Jan
22

Ce matin, la revue de presse nous informe au sujet des propositions du gouvernement pour rétablir l’autorité des professeurs dans les établissements scolaires : (Tiens, tiens…)

http://www.notretemps.com/droit/laicite-autorite-apprentissage-medias-plan-francois-hollande-ecole,i76911

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/21/face-a-la-religion-les-profs-doivent-faire-leurs-classes_1185886

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/22/ecole-le-civisme-en-onze-lecons_1186674

Petite réflexion : dans votre collège, un certain nombre d’actions sont déjà menées. Commentez les mesures proposées par François Hollande à la lumière de ce qui se  fait à George Sand.

Petit sondage en classe media 3ème au sujet de la laïcité :

– La laïcité est respectée au collège : déjà, il n’y a pas eu de problèmes pendant la minute de silence. La religion est un sujet dont seuls quatre élèves sur onze discutent pendant les récréations. Pour les autres, ce n’est pas un sujet intéressant : après, ça peut partir dans des débats, on peut se disputer si on n’est pas d’accord. Si on est amis, on peut parler de religion de façon poussée, on ne se dispute pas, on est toujours d’accord sur un point. C’est rare qu’on en discute entre nous : on respecte la religion de l’autre, ou son athéisme.  On respecte tout le monde, parce qu’on ne sait pas qui est athée 😉 On ne sait pas, mais on croit que tous nos profs sont athées.

” Ah, non ? ”

L’essentiel, c’est que la religion ne prenne pas le dessus sur l’enseignement.

“Mais ceux qui ne croient pas en Dieu, ils croient en quoi ? En rien ? Mais, pour eux, après la mort, il n’y a rien ?” Rien. “Oh…” (mine désolée de l’élève , probablement soucieux de l’avenir post mortem de ses professeurs (eh oui, à un certain âge, on nous envisage comme “post mortem”)

“En fait, en France, tout le monde critique tout le monde. Le collège est en France, donc, au collège, tout le monde critique tout le monde. On peut aussi être critiqué sur la religion.”

Même sondage auprès des zélèves de 4ème :

Visiblement, au collège, il y a une religion, non pas dominante, mais abondante : la religion musulmane. Ca se voit : à la Mosquée, on croise beaucoup de gens du collège. Il y a douze ou treize musulmans dans cette salle, et trois qui sont… Que je ne connais pas.

Comment reconnaît-on les musulmans ???

On se connaît, donc on sait.

Les noirs et les arabes sont musulmans. Faux, regardez, Thomas, Julien, ils sont quand même musulmans.  Oui, mais certains noirs sont chrétiens. En fait, on demande aux gens leur religion, et dans ce collège, ils n’ont pas honte de le dire.

Deux athées se revendiquent athées dans cette salle.

Quand on voit Zacchari, par exemple, on se doute qu’il est musulman, donc on lui demande s’il l’est. Or, Zacchari porte un nom de famille français, disons, pas maghrébin. On pourrait se tromper en le supposant musulman.

Ici, on a tous grandi ensemble, donc on sait très bien qui a quelle religion. On connaît leurs parents, on sait s’ils sont pratiquants ou non.

Au collège, il doit y avoir un ou deux élèves juifs, mais ils n’osent pas trop le dire. On se demande pourquoi. Mais on sait qu’à la télé, ils parlent mal des juifs.

“Ca dépend des chaînes que tu regardes, évidemment, si tu regardes 2M Maroc ou Canal Algérie… ”

“Ici, il y a pas de Mains de Fatma : moi, on m’a fait ôter la mienne, et un autre élève portait une croix, on la lui a fait enlever aussi.”

“Nous, on sait même pas pourquoi les gens n’aiment pas les juifs, peut-être à cause de ce qui  se passe en Israël…”

“Ici, on est Bicot-Blacko-Blanco” 😉

On ne recense pas de boudhistes au collège.. Mais des témoins de Jéovah, oui. Ils n’ont rien le droit de faire ! Les filles ne choisissent pas leur mari, elles n’ont pas le droit d’embrasser un garçon. Pas le droit aux relations sexuelles avant le mariage.

“Ouais, ça, c’est dans toutes les religions, mais c’est pas respecté dans toutes les religions ;)”

Les témoins de Jéovah n’ont pas le droit de boire, de fumer, et doivent demander la permission pour beaucoup de choses.

La laïcité au collège ne nous pose pas problème, mais pourquoi ne peut-on pas se voiler ? Pourquoi ne peut-on pas porter nos petites croix ? Peut-être pour ne pas influencer les autres ?

