 

Document 3 : des articles de lecteurs tirés du site Babelio 

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  1. Quand un auteur est convaincu de l’enjeu politique et social de la littérature, il est inévitablement porté à s’intéresser au théâtre, art bien plus populaire que celui de la littérature, surtout au XIXe siècle, quand le théâtre était le seul moyen de transmettre une oeuvre écrite inaccessible à la majorité analphabète d’une population.
    Victor Hugo étant un auteur ayant toujours cherché à créer pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens et en ont le plus besoin, il était logique qu’il lance définitivement sa carrière littéraire par le théâtre, et pas n’importe quel théâtre, un théâtre débarrassé des restrictions classiques, un théâtre romantique, exalté, lyrique et emporté, cherchant à satisfaire autant l’intellectuel porté sur l’exactitude historique et le caractère des personnages que le sentimental adepte des intenses peintures des passions.
    Lancé par “Cromwell” et surtout par “Hernani” , le drame romantique hugolien atteint son apogée avec “Ruy Blas“. Bien que ce texte puisse heurter, et même faire sourire, les professionnels de notre théâtre contemporain, il n’en garde pas moins une grande fraîcheur par la beauté et la vigueur de ses vers, la force de ses images et son indéniable caractère populaire. Il est vrai qu’aujourd’hui, les auteurs cherchent avant tout à ne pas être populaire et à créer, non pas pour tous, mais pour certains. le théâtre perd ainsi (peut-être au profit de la télévision et du cinéma ?) ce qui fit sa grandeur et lui donnait tout son sens : être l’élément déclencheur d’un engouement populaire, être créateur de lien social. Ce que Victor Hugo réussit à faire par son théâtre, par ce fameux drame éminemment politique d’un valet épris de la reine d’Espagne, d’un homme du peuple ayant des velléités d’insoumission, d’égalité et de liberté, dans un temps où les incompétences de l’aristocratie commençait à faire de l’ombre aux nouvelles forces et aux volontés aiguisées d’une classe bourgeoise désirant tenir, elle aussi, les rênes de son destin.

 

  1. J’adore cette pièce. Une histoire d’amour flamboyante, une imposture, l’arrière-plan du peuple en marche hugolien, un vilain digne de Frollo (Don Salluste) et une fin shakespearienne dans le sang. Je vénère Shakespeare, adore Hugo, et lorsque le second est le plus proche du premier, son maître, je ne peux qu’applaudir. Il déverse dans cette pièce toute sa passion, conjuguée à un décor espagnol qui s’y prête tellement
  2. Assez déçu par cette pièce de théâtre de Victor Hugo (je préfère ses romans et ses poésies à ses pièces de théâtre !). Ma déception est due au célèbre film “la folie des grandeurs” (avec Montand et de Funès) tiré de cette pièce et que j’ai vu et adoré. Dans cette pièce, les passages comiques n’apparaissent pas (ça je m’en doutais un peu, j’imagine mal Victor Hugo écrire le passage comique du chien qui baise la main à Alice Sapritch !!!). La pièce est plus dramatique car Don Salust surprend Ruy Blas avec la Reine et essaie de les faire chanter. Ruy Blas tuera Don Salust et se tuera en avalant du poison, c’est effectivement moins gai que le film !
  3. J’ai trouvé le thème de cette pièce très actuel, même si les hommes de pouvoir dont elle parle sont des aristocrates de l’Espagne du 17ème siècle… C’est son intérêt principal, sans compter, bien sûr, la belle écriture de Victor Hugo ! Mais à mon goût, l’intrigue est trop rocambolesque, l’histoire d’amour trop romantique. Finalement, ce que j’ai préféré, c’est la préface écrite par Victor Hugo ! Je pense que j’aurais plus apprécié cette pièce si je l’avais vue au theâtre, car elle pleine de rebondissements, de portes qui claquent, et il faut que ça aille vite, il faut du spectacle…
  4. Ne criez pas, madame! Je m’appelle Ruy Blas et ne suis qu’un navet!

    Je n’ai pas un grand goût décidément pour le drame hugolien, même si Ruy Blas a des accents légèrement plus convaincants que ceux d’Hernani, tout m’y semble forcé, empesé, ampoulé, téléphoné- pour tout dire vaguement ridicule – alors que l’esthétique du drame devrait être celle d’une fertile liberté de ton, d’un créatif mélange des genres…
    Si je suis tétanisée d’effroi, pétrifiée par la beauté des tragédies classiques, raciniennes ou sophocléennes, le drame hugolien, lui, me laisse de marbre et m’ennuie même énormément…
    Je vais même vous faire une confidence, que je ne me risquerais jamais à faire sur un réseau de doctes lettrés comme celui de Babelio, mais nous sommes entre nous, pas vrai? Ruy Blas ne m’a vraiment transportée d’aise que quand j’ai vu, au cinéma, sa parodie, La Folie des Grandeurs, avec l’inénarrable de Funès dans le rôle de Don Salluste!!

Le théâtre de Victor Hugo – soyons cruel, pour une fois, envers cet immense auteur -, c’est un peu du sous-Shakespeare: ça mélange le tragique et le comique; ça parle beaucoup, dans des vers grandiloquents; ça passe de la perfidie la plus noire à la noblesse (forcément chez le serviteur, Hugo renverse toujours tout) la plus honorable. Un valet aime une reine, un perfide se venge, un voleur se fait voler, et tout cela s’exalte à foison, pousse de hauts cris, se veut grandiose. Bref, nous ne sommes plus des romantiques. Ruy Blas, pour les cyniques du vingt-et-unième siècle, n’est plus que le prélude à La Folie des Grandeurs, dont Hugo, à coup sûr, était atteint.

