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Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 21-01-2011

Papier, ce mot revient souvent, nous avons des papiers d’identité, les journalistes ont des “papiers” à rédiger (suivez mon regard), nous avons des “papiers” à remplir etc. Pourtant, fut un temps où le papier n’existait pas en Europe. Il fallait rédiger sur du parchemin. Ce dernier, produit à partir de peau animale était très couteux et assez rare, surtout le velin, le plus fin, produit avec la peau des animaux mort-nés, agneaux ou veaux. De ce fait, les moines copistes, au fond de leurs scriptoria, inventèrent-ils les abréviations, attention, pas du texto, de l’abréviation telle que l’Université en utilise encore et puis surtout donc, le palimpseste. Il s’agissait, avec une pierre ponce, d’effacer ce qui avait été écrit, afin de pouvoir écrire à nouveau sur le parchemin.

Je rejoins alors pleinement Baudelaire qui nous parle de “l’immense et compliqué palimpseste de la mémoire”. L’historien doit composer avec, mais le journaliste aussi, lorsqu’aux deux il faut tenter, à partir de sources parfois discordantes, de produire un récit le plus proche possible de la vérité.

Sans cesse notre mémoire nous permet de recomposer un avenir fluctuant et flou, aux limites très mal définies, soumis à tous les aleas possibles, en nous appuyant sur les souvenirs de notre expérience. De la même manière faisons nous de notre passé un âge d’or.  Rien n’est définitivement écrit de notre présent et de notre futur, et le passé est sujet aux transformations, comme le décrivait si bien Orwell dans 1984. A nous de rédiger le texte de la comédie aux cent actes multiples, comme disait Balzac, qu’est notre vie. Nous pouvons effacer et recommencer autant de fois que nécessaire.