Scandaleusement provoqué en cette séance de media par les zélèves chargés de réfléchir sur leur adolescence, je consens à répondre à ladite provocation et aux propos diffamatoires tenus, prétendant que je ne serais capable de donner une opinion, un avis ou tenir une réflexion sur cet âge si éloigné du mien. Certes, mon adolescence remonte au millénaire précédent, mais celle des autres, celle de mes contemporains, des zélèves, je la subis, je l’endure, je l’étudie aussi, au quotidien, depuis plus de 15 ans.
Le constat est alarmant, il l’est d’ailleurs depuis les débuts de l’humanité puisque des tablettes d’argile de Babylone précisent que les jeunes manquent de respect aux ancien, Aristote se scandalisait des moeurs et comportements des jeunes, sous Charlemagne, même constat, les jeunes parlent mal aux anciens, ne respectent plus rien ni personne, etc. En outre, il n’est pas nécessaire de fournir des arguments que les adolescents ne peuvent saisir. (Ils connaisent, Babylone, Aristote, Charlemagne?)
Ainsi, depuis le début de l’humanité, il faut bien en prendre acte, l’adolescence serait une calamité, je confirme, elle l’est! L’adolescent type est certain de mieux comprendre le monde que ses parents ou tout adulte d’ailleurs. Il faut en effet préciser que les adultes sont des “vieux” et que l’on est vieux à partir de 20 ans semble-t-il. Paradoxalement cependant, le corps médical fait désormais s’étendre l’adolescence, (l’adulescence étant elle une vision plus sociale que physiologique) de 12 à 30 ans, ce qui ne saurait qu’interpeller lesdits adolescents concernés par la tranche d’âge.
Peut importe, l’adolescent type est prodigieusement contestataire et se contredire trois fois dans la même phrase en faisant preuve de la plus inqualifiable mauvaise foi ne lui pose aucun problème, pire, il affirmera que la faute de tout cela, comme de tout le reste, n’ incombe qu’à son contradicteur. Généreux, nous dirons qu’ils cultivent la pensée rousseauiste et estiment qu’il vaut mieux être homme à paradoxes qu’à préjugés. (Ils connaissent Rousseau?)
Ensuite, épuisé de cette contestation, de ses longues nuit de veille sur tous les types d’écran que l’industrie peut produire, de télé, d’ordinateur, de téléphone, de, de… de je ne sais trop quoi, de ses repas pantagruéliques, de ses quelques heures de sport, de ses discours existentiels avec ses pairs destinés à savoir quel sportif, quel chanteur, quelle chanteuse, quel acteur ou actrice est le meilleur, si A sort avec B si C est encore avec D, bref, suite à tout cela, l’adolescent lambda (ils savent leur alphabet grec?) rejoint donc son lit, non fait, en sa chambre, non rangée, et sombre dans les bras de Morphée, (ils connaissent Morphée?) pour se voir contraint au lever, quelques heures plus tard, par un réveil tyrannique lui enjoignant de se rendre au collège ou au lycée, à moins que, lors des fins de semaine, il ne puisse profiter de longues heures de ce repos immérité, jusqu’à ce que les parents, lassés, ne viennent les sortir du lit et se voient alors rabroués sans une once de respect, sous prétexte que le samedi il est bien normal de dormir jusqu’à 15h et qu’ils ont le droit de se reposer, avec tout ce qu’ils font pour leurs parents au quotidien!
Vous l’avez saisi, ô lecteurs, le sujet de l’adolescence est une mine inépuisable que je ne saurais… épuiser. Il s’agissait seulement pour moi, ici, de prouver, à ces hordes de jeunes, qu’en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le vieillard, que je suis, piqué au vif, cette irritabilité naturelle m’étant un point commun avec lesdits adolescents sujets de notre étude, avait encore assez de neurones pour produire, en cette séance, quelques lignes sur un thème qui aurait cependant dû plus les interpeller que moi. Las, cette situation ne fait que prouver ce que nous mettions en avant plus tôt et je me réjouis de savoir que dans des milliers d’années on lira avec attention cet article devenu alors une référence historique et sociale de premier plan (ils savent ce qu’est l’ironie?).