C’est toujours pareil avec moi et les écrits d’Hugo : je trouve son style puissant, ses vers sublimes, et je déteste ses histoires. Je dois même avouer que j’ai éclaté de rire à la réplique finale !

Je me suis pressé à lire Ruy Blas, je n’ai pas réellement pu apprécier la complexité de la pièce. Malgré tout j’ai particulièrement aimé. Je ne connaissais pas Victor Hugo en tant que dramaturge, et pourtant il y a du talent. J’ai vraiment pénétré dans le Royaume espagnol de l’époque. J’ai adoré découvrir l’aristocratie, j’ai adoré la tirade de Ruy Blas au gouvernement, j’ai adoré la politique du personnage.

 

Document 4 : la lettre d’Emile Zola à propos de la représentation de  Ruy Blas en 1880

 

ZOLA CONTRE RUY BLAS

 

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Zola rend d’abord hommage à Hugo en tant que poète, mais critique sa philosophie “conduisant la jeunesse à tous les mensonges du lyrisme, aux détraquements cérébraux de l’exaltation romantique “. Il poursuit ainsi  :

        […] Et nous venons bien de le voir, à cette représentation de Ruy Blas, qui a soulevé un si grand enthousiasme.
        C’était le poète, le rhétoricien superbe qu’on applaudissait. Il a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.
        Mais personne, à coup sûr, n’acclamait la philosophie, la vérité de l’œuvre. Si l’on met à part le clan des admirateurs farouches […] tout le monde hausse les épaules aujourd’hui devant les invraisemblances de Ruy Blas. On est obligé de prendre ce drame comme un conte de fée sur lequel l’auteur a brodé une merveilleuse poésie. Dès qu’on l’examine au point de vue de l’histoire et de la logique humaine, dès qu’on tâche d’en tirer des vérités pratiques, des faits, des documents, on entre dans un chaos stupéfiant d’erreurs et de mensonges, on tombe dans le vide de la démence lyrique.

        Le plus singulier c’est que Victor Hugo a eu la prétention de cacher un symbole sous le lyrisme de Ruy Blas. Il faut lire la préface et voir comment, dans l’esprit de l’auteur, ce laquais amoureux d’une reine personnifie le peuple tendant vers la liberté, tandis que don Salluste et don César représentent la noblesse d’une monarchie agonisante. On sait combien les symboles sont complaisants […] Seulement celui-ci, en vérité, se moque par trop du monde.

        Voyez-vous le peuple dans Ruy Blas, dans ce laquais de fantaisie qui a été au collège, qui rimait des odes avant de porter la livrée, qui n’a jamais touché un outil et qui, au lieu d’apprendre un métier, se chauffe au soleil et tombe amoureux des duchesses et des reines ! Ruy Blas est un bohème, un déclassé, un inutile : il n’a jamais été le peuple. D’ailleurs admettons un instant qu’il soit le peuple, examinons comment il se comporte, tâchons de savoir où il va. Ici, tout se détraque. Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? Que devient le fameux symbole ? Si le peuple se tue sottement, sans cause aucune, après avoir supprimé la noblesse, la société est finie.
        On sent ici la misère de cette intrigue extravagante, qui devient absolument folle, dès que le poète s’avise de vouloir lui faire signifier quelque chose de sérieux. Je n’insisterai pas davantage sur les énormités de Ruy Blas, au point de vue du bon sens et de la simple logique. 

        Comme poème lyrique, je le répète, l’œuvre est d’une facture merveilleuse ; mais il ne faut pas une minute vouloir y chercher autre chose, des documents humains des idées nettes, une méthode analytique, un système philosophique précis. C’est de la musique et rien autre chose. 

        J’arrive à un second point. Ruy Blas, dit-on, est un envolement dans l’idéal ; de là, toutes sortes de précieux effets : il agrandit les âmes, il pousse aux belles actions…(la suite sur votre document polycopié..)

À propos de l’entrée de Ruy Blas à la Comédie-Française, en août 1880

 

13. novembre 2016 · Commentaires fermés sur Les lettres au théâtre : simples accessoires ou véritables instruments ? · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Quoi de moins scénique qu’une lettre?  par définition, elle est écrite pour être lue par son destinataire et son contenu n’a pas pour vocation d’être exposé au public .A moins qu’il s’agisse justement d’une lettre publique appelée aussi lettre ouverte ; De nombreux dramaturges ont eu recours à ce qui n’est parfois qu’un artifice pour rendre le hors- scène présent ; prenons quelques exemples ..

Dans Cyrano de Bergerac, pièce d’Emond Rostand, Roxane lit à voix haute, les lettres d’amour qu’elle pense avoir été écrites par Christian mais au cours d’une scène célèbre, les spectateurs apprennent que Cyrano est en réalité l’auteur des mots d’amour que Roxane reçoit ; il prête se mots et sa plume au beau Christian et masque ainsi sa laideur et sa timidité derrière le visage d’un autre . Dans Ruy Blas, plusieurs lettres vont jouer un rôle important ; Au début de la pièce, Salluste, marquis de Finlas, fait écrire à Ruy Blas son valet, une sorte  de contrat d’allégeance qui stipule qu’il agit pour son compte exclusivement; Ensuite, nous apprenons que Ruy Blas écrit, en secret, des mots d’amour à la reine et les dépose sur un banc dans le jardin avec un bouquet de ses  fleurs préférées.

