Dans le cadre de la polémique sur la littérature pour la jeunesse, Claude Ponti, auteur d’albums pour les tout petits, réplique à J. F. Copé dans une tribune (un article dans lequel la parole est libre) : à lire dans Libération. http://www.liberation.fr/debats/2014/02/12/claude-ponti-critiquer-un-livre-pour-enfant-sans-le-comprendre-est-bete_979638
A voir, peut-être, ce soir, sur France3, un film documentaire sur la collaboration en France Occupée. http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/02/09/qui-c-est-le-plus-collabo_978964
Chers zélèves,
Hier, en séance media avec mes quatrièmes, mon sang n’a fait qu’un tour et, vous me connaissez, je n’ai pu m’empêcher d’intervenir dans la conversation… Deux zélèves, au demeurant images mêmes de l’innocence propre à l’enfance (deux petits formats de filles pas encore tout à fait ados..), discutaient à propos d’un article publié dans notre cher Torchon, de la soit-disant théorie du genre. Et j’entends la phrase : “Oui, mais ils abusent d’enfants qui sont influençables, c’est pas bien”. Popopopo : attention, les jeunes, ne confondez pas tout et, surtout, ne tombez pas dans les pièges qu’on façonne pour vous.
La théorie des genres, cela n’existe pas : non mais, vous lisez le Torchon, de temps en temps, ou pas ? Tout y est publié sur le sujet. Ce qu’on veut vous faire croire, c’est que l’école s’est brusquement liguée contre les parents pour éduquer leurs enfants à la sexualité à leur place. Il n’est pas question de cela, bien entendu : mais de donner à voir la société telle qu’elle est aujourd’hui et de faire parler les enfants, les ados, sur ce qui pourrait être amélioré pour favoriser l’égalité garçons-filles. Parce que nous vivons encore dans une société de stéréotypes où les filles ont moins de chances (non en droit, mais en réalité, hélas) de s’épanouir et d’être reconnues socialement, professionnellement, que les garçons. Nous vivons encore dans une société o on entend, quand on est enseignant, des parents excuser les défauts de leurs fils : “Que voulez-vous, c’est un garçon”, alors qu’ils n’hésitent pas à en exiger plus de leurs filles. Ou encore, des parents expliquer que leur fille ne fera pas d’études mais se mariera, de toutes façons, et restera vivre près d’eux. “On a besoin d’elle à la maison”. Il s’agit également, dans ces programmes qu’on appelle ABCD (lire sur le Torchon un article à ce sujet), de réfléchir sur l’évolution d’une société qui vient d’autoriser le mariage homosexuel.
Aujourd’hui, en période électorale (ce sont les municipales bientôt), les politiques s’emparent du sujet : Jean-François Copé fait le buzz en dénonçant un livre pour la jeunesse, Tous à poils ! un album montrant que tout le monde est fait de la même façon, une fois nu. Voici ce qu’en disent les auteurs de cet ouvrage :Les auteurs de l’album paru en avril 2011 aux éditions du Rouergue, Mark Daniau et Claire Franek, n’ont pas compris les propos de M. Copé. Selon une note de ces derniers, leur but est « d’apporter un regard décomplexé sur la nudité ». « Les personnages peints existent mais ne posent pas. Nous les voyons se déshabiller, acte quotidien qui les met tous dans des positions cocasses. Le trait et la couleur proposent un regard sensible, chaleureux et réaliste qui ne se moque pas et accepte la diversité des corps », écrivent-ils.
Pour J.F. Copé, cet album est choquant : il craint que l’autorité de la maîtresse ne soit plus reconnue à cause de ce livre qui la montre, le soir, en train de se déshabiller. Ecrit comme cela, en effet, on peut se demander ce qu’est cet album, et en quoi il est digne de figurer dans la liste des ouvrages recommandés à la lecture dans les programmes officiels de l’éducation nationale. Mais réfléchissons : qu’est-ce que la littérature ? M. Copé a-t-il oublié les contes merveilleux par lesquels son enfance a certainement été bercée ? Des contes sanguinaires, violents, dans lesquels les héros et héroïnes découvrent la vie : il faut lire les versions des frères Grimm, évidemment, ne pas se contenter des contes de Perrault, dans lesquels on ne voit plus le sang couler… Or, les contes, comme la littérature pour la jeunesse, ont pour vocation d’aider l’enfant à grandir en affrontant ses peurs, ses angoisses les plus intimes.
Lisez cet article paru dans Libération : http://www.liberation.fr/societe/2014/02/11/les-livres-de-jeunesse-a-bruler-pour-faire-plaisir-a-cope_979423 Il évoque tous les ouvrages pour la jeunesse, publiés depuis des dizaines d’années, et qui montrent un visage pas si lisse que ça de notre société : mais n’est-ce pas le rôle de la littérature que de donner à voir, à réfléchir ?
Mes zélèves de troisième ne manqueront pas de faire le lien avec un petit récit bien inoffensif Matin brun, qu’ils ont lu récemment : où l’on finit par brûler des livres non autorisés… Censure, autodafés : vers où nous dirigeons-nous là ? La conclusion de l’article de Libération au sujet des albums pour la jeunesse me paraît juste : “L’enfant a aussi besoin de rêve, d’imagination et d’une certaine irrévérence pour grandir.”
Vendredi matin, surprise ! Pas de cours de français… Toute la classe était devant la salle 305 et attendait patiemment Madame Dibot. Plus tard, celle-ci arrive et s’exclame : “Venez me voir, ici, toute la classe ! Ce matin, il n’y aura pas cours de français mais séance de CDI !” Et on entendait toute la classe qui criait : ouais !!! Puis, nous sommes descendus au CDI, tous impatients de savoir ce qu’on allait faire. Quand on est arrivé au CDI, on s’est installé dans les fauteuils et un homme s’est présenté. C’était un libraire, très sympathique, il avait installé beaucoup de ses livres sur la table et il nous en a présenté plus de la moitié. Tous les élèves étaient intéressés à la présentation de ces livres et certain ont posé beaucoup de questions. Ensuite, le libraire nous a proposé d’observer les livres, il y en avaient des petits et des gros. Moi j’ai repéré un livre de fantastique, il se nomme Terrienne, son auteur est Jean-Claude Mourlevat, je le trouve super. Même si on n’a pas eu cours de français, on a quand même eu une bonne séance de CDI.