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Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 17-05-2013

Partout au collège on entend en cours des slogans sortis de l’ombre et de l’oubli, slogans de 1968, qui ressuscitent, pour l’épreuve d’histoire des arts et son thème de cette année,  une ambiance follement révolutionnaire, qui, semble-t-il laisse parfois les zélèves dubitatifs, ces derniers ayant du mal à se figurer ce que pouvait être la vie des lycéens de 1968, soumis aux lois de l’Etat de l’Eglise, de l’autorité paternelle toute puissante, dans un univers où les communications commençaient à peine à se développer, avec le téléphone et l’ORTF, c’est à dire la télévision, avec une chaine, alors que les radio. et la presse demeuraient bien surveillées et que le rock qui déferlait sur le monde était accusé de provoquer des troubles d’ordre médical sur le corps humain inapte à recevoir un tel déchainement, qualifié de musical.

Je n’aime pas les révolutions. Je ne me suis pas remis des pertes endurées par le pays en 1789 et par la suite. Cependant, je comprends l’indignation et le désir de tout changer, qui, selon moi, ne saurait être l’apanage d’un lieu, d’un peuple, d’une époque ou d’une tranche d’âge, l’Histoire le révèle à chaque fois. Disons en ce cas que je suis pour les révolutions silencieuses, pour “ces évolutions qui sont des révolutions sans en avoir l’R”. A notre époque, comme à d’autres, tout me semble à changer et à reconstruire. Pourtant, faut-il passer fatalement par le radicalisme qui ne conduit qu’à un tour de roue? La chanson de Brassens que vous étudiez le révèle, les révolutions débutées à gauche par les jeunes se terminent conservatrices, tenues par des vieillards.

Pour Talleyrand, il fallait que tout change afin que tout demeure, je me demande alors s’il ne faut pas que tout demeure afin que les choses évoluent enfin. Demeurons à nos places, plutôt que d’en ambitionner d’autres, et, seuls, dans l’ombre, changeons les choses. C’est au quotidien et à la base qu’il nous est possible de construire les fondations d’un autre monde, en tissant, au quotidien, des liens, de la même manière que la culture s’acquiert petit à petit, par des lectures, des films vus, des disques écoutés, des opéras savourés, des discussions à n’en plus finir, au cours desquelles on refait le monde,  discussions qui, en outre, sont de purs moments de bonheur, combien de livres, de poèmes, de chansons et d’expériences vécues ne le clament-ils pas?

La révolution est à notre porte et à notre portée, révolution qui nous fera changer nos propres points de vue, nos propres attitudes. Révolutionnons nous, nos habitudes, nos conceptions, changeons, les autres suivront, plus que si nous ne tentions de leur imposer.