La reine va même recevoir une lettre totalement anodine du roi qui lui annonce fièrement qu’il a tu six loups; A cette occasion, elle

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va découvrir que Ruy Blas est l’auteur des billet doux qu’elle reçoit régulièrement car elle a reconnu son écriture ; en effet, le roi a dicté osa propre émettre à Ruy Blas et ce dernier est chargé de l’apporter à la reine ; la lettre jeu donc ici un double rôle dramatique; elle donne une présence te une voix au personnage du roi mais elle fait également avancer l’intrigue dans la mesure où elle permet à la reine de découvrir l’identité de son mystérieux amant romantique . 

Vous avez le choix , pour compléter l’intrigue de Ruy Blas , de composer une de ces 4 lettres 

  • Un lettre de Don Sallust dans laquelle il tente de trouver des arguments afin que son cousin césar alias Zafari accepte de lui prêter main-forte dans ses projets de nuire à la reine.
  • une lettre du roi d’Espagne qui en mission à l’étranger écrit à la reine; il lui révèle des secrets d’Etat, le contenu de sa mission qui a pour but de rendre à l’Espagne sa gloire passée ; A la fin de sa missive, il glisse quelques mots plus intimes pour son épouse.
  • Ruy Blas avant de se suicider en buvant la fiole de poison, laisse une lettre pour la reine et lui tend juste avant de mourir; elle la lit sur scène au moment où le jeune homme agonise ou juste après son trépas.
  • Après la mort de Ruy Blas, la reine découvre qu’elle est enceinte ;  elle cache  au roi cette liaison secrète avec Ruy Blas  mais elle  décide alors d’écrire une lettre destinée à son futur enfant pour lui révéler les circonstances de sa conception . 
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Dans tous les cas, quel que soit le sujet qui vous inspire, vous devrez mettre en scène la lettre en précisant dans quelles circonstances elle est, soit écrite, soit lue. Votre texte comporter donc une série de didascalies qui indiquent clairement la mise en scène avec la position des personnages, des éléments de décor et de scénographie. (4 pts) 

Votre lettre se composera ensuite des formules d’usage : adresse, date , envoi et signature; vous veillerez à respecter la langue du dix-neuvième siècle et l’orthographe en usage actuellement  (4 pts) 

Les éléments de contenu de cette épître seront en relation, à la fois avec le personnage mais surtout avec les éléments  déjà connus de l’intrigue ; vous pourrez donc vous inspirer librement de certains scènes pour inventer ces lettres mais vous respecterez scrupuleusement les indications données par le dramaturge à l’intérieur de Ruy Blas. (8 pts) 

30. octobre 2016 · Commentaires fermés sur Le procès de Don Juan : projet de classe · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Après avoir lu et en étudiant en classe la pièce de Molière , vous avez désormais une idée plus précise du personnage de Don Juan  et vous allez devoir mettre en scène son  procès. Il faudra tout d’abord reconstituer une cour de justice et désigner un juge qui dirigera les débats, un avocat de la défense qui prononcera une plaidoirie en faveur de l’accusé, un procureur qui instruira à charge en rappelant les griefs contre l’accusé.Vous devrez également imaginer les différents témoins qui se succéderont à la barre et leurs témoignages.  Vous jouerez cette pièce dans la salle polyvalente du lycée devant une autre classe qui elle aussi a étudié la pièce.

Pour reconstituer ce tribunal, vous pourrez bien évidemment vous inspirer des différents personnages de la pièce comme le valet Sgnarelle et celui de doña Elvire Gusman, les frères d’Elvire qui rêvent de venger l’honneur bafoué de leur sœur. Les femmes seront nombreuses à ce procès et en plus d’Elvire, de Mathurine et de Charlotte, il est tout à fait possible d’inviter et d’imaginer plusieurs anciennes conquêtes de Don Juan que vous ferez venir pour l’occasion et que vous présenterez au public. Les hommes seront également représentés avec Pierrot qui devra s’exprimer avec son accent paysan ainsi que Lucas . Vous pouvez aussi créer en plus du personnage de marchand de  Monsieur Dimanche, de nouveaux personnages comiques ou tragiques de créanciers.   Certains témoignages sont particulièrement attendus comme celui du pauvre et celui du Commandeur. En plus de ces témoins que vous avez croisés dans la pièce , vous avez l’opportunité d’inventer de nouveaux caractères . 

Consignes pour le travail de groupe. 

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Vous formerez des groupes de 4  au maximum et au sein de chaque groupe, vous travaillerez individuellement le texte du personnage dont vous jouerez le rôle le jour de la représentation . Le personnage de Don Juan principal accusé ,sera interprété , à tour de rôle  par au moins 6 élèves différents car il devra répondre à chaque accusation 

Liste des rôles à distribuer . L’idée est que chacun joue un rôle …à sa mesure

6 Don Juan au minimum 

2  ou 3 juges qui auront en charge l’organisation des débats 

 Au moins  3 avocats pour la défense et 3 ou 4 pour l’accusation 

une douzaine de témoins dont les interventions  ne seront pas  limitées à des prises de paroles car ils devront répondre aux questions des avocats 

Chaque groupe écrira entièrement les répliques des personnages et les questions des avocats . Il sera nécessaire que les groupes désignent un coordonnateur qui travaillera avec les coordinateurs des autres groupes, à la reconstitution du déroulement du jugement. 

Deux  ou trois élèves pourront s’improviser metteurs en scène, scénographes et accessoiristes. Ils seront chargés de la mise en scène du projet et dirigeront toutes les répétitions . Il est bien entendu possible de se servir du texte de Molière et d’inventer de nouveaux aspects du personnage , en concordance avec ceux que vous avez entrevus. 

