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Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 08-01-2015

Charlie n’était pas mort ce matin, grâce aux rires intelligents de ceux de mes zélèves de 4ème3 qui, découvrant pour la majorité (que voulez-vous, ils n’ont pas quinze printemps encore) les Unes de Charlie Hebdo, ont ri de la caricature en général, de l’irrévérence en particulier.

Même les Unes ayant fait polémique, à l’époque, ont trouvé un public somme toute fin appréciateur du trait, de l’idée, du bon mot. Quel meilleur hommage pouvaient-ils rendre aux Charb, Cabus, Volinsky, et autres victimes de la barbarie terroriste, ces jeunes (dont la plupart sont inscrits en option media) que ce rire franc ?

Oui, ils ont ri, et ce rire était une façon de saluer ceux qui ont payé de leur vie ces dessins.

Et pourtant, qu’il est fragile, ce rire qu’une réflexion de l’un sur l’indécence de la provocation peut briser en une seconde ! Redisons-le : oui, on peut, en France, dessiner le prophète Mahomet : notre pays est laïc, la liberté d’expression est un droit. Inaliénable. Non, il n’y a pas d’irrespect de la religion musulmane dans ces caricatures : il est temps d’apprendre à comprendre un dessin de presse ! Oui, ces illustrateurs, ces journalistes tombés pour la liberté d’expression ont fait preuve de courage en dessinant sous la menace. Oui, l’hommage de la nation leur est légitime.

L’heure est à la culture, à l’éducation : après le silence du recueillement, il sera temps d’instruire nos chères têtes, qu’elles soient blondes ou brunes. Pour que la devise républicaine prenne sens.