En fait, dans notre collège, ce serait la 3ème guerre mondiale s’il y avait 25% de juifs, 25% de musulmans, 25% de chrétiens et 25% d’athées ! A 50-50 (juifs et musulmans, ça ferait de très grosses embrouilles, il y aurait la police tous les jours : c’est la réalité ! Les parents resteraient devant le collège ! Un mot de travers et ce serait fini…

Fichtre : quelle naïveté de la part des adultes… Finalement, notre collège n’a pas mal à sa laïcité parce que la religion n’est pas sujet à conflit, dans la mesure où on reste à un taux de 60 à 75% de religion dite “abondante”…

Addendum : Les témoins de Jéhovah

“On a notre libre arbitre, on a le droit de choisir nos actes. Il y a des principes bibliques, auxquels on adhère, sinon, on ne vit pas avec et on pêche… Pas le droit de boire, de fumer : on a le droit : “boire un peu de vin réjouit le coeur”, c’est écrit dans la bible. Fumer dégrade la santé, tout ce qui dégrade la santé n’est pas bon. Le mariage ? Si tu es baptisé, tu donnes ta vie à notre Dieu, donc tu te maries à un(e) témoin de Jéhovah. Tu dois poursuivre les mêmes objectifs que ton mari ou ta femme.

“Ce que tu dis, c’est que tu dois renoncer à ta religion si tu n’épouses pas un(e) témoin de Jéhovah ?”

“Oui…” Témoin de Jéhovah, c’est chrétien. Jéhovah, c’est le père de Jésus. Pour nous, le pape n’agit pas au nom de la Bible. Par exemple, l’homosexualité ne devrait pas être acceptée. Moi, je suis très heureux de vivre comme ça, j’ai toujours envie de faire comme mes potes, mais je dois faire attention à d’éventuels problèmes de santé. Ne pas gâter (dégrader) son corps, qui est sacré.  La cigarette a un coût, donc, je me dis, le paquet de cigarette, pendant des années, c’est beaucoup…”

“Tu crois que c’est ta religion qui t’encourage à vivre droit ? Tu crois que ce n’est pas ton éducation ?”

“Je pense que je n’aurais pas cette réflexion, cette fermeté, je ne serais pas ferme dans mes propres choix, ça me permet de voir plus loin.”

 

Une mesure qui fait chaud au coeur : instaurer une formation aux media à destination des zélèves :

Les zélèves sont unanimes : en un trimestre en option media, il leur semble être mieux informés, du moins ont-ils acquis des outils qu’ils n’avaient pas auparavant pour être plus clairvoyants dans l’actualité. Ouf, notre option est bénéfique !

On sait plus de choses, donc on peut mieux réfléchir par nous-mêmes.

En cours de français et d’histoire, on peut échanger nos points de vue. On a le droit de dire ce qu’on pense de l’actualité. On pose des questions.

Et la mesure pour aider les zélèves à acquérir la compétence “maîtrise de la langue”, qu’en pense-t-on ?

L’orthographe, c’est pas important : on ne fait pas attention, quand on écrit. Même si on fait des fautes, on comprend ce qu’on écrit. Donc c’est pas grave. Des cours d’orthographe à la fac ? Comment peut-on arriver à ce niveau d’études et faire autant de fautes d’orthographe ? Chez Bilal, qui est très doué en orthographe, la maîtrise de l’orthographe serait naturelle. Il n’a jamais vraiment passé beaucoup de temps à apprendre l’orthographe, c’est venu comme ça. Aujourd’hui, c’est un atout, par rapport aux autres. Certaines fautes le choquent.

Faire attention, ça prend du temps : faire attention à ce qu’on écrit. Dans le rapport de stage, on ne fait pas attention, il y a le prof ou le correcteur d’orthographe. (Ben voyons…)

Jan
22
Classé dans (Revue de presse) par Agnès Dibot le 22-01-2015

La Une du 22 janvier 2015

Jan
21
Classé dans (Je suis Charlie) par Pti-Biscuit le 21-01-2015

 

Mourir pour ses idées, c’est héroïque et digne 

Oui, certes, c’est bien beau de mourir pour ses idées, se montrer qu’on se battra quoi qu’il arrive, beaucoup l’ont fait :

Martin Luther King: militant non violent, pour les droits des noirs aux Etats-Unis, la paix et contre la pauvreté.

