Fév
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Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Gaian HAKOBIAN le 13-02-2014

En ce moment, dans notre groupe média, nous avons remarqué qu’il y a beaucoup de débats entre filles et garçons.Les garçons se disent supérieurs aux filles et les filles se disent supérieures aux garçons. Finalement quel sexe domine ? Y a-t-il, en fait, un sexe dominant ?
Nous, nous pensons que cette question est assez difficile, nous pensons que cela dépend de la famille, de la culture et des origines.

Par exemple, moi, Gayan, d’origine Arménienne, je ne suis pas d’accord sur le fait que la fille doit être “supérieure” ou ne doit pas respecter l’homme car, dans notre culture, il faut respecter l’homme!

Lors d’un petit débat en média sur “qui domine qui ?”, je me suis levée et j’ai dit: ” Il faut dire ce qui est : majoritairement et généralement, les garçons ont plus le pouvoir sur la femme ! Enfin, c’est vrai et heureusement que c’est ainsi! ”

En fait, dans mon pays, dans ma culture et comme dans beaucoup d’autres pays, la place de l’homme, du garçon, est la plus importante : il faut les respecter ! Dans ma famille, lorsqu’on a un frère, c’est comme avoir un deuxième père : les garçons sont stricts et, pour cela, en tant que filles arméniennes, nous ne sommes pas autorisées à beaucoup trop de liberté et, ainsi, nous grandissons avec une éducation stricte.Ce qu’ils veulent, c’est simplement qu’on ait un beau futur, avoir de la logique et de l’intelligence dans cette vie : tout pour qu’on ait un futur avec plein d’intelligence et de la rigueur (ce sont les paroles de mon père). Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’avoir décrit nos garçons arméniens comme des monstres… Non, ce n’est pas le cas, je vous rassure ! Il faut simplement comprendre leur logique.
Comme je l’ai dit, beaucoup d’autres pays sont presque pareils de ce point de vue. Par exemple, Naouale, d’origine Algérienne :

Mon origine a toujours été différente de celle de la France, par exemple parce que mon père a toujours eu du mal à s’intégrer dans ce pays profondément différent… Dans ma famille, mon père a toujours été le “patron”, et cela, pas seulement dans ma famille mais aussi dans mon pays. Que ce soit mes cousins ou mes oncles, je les considère comme mon père ou mon grand frère. Et d’ailleurs, mon grand frère m’a toujours montré que je ne devais pas suivre son chemin lorsqu’il avait mon âge (il était en prison et a fait de nombreuse bêtises étant jeune). Mon frère a été mon repère, comme chaque homme dans ma famille. A l’époque, dans mon pays, l’homme était macho ( enfin, il l’est toujours ) et disait que la femme était dans ce monde pour cuisiner et se mettre à la tâche ! Mais, moi, je ne suis pas du tout de cet avis! Par exemple, ma mère, en Algérie, a toujours voulu étudier la médecine, mais mon grand-père l’a toujours empêchée d’étudier, disant : “Il faut que tu aides ta mère à cuisiner et à ranger”. Ils étaient neuf enfants… Du coup, ma mère n’a pas fait d’études, elle s’est mariée à seize ans, elle a eu trois enfants en Algérie, puis ils sont venus en France et ont eu encore deux enfants (dont moi). Elle n’a jamais réalisé son rêve d’être médecin légiste. Elle dit avoir toujours eu peur de mon grand-père… Son éducation était vraiment stricte, elle ne sortait pas, elle ne regardait même pas son père, elle baissait les yeux devant lui. Dès qu’il sortait, tout le monde s’amusait !

Et c’est pour cela que j’aimerais défendre le pouvoir de la Femme (avec un grand F), répondre que la femme ne sait pas que faire cela, cuisiner !! Elle a eu le droit de vote, travaille dans la vie professionnelle, elle qui nous porte pendant 9 mois! Et vous, les garçons, les hommes, qu’avez-vous fait ?

Dans nos deux cultures, l’homme est supérieur mais cela ne veut pas dire qu’ils ne nous laissent pas libres ! Ils font de leur mieux pour que chaque jeune fille grandisse avec respect, intelligence et liberté, avec des limites !

Nos mères nous ont toujours raconté leur enfance dans nos pays d’origine, elles ont vécu une éducation très différente de la notre. Elles se sont mariées très jeunes et avaient beaucoup plus de responsabilités dès leur jeune âge. Moi, ma mère, Lusine Hakobian, étant née en Iraq, dès ses 5 ans, elle est partie vivre en Arménie, dans notre pays. Et à l’époque, les jeunes femmes arméniennes se mariaient très jeunes et parfois par force. Ma mère,elle, s’est mariée à l’âge de 17 ans avec mon père mais elle ne voulait pas et donc on l’a mariée de force. Mais quand aujourd’hui je vois ma mère, elle est très contente d’avoir été mariée à mon père et elle ne le regrette pour rien au monde ! En Arménie, toutes les filles savaient cuisiner dès l’âge de 10 ans, elles savaient faire le ménage et ne faisaient que ça après les cours. C’est pour cela que ma mère me reproche de ne pas être comme, elle me dit souvent: ” A ton âge je savais faire ça moi ! ” et ainsi de suite….Ma mère trouve, comme beaucoup d’autres mères, que les jeunes d’aujourd’hui ont beaucoup plus de liberté ! D’un coté, elle me dit que c’est bien, de l’autre, par rapport au savoir faire à la maison, elle n’est pas très d’accord sur le fait que beaucoup de jeunes ne font pas attention au tâches à la maison et n’ont pas le savoir faire qu’elles ont eu à notre âge. Oui, ma mère avant son mariage et avant de venir en Europe, n’avait pas trop de liberté, elle devait rester à la maison et s’occuper des tâches ménagères : tous le contraire de moi aujourd’hui ! Ma mère ne veut en aucun cas m’éduquer de la même manière que elle, elle a été éduquée par ses parents.

Gayan

Moi, ma mère, Halima Badaoui, est née en France mais est retournée en Algérie pour y vivre, elle s’est mariée à 16 ans et a eu son premier enfant à 17 ans (OH MY GOD!!). Mais, au départ, ma mère ne voulait pas se marier. Mais elle reçevait toujours des lettres de mon père et des bonbons grâce au messager : ma chère tante !! C’est mon grand père qui lui a dit de se marier avec mon père mais il ne l’a jamais forcée pour autant, elle a pris cette décision toute seule et a fini par dire oui ! L’éducation de ma mère est très différente de la mienne, mes parents n’ont jamais voulu que je sois éduquée comme eux. Elle m’a poussée à toujours suivre mes choix, comme pour le lycée, alors que ma mère n’a pas eu cette opportunité : elle n’a jamais pu étudier la médecine. C’est pourquoi ma mère ne veut pas que je vive les mêmes choses qu’elle. J’ai la chance de vivre assez librement mes choix d’études et je suis fière d’avoir ces parents là !

Naouale