Modalités d’évaluation

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Ce travail de longue haleine sera évalué de trois manières  . Une note  d’investissement  par groupe sur 5 qui sera l’indicateur du sérieux et de la motivation de l’ensemble du groupe. Une seconde note évaluera le travail écrit qui sera rendu par chaque élève soit sous forme d’un texte de théâtre monologue et dialogue , soit sous la forme de notes de mises en scènes . La troisième note tentera d’évaluer la performance  scénique le jour de la représentation et reposera sur la maîtrise du texte , la conviction du jeu et  parfois la capacité à improviser et  à se montrer crédible . 

30. octobre 2016 · Commentaires fermés sur Au théâtre ce soir à Eaubonne . Les Optimistes: une création du théâtre Majaz · Catégories: Sorties · Tags:
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Le  vendredi 04 novembre retrouvons nous à l’Orange bleue, le théâtre d’Eaubonne , pour assister et réfléchir ensemble à la représentation des questions contemporaines sur scène. Nous  verrons dans le cadre du festival de théâtre du Val d’Oise une pièce intitulée Les Optimistes qui aborde certains aspects de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Cette pièce a été mise en scène pour la première fois dans le cadre du théâtre du Soleil en 2012 

Le Théâtre Majâz (« métaphore » en arabe) a comme point de départ une rencontre entre trois étudiants de l’Ecole de théâtre Jacques Lecoq : Ido Shaked, Lauren Houda Hussein et Hamideh Ghadirzadeh, en 2007. D’Israël, de Palestine, de France, du Liban, d’Espagne, d’Iran ou du Maroc chaque comédien de cette compagnie apporte avec lui son identité, sa culture et son histoire au service d’une même exigence artistique. Il ne s’agit pas de théâtre “humanitaire” ou “social”, mais bien du théâtre dans son rôle premier d’interrogateur sur le monde.”Nous revendiquons un théâtre politique et engagé au service d’un langage artistique pertinent. Nous considérons que la mémoire collective est une oeuvre d’art. Elle est manipulée et donc laisse hors champs les éléments non conforme. Elle réduit notre perception au présent et rend notre imaginaire politique et humain étroit et faible. Nous commettons des “attentats de la mémoire” pour révéler des possibilités occultées. “

Venez nombreux assister à cette représentation donc nous débattrons en classe avec un journaliste professionnel. 

 

 

 

Comment occuper un espace qui n’est pas le mien ? Comment accepter la présence de l’autre sur son sol , sur sa terre natale ? Beaucoup de conflits dans le monde sont liés à des politiques dites d’occupation ou d’annexion. Quand un État ou un peuple ou une ethnie colonise un territoire ou un pays ou une région, elle cherche à y imposer ses lois, ses coutumes, sa religion . Les populations des territoires occupés ont alors le choix de se soumettre et de s’assimiler ou de résister et chercher à repousser l’envahisseur considèré comme un ennemi. Elles peuvent également choisir la cohabitions en envisageant de partitions de territoire et de nouvelles frontières, créant ainsi plusieurs entités là où régnait l’unité. 

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L’histoire de la pièce :  Samuel doit vendre la maison de son grand-père Beno qui vivait en Israël .C’est le point de départ d’une enquête personnelle où il retracera l’histoire de ce grand-père méconnu.Elle commence par l’exil en 1948 de ce réfugié de la Seconde Guerre Mondiale vers la Terre des nouvelles promesses. Durant cette période charnière dans l’histoire de cette terre où un peuple retrouvera enfin un foyer, et où un autre sera forcé à l’exil. Beno et Malka, les grand-parents de Samuel, reçoivent à leur arrivée à Tel-Aviv une maison située à Jaffa, ville palestinienne vidée de ses habitants qui seront expulsés en 1948 et prendront la route pour les camps de réfugiés du Liban, de la Jordanie ou encore vers d’autres villes palestiniennes ou vers Gaza.Ils se considèrent comme les pionniers d’un “peuple sans terre arrivant sur une terre sans peuple”, un des mythes fondateurs du sionisme.Alors Beno se lance à corps perdu dans cette nouvelle vie, apprenant l’hébreu passionnément, voyageant de part et d’autre du pays en qualité de journaliste, décrivant l’ardeur et la vitalité de son peuple en omettant la réalité de l’autre.Pour Malka, l’adaptation à cette nouvelle culture, à cette nouvelle langue se révèlera impossible.La naissance prochaine de leur fille ne fera que raviver son envie de repartir pour l’Europe ; leur mariage n’y résistera pas.Beno se retrouve seul.Un jour une lettre arrive et trouble l’univers de ce jeune homme, déterminé à devenir plus israélien que les israéliens.Une lettre du passé, des anciens habitants, présents mais oubliés dans leur propre maison.Ils demandent des nouvelles de celle-ci, du verger, de la boutique familiale au coin de la rue.

 

Que répondre ?  “Depuis cinq ans nous consacrons notre temps à tout rebaptiser, à oublier et à faire oublier le passé de cette ville mélangée où juifs et arabes habitaient et travaillaient ensemble. Nous avons changé le nom des rues, détruit des maisons et des magasins et enfermé la population qui restait sous un régime militaire”

Beno décide de mentir, avec l’aide des voisins israéliens et palestiniens et d’un prêtre grec orthodoxe dans le rôle de messager, profitant de son laisser passer du Vatican pour traverser des frontières infranchissables.La pièce est l’histoire de cette correspondance mensongère ..