Nelson Mandela : prix Nobel de paix, lutte contre l’apartheid, emprisonnement. Sa biographie est large et son cœur aussi…

Abbé Pierre : qui s’est toujours battu contre l’exclusion. (il n’est pas mort pour avoir défendu ses idées)

Et bien-sûr Charlie Hebdo : ils se sont tous battus pour la liberté d’expression, qu’importaient les menaces qu’ils avaient reçues.

 

… mais POURQUOI ? : 

Pour moi, c’est quand même difficile de laisser sa vie pour ses opinions, pas beaucoup de personnes n’ont le courage de mourir pour cela mais certaines l’ont… Moi-même je ne l’aurais sûrement pas, c’est pour ça que j’admire toutes ces personnes, et je pense que tout le monde devrait en faire autant. Même si les dessinateurs se doutaient que c’était risqué (Charb avait un garde du corps), par courage, ils ont continué à dessiner en abordant les sujets tabous. Ils sont victimes d’extrémistes qui veulent imposer leurs idées par la violence…

Jan
21
Classé dans (Je suis Charlie) par LaDirectioner le 21-01-2015

Mourir pour des idées, je trouve ceci impensable. Quand on parle de mourir pour des idées, on pense à toute ces personnalités qui se sont fait attaquer simplement pour s’être exprimées.

Martin Luther King… 

Comme Martin Luther King qui s’est battu contre la ségrégation raciale aux États-Unis, malheureusement il a été assassiné en 1968 à seulement 39 ans. après il y a aussi Rosa Parks qui s’est battue pour les mêmes causes que Martin Luther King, mais elle n’a pas été assassinée. Plus tard, il y a eu un grand homme que nous connaissons autant que les autres, Nelson Mandela, lui s’est battu contre l’apartheid et il a réussi, car même si pendant plus de 20 ans il a été en prison il n’a jamais arrêté de se battre.

Malala, une résistante moderne

En 2009, un jeune fille prénommée Malala Yousoufzai, à seulement 11 ans, s’est exprimée sur un blog pour dire que toutes les filles avaient le droit à l’éducation au Pakistan. En 2012 elle est victime d’une tentative d’assassinat où elle est grièvement blessée. En 2014, à seulement 17 ans, elle obtient le prix Nobel de la paix car, durant toutes ces années, elle s’est battue pour exprimer ses idées.

Et… Charlie

il y a peu, un attentat c’est déroulé dans les locaux de Charlie Hebdo où 12 personnes ont été tuées par des terroristes, et simplement pour avoir dessiné, des personnes qui ont marqué des générations. Mes parents m’ont raconté qu’ils connaissaient Cabu, un des dessinateurs, depuis longtemps, donc cette histoire les a beaucoup touchés, comme moi ainsi que des milliers, même des milliards de personnes dans le monde entier. D’ailleurs, je trouve que le monde est un peu plus soudé malgré les personnes qui réagissent différemment, qui se disent un jour Charlie et le lendemain ne se disent plus Charlie…

Donc pour dire que des personnes comme Martin Luther King, Rosa Parks, Nelson Mandela, Malala Yousoufzai, Charb, Cabu, Georges Wolinski, Tignous, Bernard Maris, Honoré se sont exprimées sur ce qu’elles pensaient. Pour moi toutes les personnes qui expriment leurs idées ne doivent pas mourir, sinon la liberté d’expression n’existe pas. Pour moi, maintenant, il n’y a plus de liberté d’expression si des personnes se font tuer pour parler : je trouve ç vraiment absurde.

Jan
21
Classé dans (Je suis Charlie) par nando's le 21-01-2015

Mourir pour des idées, je ne pense pas que l’on devrait mourir pour ses idées ou alors il faudrait ces idées soit bien réfléchies et bénéfiques à tous. Je pense tout de même qu’il est important de se battre pour ses idées et ses convictions, mais celles-ci ne doivent pas nous coûter la vie, la vie est  bien trop précieuse pour la sacrifier.
Certaines personnes se sont battues, par le passé, pour leurs idées et ont échappé à la mort. Comme par exemple les résistants de la Seconde Guerre Mondiale qui n’ont pas cédé à l’occupation et ont permis de libérer le pays bien plus vite, mais aussi Nelson Mandela qui s’est battu contre l’apartheid et qui fut emprisonné plus de vingt ans pour ses idées mais qui, plus tard, a reçu le prix Nobel de la paix.
Il y a aussi des exemples aussi beaux mais plus tragiques, comme Martin Luther King qui fut un grand défenseur de la non-violence et des droits civils des noirs aux États-Unis, malheureusement il fut assassiné.

