La famille Isoré, marquis d’Hervault et de Pleumartin (entre autres), au blason d’argent à deux fasces d’azur, est très largement méconnue, bien que notre ville soit toute proche de celle de Pleumartin.
Le château qui se trouve ici mis en exergue est, vous le constatez, de facture relativement contemporaine, de style Louis-Philippe, dit-on. Pourquoi un château aussi récent, dans une famile aussi ancienne, puisqu’en effet la famille Isoré se trouve mentionnée depuis 1146 et eut une succession suivie, pour la branche qui nous concerne, jusqu’en 1917, lorsque le dernier héritier succomba d’une maladie contractée au front.
Explications succintes:
Marie-Victor-Nicolas Isoré d’Hervault, chevalier, marquis de Pleumartin, capitaine de cavalerie, se marie à Louise-Sophie d’Usson de Bonac, fille d’un maréchal de camp du roi, ambassadeur à Constantinople, cela fait rêver, n’est-il pas? Ce bon marquis de Pleumartin, criblé de dettes, pour les habituelles raisons de frais de représentation à la cour, par exemple, se vit un jour, à la porte de son château de Pleumartin, recevoir un officier de la maréchaussée, lui signifiant ses dettes et lui intimant de les régler. Pris de colère notre sanguin marquis tua ledit officier. Or, si on ne badine pas avec l’amour, on badine encore moins avec la justice du Roi! Le marquis fut donc condamné à Paris en 1756 à avoir la tête tranchée, privilège de noblesse, on pendait les roturiers. Ce n’est cependant pas de cette manière qu’il rejoint les mânes de ses pères, il mourut en prison en 1757 et son château fut rasé! D’où l’actuel, reconstruit après la Révolution.
Concernant la Révolution, d’ailleurs, les archives départementales, en leurs fonds, évoquent plus son fils, Louis-Armand, représentant de la noblesse du Poitou en 1789, qui choisit d’émigrer en 1793, ses biens se virent alors saisis, biens de seconde origine, dit-on dans le milieu des historiens, et naturellement vendus. Une partie fut rachetée par sa proche famille, d’autres parties de ses immenses propriétés furent achetées par de braves châtelleraudais, ce qui produisit, dans tous les cas, de nombreux documents administratifs, joie des chercheurs!
Ainsi, ô passant, en traversant le village de Pleumartin, il vous sera désormais possible de vous souvenir de cet article et des marquis de Pleumartin, des raisons de la présence de ce château, de ce que fut la vie mouvementée de certains de ses occupants, de la manière dont cette famile fut directement, encore, en prise avec la vie et les soubresauts de la France à cette époque et de la répercussion, en ce cas comme en de nombreux autres, des liens entre l’histoire nationale et notre histoire locale.