Allez consulter le site du théâtre Majaz pour découvrir les notes de mise en scène autour de cette pièce…

http://www.theatre-majaz.com/la-compagnie

 

 

02. mars 2016 · Commentaires fermés sur Un commentaire de bac : les points à suivre · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags:

Ce billet vous propose une forme de compte -rendu établi à partir de vos copies de bac blanc sur le théâtre : il s’agissait pour ceux qui ont choisi ce sujet , de faire le commentaire des scènes 16 à 19 de l’acte II du Mariage de Figaro , une comédie de Beaumarchais , écrite en 1784. 

Composer une introduction

En introduction, parlez du théâtre est certes une bonne idée mais inutile de remonter jusqu’à l’Antiquité  et de détailler chaque période de l’histoire du genre ; les connaissances doivent aider à l’identification des registres, du courant littéraire mais elles ne doivent pas se substituer à l’analyse précise et rigoureuse des scènes données à commenter ; la parenté avec Molière était bienvenue ainsi éventuellement que l’évocation de la critique sociale à travers la satire du Comte . Cependant les élèves qui ont cherché à voir une critique sociale dans ces extraits ont été amenés à forcer le texte et à déformer certaines interprétations ; ainsi Suzanne n’est pas insolent eparce qu’elle conteste l’autorité de la noblesse et envisage une révolution : l’insolence du valet est un motif traditionnel que Beaumarchais emprunte aux comédies de Molière te le but de ce conflit est de faire rire le spectateur

Attention : les règles du théâtre classique, comme l’indique leur nom, ont été définies à l’époque classique (Boileau en établit la théorie ne 1674) et ne s’appliquent que dans la tragédie (or, Beaumarchais écrit plutôt des comédies)

Musset est un auteur du dix-neuvième siècle donc il peut être rattaché au romantisme mais pas Beaumarchais , qui n’a pas connu la révolution française de 1789 ni la préface de Cromwell de Hugo, rédigée en 1827.

Un topos au théâtre est un motif qui est très souvent utilisé : la dispute amoureuse et le soupçon d’adultère sont des topoi (c’est un mot grec donc il a un pluriel en oi )

Ne pas oublier de décrire l’extrait et ce dès l’introduction : Le Comte , jaloux , fait une scène à son épouse qu’il pense surprendre en flagrant délit d’adultère mais lorsqu’il pousse la porte de son cabinet, (un cabinet désigne une petite pièce attenante à la chambre à coucher où les femmes rangeaient leurs bijoux , leurs accessoires de toilette et se changeaient ) ( c’est la femme de chambre de la Comtesse qui apparaît te se moque des soupçons du mari jaloux.

Le choix des axes d’étude : trop larges généralement

A proscrire absolument : quel message veut faire passer l’auteur 0/ 5

Quelle est l’originalité de cet extrait ? 0,5 /5 

Comment Beaumarchais renouvelle-t-il la comédie ? 2/5 : le problème avec cet axe d’étude c’est qu’il ne prend pas en compte la particularité de ces scènes : elles retranscrivent un retournement de situation au sein d’une scène de ménage dictée par la jalousie du Comte

Un peu passe-partout mais efficace  : quels sont les effets comiques de cette scène 3,5 /5

Par exemple , si vous choisissez d’étudier la dimension comique de cette scène, vous devez le faire en prenant en compte uniquement les éléments comiques qui participent à la mise ne scène du conflit et à sa résolution finale.

Il est parfois possible de se fonder sur ce qu’on nomme le mouvement du texte :

L’évolution du conflit : la colère du Comte et la peur de la Comtesse : une dimension tragique ; le retournement de situation opéré grâce à l’intervention de Suzanne et le triomphe de la Comtesse : le jaloux confus .

Certains élèves ont été particulièrement sensibles au mélange des genres et ont aperçu l’influence de la tragédie au début de cette scène ; en effet, les plus perspicaces ont noté la présence d’un champ lexical de la mort et ont montré à quel point la situation semble tragique pour la Comtesse, démasquée et coupable d’adultère ; le Comte furieux menace de tuer son amant ; néanmoins cette ambiance tragique ne va pas durer ; lorsque Suzanne fait son entrée en scène, le spectateur rit de soulagement ; la nature du rire est ici complexe car le public se sent, à la fois complice des deux femmes et se moque de la déconfiture du mari jaloux et repentant (alors même que sa jalousie est fondée ) Ce rire de toute puissance provoque une sorte de contentement du public qui rit aux côtés des deux femmes aux dépens du Comte abusé.

Attention également à ne pas réécrire vos questions de synthèse : le conflit est certes un élément central qui va servir de base à vos commentaires mais il ne faut pas se contenter d’en décrire superficiellement les procédés ; il faut en mesurer les effets sur le public et prendre conscience des enjeux des scènes .