Comment parler de ce sujet sans parler de ce qui s’est passé cet abominable 7 janvier 2015, quand j’en ai entendu parler pour la première fois, j’ai été touchée et choquée. En cours, on nous apprend les valeurs et les principes de la République, et jamais ne j’aurais imaginé qu’on puisse s’attaquer à un si grand principe, j’ai grandi avec les principes tels que liberté d’expression, égalité et je ne pensais pas que quiconque puisse les ébranler, mais ce fameux 7 janvier, j’ai compris qu’il ne fallait jamais croire que tout était acquis, il faut préserver et se battre pour des droits qui, à notre génération, paraissent banal. C’est dans ces moments qu’on se rend compte de la chance qu’on a.
Quand j’entends parler des incidents qu’il y a eu dans certains établissements lors de la minute de silence, je suis choquée, je me dis que nous sommes le futur nous, élèves de troisième, mais aussi 6ème, terminale, etc… Et plus tard ça sera à nous de nous battre pour conserver ces valeurs et principes et je me demande est-ce possible ? On a grandi dans une société tellement différentes de nos parents, où on est beaucoup influencé par internet, les jeux vidéo, alors oui on grandit avec notre temps mais cette société est-elle compatible avec les grandes idées ?
J’ai été aussi beaucoup impressionnée, touchée de cette sorte d’union planétaire, le dimanche 11 janvier dernier, c’était comme si on était tous de la même famille qu’on avait perdu un membre de cette famille. Je pense que ces grands dessinateurs ne méritaient pas du tout de mourir et la façon dont les terroristes les ont assassinés a été horrible, ils sont morts pour la liberté d’expression mais en France c’est un droit et personne ne mérite de mourir pour ça.
Lors de la marche Républicaine, on pouvait voir des pancartes je suis Charlie, et l’unité Nationale était très présente mais je ne comprends pas pourquoi maintenant que le numéro est sorti des personnes disent qu’elles ne sont plus Charlie. Alors oui, je conçois que certaines personnes n’aimaient pas lire Charlie Hebdo et n’aiment toujours pas le lire mais être Charlie fait référence aux attentats du 11 septembre où les gens disaient « je suis américain », ce qui signifie que l’on soutient le pays et le peuple touché. Alors, on ne peut pas se dire Charlie une semaine et la semaine d’après dire que l’on n’est pas Charlie. Je ne comprends pas ces mentalités.
Je crois que si j’avais une idée à défendre et que j’y aurais réfléchi assez longtemps pour savoir si elle est bénéfique pour la société, le pays, et pour les autres, alors peut être que je pourrais mourir pour elle. Mais je pense qu’on doit pouvoir défendre une idée sans en mourir, les idées font avancer la société et on ne devrait pas mourir pour avoir fait évoluer la société.
Je suis Charlie, nous sommes tous Charlie.

Jan
18
Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 18-01-2015

A lire ci-dessous : pourquoi les gens se trompent sur la ligne éditoriale de Charlie Hebdo quand ils croient que le petit journal satirique se moque des religions.

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/18/gerard-biard-charlie-hebdo-defend-la-liberte-de-religion_1183169

Jan
18
Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 18-01-2015

Quelle meilleure réponse apporter à celles et ceux de mes zélèves qui, vendredi encore, voyaient encore en Dieudonné un humoriste surfant sur la vague de la liberté d’expression ? A lire ci dessous la lettre ouverte qu’un de ses anciens fans et soutiens lui adresse pour lui signifier qu’il est allé trop loin et a perdu son soutien. Non contente de répondre presque parfaitement aux arguments que j’ai utilisés vendredi auprès de mes zélèves, cette lettre est, en plus, bien écrite.

http://www.lexpress.fr/actualite/la-derniere-trahison-de-dieudonne_1640016.html#

Jan
17
Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 17-01-2015

Dessin pour Charlie

Jan
16
Classé dans (Je suis Charlie) par Agnès Dibot le 16-01-2015

"Une" de Charlie Hebdo - Le Premier ministre turc dénonce "la liberté d’insulter"

Merci à mes zélèves, tous, de toutes classes confondues, qui, hier et ce matin, ont accueilli avec bienveillance mon petit prophète de papier (la Une de Charlie Hebdo) affiché sur mon panneau “revue de presse” dans ma salle de cours : “j’ai crucifié mon petit prophète de papier” (avec des punaises blanches pour respecter l’harmonie de la page) et nul n’a trouvé provocant cet affichage.

