Vous n’avez pas le os en verre, vous pouvez vous cogner à la vie.
L’homme de verre, dans Amélie Poulain. J’espère que tout le monde connait, sans quoi, en premier lieu, je m’énerve, puis, calmé, je vous invite à voir le trop court extrait qui suit.
En ce jour, dit des morts, fête mise en place à l’abbaye de Cluny au Xè siècle, une fois n’est pas coutume, parlons de la vie. C’est miss glamour qui m’incite à mettre cette citation. Vous semblez, tous autant que vous êtes, vous chers zélèves zé jeunes, tout aussi prompts à vous désespérer qu’à vous enthousiasmer. Pourtant, ainsi que le disait Mark Twain, la catastrophe qui finit par arriver n’est jamais celle à laquelle on s’est préparé.
Nous le savons tous et, malgré cela, n’en tenons que trop peu compte dans le cadre de nos agissements. Je n’aurai pas la stupidité de vous ressortir du Nietzsche à la petite semaine en ressassant son célèbre : ce qui ne me tue pas me rend plus fort, mais il me semble qu’à votre âge, alors que le temps ne vous est pas encore compté, ou que du moins vous ne le percevez pas comme tel, vous dont chaque journée n’est pas uniquement la conscience d’un sursis avant la mort et le saut dans l’Oubli éternel, donc, disais-je, ne craignez pas les circonstances de la vie, ne craignez pas ce qui vous semble des pertes de temps, des erreurs d’orientation, des échecs, des drames amoureux irrémédiables etc.
Tous ces instants sont aussi précieux que ceux des fêtes réussies, des baisers merveilleux, des succès scolaires ou sportifs etc, puisque c’est la somme de tous ces instants, de TOUS, qui participe de votre construction humaine et fait que vous devenez, jour après jour, celui ou celle que vous devez être, l’individu, étonnant aux yeux du monde, qu’il était nécessaire que vous fussiez.
Nous nous rêvons, nous nous idéalisons, tels Alice au pays des merveilles, et nous sommes, fort heureusement, à mille lieux de cette perfection incarnée (sauf mme de la Vieille Rédaction, cela va de soi). De la sorte nous sommes accessibles aux autres et capables d’entretenir avec eux des liens, car eux non plus ne sont pas parfaits.
Aussi, après avoir constaté qu’il peut nous arriver de n’être pas sociables, ce qui fut la première étape, ne manquons pas de nous attacher à la seconde qui sera de changer cela. Pour le faire, il suffit de se lancer à la rencontre des autres, de leurs vies, en ne craignant pas de nous cogner à tout cela et, tels les enfants que nous ne devrions jamais cesser d’être, après quelques larmes et un bisou magique, que nous saurons trouver d’une manière ou d’une autre, qui nous sera propre, repartir vers la Vie.