L’étude des effets comiques pouvait reposer sur les types de comique : le comique de situation (incontournable avec l’apparition du personnage de Suzanne, l’effet de surprise, le retournement de situation ) ; le comique de geste exploite les nombreuses didascalies et le comique de langage ou de mots mentionne le vocabulaire injurieux ;

Le mélange des registres pouvait être évoqué au début de la scène avec l’irruption du Comte, sa colère et ses menaces de mort ; les plus observateurs ont noté qu’il parle d’un crime alors qu’il s’agit seulement d’une infidélité et qu’il réagit de manière excessive ; de même que les gestes de désespoir de la Comtesse peuvent faire l’objet de deux interprétations : elle est, soit terrifiée, soit Beaumarchais accentue le côté pathétique afin de déclencher un effet comique pour le spectateur ;

Quant au personnage de Suzanne, confidente dans la tragédie et femme de chambre dans la comédie, elle facilite le passage entre les deux univers avec sa raillerie et son aparté avec la Comtesse à laquelle elle vient de rendre un grand service ; les deux femmes , en effet, se liguent contre le Comte par solidarité féminine ; (Suzanne fiancée à Figaro et qui va se marier avec lui au début de la pièce, souffre de devoir supporter les avances que lui fait le Comte à l’insu de la Comtesse ;

De l’utilité des connaissances : bon nombre d’entre vous ont utilisé leur connaissance de l’auteur ou du genre de pièce pour composer le commentaire , c’est un très bon réflexe.à condition de ne pas déformer le texte de départ ;

Par exemple, vous savez que Beaumarchais a renouvelé le genre de la comédie : comment allez-vous pouvoir utiliser cette information ? En montrant notamment que les caractères varient au cours de la pièce ; en effet, Beaumarchais a étoffé les personnages du mari jaloux ou de la servante rusée et leur a attribué une épaisseur qui les fait ressembler à des personnages romanesques ; une partie du commentaire pourrait s’intituler : les changements des caractères des personnages

a) un Comte en mari jaloux qui devient un mari humilié et repentant

b) une femme apeurée qui reprend , peu à peu, le contrôle de la situation et en profite pour faire la leçon à son époux ;

Attention aussi au vocabulaire : le mot tragi-comédie que beaucoup emploient abusivement désigne une pièce à fin heureuse qui comporte des scènes tragiques ; L’exemple canonique est celui du Cid de Corneille : à la fin de la pièce, Chimène et Rodrigue se marient alors que Rodrigue est le meurtrier du père de Chimène. D’ailleurs les spectateurs ont souvent critiqué ce mélange des genres ; Pourtant, il va finir par s'imposer au théâtre et devenir de plus en plus fréquent à partir du drame romantique et avec le théâtre contemporain .

Les points à revoir

Le théâtre dans le théâtre : c’est une bonne idée d’évoquer la mise en abyme à condition d’en démontrer les effets comiques : Le Comte croit que la Comtesse joue la comédie alors qu’elle est sincèrement surprise ; ce n’est donc pas tout à fait une pièce dans la pièce mais une référence aux mensonges amoureux et à la duplicité des menteurs .

Suzon n’est pas un sobriquet péjoratif mais un diminutif affectueux que la Comtesse emploie dans l’intimité figurée ici par cet aparté entre les deux femmes. Suzanne détourne l’attention du Comte afin de permettre à sa maîtresse de reprendre ses esprits.

La position du spectateur : le paratexte vous informe que Chérubin s’est enfui n grâce à Suzanne mais dans la pièce, cet élément n’est pas à la disposition du public qui sera lui aussi surpris en même temps que le Comte.

La notion d’ironie : vous confondez parfois humour et ironie ; A quel moment de ces scènes peut -on vraiment parler d’ironie ? Lorsque Suzanne imite le Comte et reprend ses menaces de mort, on peut effectivement évoquer une forme d’ironie.

La Comtesse triomphe à la fin de la scène 19 et critique l’attitude de son époux : ce dernier lui fait remarquer la virulence de ses propos : « Ah Madame c’est sans ménagement » .

07. février 2016 · Commentaires fermés sur Au théâtre ce soir · Catégories: Divers · Tags:

Une vingtaine d’élèves de première sont allés découvrir, le soir même de leur premier bac banc de français,  une pièce de Koltès au Théâtre de la ville , place du Châtelet  à Paris  : récit de l’opération .