Dans mon collège REP+, on peut donc, une semaine après les attentats, estimer avoir assez débattu avec nos zélèves pour que ceux-ci aient compris le sens des mots “liberté d’expression” et “humour”, “tolérance”… Un grand pas, au regard de ce qui a pu se passer, si l’on en croit les journaux, dans d’autres établissements scolaires, en France.

Cet affichage a permis de relancer, une fois encore, le débat : ce petit prophète-là n’a rien de provocant, il pardonne. Il est Charlie.  Et nombreux sont les zélèves qui disaient, ces jours-ci, que ce sont les terroristes qui insultent l’Islam, et non pas les Unes de Charlie Hebdo. Nous n’avons pas pu faire l’économie d’une explication de la garde à vue de Dieudonné, le parallèle étant soulevé par quelques-uns, mais mes zélèves ont l’intelligence de suivre les événements avec leur coeur. Qu’ils soient croyants ou non, ils respectent tous la même valeur : la vie est sacrée. Et aujourd’hui, ils savent à quel point la liberté d’expression l’est aussi.

Et si d’aucuns ont tiqué, c’est sur l’expression “petit prophète de papier crucifié” (sur le panneau) : une référence à un autre prophète mis à mort sur la croix, un clin d’oeil qu’il faut prendre pour ce qu’il est : un clin d’oeil.

Notre petit prophète de papier peut donc témoigner jusqu’à la prochaine revue de presse de la liberté d’expression sous le regard bienveillant d’adolescents. Sa seule présence délie les langues : ils ont besoin qu’on réponde à leurs questions, nos zados. Et notre rôle est de le faire avec distance, sans l’émotion qui nous étreint encore au souvenir de celles et ceux qui sont tombés sous les balles des fanatiques.

 

"Une" de Charlie Hebdo - Le Premier ministre turc dénonce "la liberté d’insulter"

Petit tour de table, en “conférence de rédaction” ce matin…

– Luz a dit que, selon lui, il était évident qu’il allait redessiner le prophète. Pour rendre hommage à ses collègues morts.

– Moi, ça me dérange pas.

– Moi non plus.

– Moi, je veux que vous l’affichiez, M’Dame. Pour rendre hommage. Pour dire que tout le monde est Charlie. Pour la liberté d’expression. pour montrer que, vous, vous êtes Charlie. Parce que c’est une Une qui n’aurait pas dû paraître, parce qu’il y a eu cet attentat. Sans cet attentat, il n’y aurait pas eu le slogan “Je suis Charlie” non plus. Il faut l’afficher parce que, malgré l’attentat, les journalistes ont sorti un numéro : on rend hommage aux victimes.

Afficher un journal dans une classe, ça veut dire quoi ? Est-ce informer ?

– Oui et non. Oui, parce qu’il y a des zélèves qui ne savent pas que cette Une est sortie, donc, il faut les informer. Non, parce qu’il y en a qui peuvent le prendre mal, et là, c’est provoquer. Ce sont des gens qui n’ont pas d’humour.

– L’humour, c’est comprendre que ces dessins de Mahomet, c’était pas pour provoquer, juste pour rigoler. Ce Mahomet-là ne fait plus rire, il fait comprendre la situation de Luz, des journalistes de Charlie aujourd’hui : Charlie Hebdo n’est pas mort, c’est comme un numéro spécial.

– Cette Une, c’est une façon de dire : “On va se battre pour la liberté d’expression, on honore notre ligne éditoriale.”

“Touche pas mon Charlie”

– Votre Charlie, vous le mettez en vitrine, avec des alarmes, M’Dame, pour que personne ne le touche !

Eh bien soit, ma proposition faisant l’unanimité, j’exposerai mon petit prophète devenu icône de la liberté d’expression sur mon panneau d’affichage “revue de presse”. Sans alarme ni vitrine, parce que ceux de Charlie ne l’auraient pas voulu. (et parce que le budget de l’éducation nationale ne permet pas un tel investissement, et surtout pas pour préserver l’intégrité physique d’un petit prophète de papier !) Les zélèves qui s’en sont pris à ma précédente revue de presse en déchirant l’article : “C’est l’Islam qu’on assassine”, sans l’avoir lu, sans quoi, ils n’auraient pas fait de contresens sur ce tetxe, n’auront qu’à bien se tenir.

D’ailleurs, à ce sujet, j’invite tous les Charlie-sceptiques à (re)lire cet article rédigé voici deux ans par trois jeunes zélèves -musulmanes- au sujet de l’engagement de la France au Nord Mali. Ici : https://blogpeda.ac-poitiers.fr/coll-sand-media/?s=c%27est+l%27islam+qu%27on+assassine