Tout le monde était à l’heure au rendez-vous à la gare d’Ermont-Eaubonne ..ou presque ; Clément avait malencontreusement oublié son sac chez lui (et on verra plus tard au cours de ce récit l’importance de ce sac ) ; Trajet sans encombre jusqu’à  à la sortie Châtelet même si, pour quelques uns, le trajet souterrain, train de banlieue-RER B, ne semblait pas aller de soi. Heureusement que l’option GPS équipe le smartphone de base.C’est avec un peu d’avance que nous arrivons au théâtre où madame Heniqui nous attendait; Le théâtre de la ville est une salle où la fort déclivité facilite la vue de la scène : pas de poteau, pas de voisins qui pourraient nous gêner, nous prenons place en hauteur , tous côté pair. La pièce contemporaine, raconte , sur fond de Guerre d’Algérie, la vie de Province en France dans les années 60.Au sein de la famille Serpenoise, la tension est à son comble: la fille Mathilde revient avec ses deux enfants, Edouard et Fatima, réclamer la maison familiale, son héritage, Dans cette demeure vivent son frère, la seconde épouse de ce dernier et le fils Mathhieu, un grand benêt qui n’est jamais sorti du jardin et veut s’engager dans l’armée. Le frère et la soeur ne cessent de se disputer : elle est en colère contre leur père qui l’a chassée et humiliée car elle était enceinte ; D’ailleurs Mathilde est en colère contre la terre  entière et en veut à tout le monde de ce qui arrive; les affrontements se succèdent sur scène, entre frère et soeurs, entre cousins, également , entre maîtres et domestiques aussi  car Aziz et madame Queleu sont fatigués des disputes permanentes chez les Serpentine; Catherine Hiegel qui interprète le rôle de Mathilde , crie beaucoup et sa voix n’est pas toujours audible; Didier Bezace, son frère , a un registre de jeu très étendu et son interprétation montre la complexité de ce rôle au sein de la pièce; La mise en scène est sobre : un pavillon avec une baie vitrée représente la maison qui divise les personnages et le jardin symbolise leur univers clos, leur désir de se couper de l’extérieur et de se protéger de la marche du monde. Les  insultes pleuvent, on en vient aux mains à plusieurs reprises et le spectateur peut parfois être affecté par la violence de ce qui est dit contre l’institution familiale  : Mathilde représente en fait l’attitude de révolte permanente , une sorte d’Antigone moderne , une figure du défi ”  Eh bien, oui, je te défie, Adrien; et avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans cette maison, et je défie le jardin qui l’entoure et l’arbre sous lequel ma fille se damne, et le mur qui entoure le jardin. Je vous défie, l’air que vous respirez, la pluie qui tombe sur vos tètes, la terre sur laquelle vous marchez ; je défie cette ville, chacune de ses rues et chacune de ses maisons, je défie le fleuve qui la traverse, le canal et les péniches sur le canal, je défie le ciel qui est au-dessus de vos tètes, les oiseaux dans le ciel, les morts dans la terre, les morts mélangés à la terre et les enfants dans le ventre de leurs mères.’ “
La pièce se termine par le départ du frère et de la soeur pour 
l’Algérie; Koltès a voulu également montrer dans cette pièce jusqu’où pouvait mener la peur de l’Autre , de l’Etranger ; Le parachutiste noir, le père des futurs enfants de Fatima , prononce ces quelques mots sur scène avant de disparaître , amenant la guerre avec lui : 
On me dit que les frontières bougent comme la crête des vagues, mais meurt-on pour le mouvement des vagues? On me dit qu’une nation existe et puis n’existe plus, qu’un homme trouve sa place et puis la perd, que les noms des villes, et des domaines, et des maisons, et des gens dans les maisons changent dans le cours d’une vie, et alors tout est remis en un autre ordre et plus personne ne sait son nom, ni où est sa maison, ni son pays, ni ses frontières. Il ne sait plus ce qu’il doit garder. Il ne sait plus qui est l’étranger”  Une pièce amère et sans concession  qui nous fait donc réfléchir sur la place de chacun , au sein de sa fratrie, de sa famille, de sa ville, de son pays, de l’univers .
Au retour, nous avons musardé un peu et au lieu de descendre sous terre, nous avons rallié les Halles à 
pied, profitant ainsi de Paris by night. Le dernier train, quelque peu bondé, nous attendait sagement sur le quai et à minuit, tous avaient rejoint leur domicile; Merci à vous pour cette très belle soirée. Mais au fait que contenait le sac de Clément ?  de nombreuses victuailles qui ont permis à leur propriétaire de se sustenter à toute les étapes de notre périple.


13. janvier 2016 · Commentaires fermés sur Mettre un terme à un conflit théâtralement .. · Catégories: Seconde · Tags: ,

 Voilà un nouveau sujet d’ écriture au choix en rapport avec le théâtre : Invention, commentaire ou dissertation. Si vous choisissez l’invention, lisez bien les consignes.  Vous êtes un dramaturge et vous devez inventer un dénouement pour votre pièce : cette dernière a mis en scène une dispute, un conflit, tragique ou comique (ou les deux ) au sein d’une famille ou de deux camps rivaux; leurs positions paraissent inconciliables et aucun compromis ne semble possible…

 Sujet d’invention  

Vous allez devoir, en quelque lignes, (5 maximum) , en haut de votre copie, préciser les origines de la dispute , le cadre du conflit (époque, évolution )  ainsi que le statut et les liens  des personnages en présence . Voter scène est le dénouement de la pièce; Vous pouvez avoir recours à un dénouement ex machina : inattendu, qui consistera le plus souvent en l’arrivée d’un nouveau personnage, à l’origine un Dieu dont la décision est irrévocable; l’u des deux partis va nécessairement l’emporter (du moins en apparence) mais la solution trouvée ne devra pas être remise en cause ou contestée. Vous pouvez choisir le registre tragique et aller jusqu’au meurtre sur scène (en réfléchissant à ce que vous allez montrer au spectateur pour ne pas trop enfreindre la règle classique de la bien séance, ne pas choquer un jeune public, par exemple); vous pouvez choisir le registre comique et tenter de faire rire vos spectateurs en ménageant des effets comiques dans votre dénouement comme le quiproquo, le coup de théâtre ou l’aparté. Vous pouvez également mélanger les deux registres au cours de la même scène comme le font Beckett et Giraudoux, par exemple. 

Les critères d’évaluation sont les suivants :choix du sujet de dispute, cadre du conflit, choix des personnages et résumé de la situation finale : 4 pts

                                                                  qualité du dénouement (, est complet , met un terme au conflit, fait intervenir un personnage extérieur, provoque des effets comiques ou tragiques  )  6 pts 

                                                                  théâtralité de l’écriture (usage de didascalies variées et précises, prise en compte des nécessités de la scène, rythme des échanges , procédés d’écriture ) 6 pts 

 Pour ceux qui préfèrent le commentaire …

Pour ceux qui le souhaitent, rédigez le commentaire composé de la scène de la pièce de Kundera, Jacques et son maître ,  qui montre le face à face peu conventionnel entre un maître et un “dénommé Jacques ” ; cette scène  parodie les scènes d’opposition entre maître et valet de la comédie classique et on y lit une certaine prise de pouvoir de Jacques . 

 Et enfin , pour commencer avec une dissertation ..

Quels sont les moyens dont dispose un dramaturge pour mettre en scène un conflit ? Vous pensez bien sûr aux procédés textuels et scénographiques . Ces moyens vous semblent-ils évoluer avec l’apparition de la technologie sur scène (bande sons, voix off, images de synthèse , accessoires ). Certains affrontements sont-ils impossibles à mettre en scène ? Pour quelles raisons ? 

11. janvier 2016 · Commentaires fermés sur Retour au désert : une pièce de Bernard Marie Koltès · Catégories: Sorties · Tags:

Et si on allait au théâtre ce soir ? Le 29 janvier , une sortie théâtre vous est proposée pour aller découvrir une pièce décapante jouée pour la première fois en 1998. C’est l’occasion de voir une texte contemporain dans un théâtre parisien pour dix euros seulement.

Mathilde
est revenue d’Algérie. Avec en elle, les souvenirs de cette terre
en guerre. On est au début des années 1960, à l’Est de la
France. Elle retrouve la maison familiale qui lui appartient, et son
frère Adrien qui l’habite toujours. Pour reprendre son dû, la
bataille est ardue. Il y a aussi les enfants, les revenants et ceux
venus de là-bas, les étrangers… Bernard-Marie Koltès écrit ce
texte magistral à la fin des années 1980, à partir des souvenirs
d’une enfance d’où surgissent des cafés explosés et des Arabes
jetés aux fleuves. On est aujourd’hui au milieu des années 2010
et les spectres des nationalismes n’en finissent pas de nous
hanter. Il y a longtemps qu’Arnaud Meunier souhaitait remonter à
ce qui travaille notre relation à l’Algérie et à l’immigration,
la culpabilité tapie dans notre inconscient collectif. Le
Retour au désert, implacable comédie sur fond tragique, porte cette
lucidité. Sœur et frère d’une haine passionnelle, le duo de
Mathilde et Adrien appelle les monstres sacrés : après Jacqueline
Maillan et Michel Piccoli qui créèrent les rôles sous la direction
de Patrice Chéreau, ce sont aujourd’hui Catherine Hiegel et Didier
Bezace qui s’emparent de ce couple quasi-mythologique. Arnaud
Meunier réunit autour de ce duo d’exception une troupe d’acteurs
magnifique, et poursuit son exploration d’un théâtre résolument
en prise avec notre présent. Il convoque le mystère et le
fantastique, l’ironie foudroyante d’une langue trop polie pour
enfin donner vie aux fantômes et éclairer nos ombres. C’est à
voir absolument, maintenant.

07. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Tolérance Voltaire · Catégories: Sorties · Tags: ,

La compagnie du Furieux-Jeu-Dit est venue ressusciter Voltaire pour notre plus grand plaisir. Sébastien Faure qui joue le rôle du fanatique pénitent blanc de Marseille a imaginé un Voltaire , au saut du lit, interprété avec conviction par Jacqot Martin, un Voltaire donc.. confronté au fanatisme sous la forme d’un religieux prêt à l’assassiner s’il ne lui révèle pas le nom de la bombe qu’il fabrique en lieu sûr.

Et quelle bombe ! parce qu’il faut bien l’avouer, chaque livre de Monsieur François Marie Arouet fit bien l’effet d’une petite bombe , et pas seulement dans le monde des hommes de lettres, ces hommes qui tentaient de vivre de leur plume . Le patriarche de Ferney lui, n’ a pas eu besoin d’écrire pour vivre car sa fortune considérable le mit à l’abri des oeuvres de complaisance , ces louanges écrites au Prince dans l’espoir d’une pension qui permettrait de payer le bois de chauffage et la marmite qu’on posait dans le feu; Et c’est peut être la force de cette pièce : nous montrer l’homme qui se cache sous l’étoffe et l’apparat du lettré et du savant; Voltaire nous touche dans sa robe de nuit,  avec son besoin pressant d’uriner dans son pot de chambre et ses grands airs qui ne trompent personne , face à la menace terroriste. Car il n’en mène pas large au final confronté au Mal qui a revêtu  l’habit du religieux dogmatique et furieux.voltaire54

 Lorsqu’il met en joue l’auteur du Traité sur la Tolérance, ce dernier adresse une très belle prière au hommes qui n’est pas sans rappeler l’attitude  d’un certain Don Juan , autre bête du scène, à défaut d’être une bête à bon dieu. Les lycéens ont certes eu raison  (merci Gabriel) de demander ce que Voltaire avait finalement proposé en lieu et place de ce qu’il refusait et la liste serait longue de tous les combats qu’il a menés au nom des Lumières  et qui se poursuivent aujourd’hui ; le face à face entre les deux hommes nous a permis de réentendre ces meilleurs dialogues philosophiques . Son déisme peut irriter les athées et agacer les croyants  pratiquants mais en matière de religion, il a toujours enseigné la tolérance et les querelles de bénitiers l’ont  profondément exaspéré . Le mot de la fin au sens propre comme au figuré , a été repris en choeur.” la tolérance n’est que le premier pas vers la reconnaissance de l’autre; d’autres pas sont nécessaires qui aboutissent à l’amour des différences”  Répétez après moi ..ce  n’est pas Monsieur Jacquard qui nous contredira. Plus de deux siècles après la mort de Voltaire, le combat  contre l’infâme continue : il n’en finit pas de ressurgir sous des formes qui nous surprennent encore alors jeunes gens, n’oubliez pas Charlie. A vos plumes..

Allez faire un tour sur le site de la compagnie du furieux-jeu-dit pour retrouver leur autres créations