Sep
30
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 30-09-2011

Pour les physiciens, tout cela n’est qu’une affaire de liquéfaction. En revanche, pour les censeurs ou les politiciens, les moralistes et les gardiens du temple, ce mot résonne avec de terribels accents apocalyptiques.

La déliquescence de la société, corollaire de celle des moeurs, ne peut que préfigurer de tristeslendemains ou expliquer l’effrayant aujourd’hui. Ce qui est amusant, pour les historiens, c’est de noter que les tablettes d’argile d’il y a 4000 ans, que les textes grecs d’ils y a 2500 ans, que Charlemagne, que le duc de Saint Simon, que de sympathiques vieillards contemporains, ne cessent de mettre en avant cette déliquescence de la société et des moeurs, c’est-à-dire cette décadence complète et cette perte de repères et de valeurs de notre société. Là où la chose vous concernent, chers zélèves, c’est que les jeunes sont, à toutes les époques, les artisans de cette situation où se retrouvent toujours les mêmes critiques, lesquelles s’accordent sur un point ” les jeunes ne respectent plus rien et ne respectent plus les anciens”.

En ce cas, à force d’entendre que “avant c’était mieux”, on en vient à bâtir le mythe de l’âge d’or. Plus encore, si ce triste constat s’établit de génération en génération, cela ne s’expliquerait-il pas par le fait qu’un jour, on ne peut que leur souhaiter, les jeunes deviennent vieux et aspirent à bénéficier d’un peu de respect, de considération, oubliant, comme le disait si bien le Petit Prince, que “toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants mais que très peu d’entre elles s’en souviennent”, finissant ainsi par reprocher à ceux qui sont jeunes, l’attitude qu’eux-mêmes avaient, un demi siècle avant. Cruel jeu de la mémoire.

Sep
23
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 23-09-2011

Ou l’art de tourner autour du pot.

La politesse, l’ignorance, une certaine forme de paresse, ou de lâcheté, l’incompréhension, pour bien des raisons il peut nous arriver de faire des circonvolutions. Ainsi, dans les relations entre adultes, dans les copies, il est possible de trouver de ces phrases qui, pleines de détours, ne disent pas les choses. Plus exactement, elles pensent les signifier, mais de si loin, qu’elles en perdent toute compréhension. Ainsi, dans Un amour de Swann, de Proust, les tantes du narrateur remercient-elles Swann d’un envoi d’une caisse de vin d’une allusion si voilée que personne ne la saisit, ce qui leur vaut de passer, aux yeux de leur propre frère, pour deux personnes fort peu polies bien que d’un excellent milieu!

Il est donc parfois nécessaire de savoir aller droit au but, en dépit des risques que cela peut engendrer. Des phrases précises évitent la déperdition de sens et elles demeurent informatives et efficaces. Certes, mais quel plaisir aussi, que de jouer avec les mots et de les enchaîner au sein de phrases que l’on souhaiterait finement ouvrées. Las, pour y parvenir il faut être Proust ou bien un auteur de notre merveilleux XVIIème siècle français.

Fi donc des circonvolutions, allons au but, il parait qu’un bon article est un court article.

Sep
16
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 16-09-2011

Poursuivons notre voyage au  pays des mots, avec, à la fois, la rigueur de l’ordre alphabétique et la phantaisie de la découverte.

Ce sont les cours de 6ème qui m’inspirent celui de ce soir. Nous abordons, en notre premier chapitre d’histoire, l’Orient Ancien. Comme vous le savez tous, c’est là que naquirent les premières écritures, au milieu du IVème millénaire avant le Christ. Cette naissance, celle de l’écriture, est le point de rupture entre la préhistoire et l’histoire, vous mesurez donc l’ampleur de la chose.

Ainsi, apparurent les pictogrammes, l’écriture cunéiforme, les hiéroglyphes, puis, plus tard, bien plus tard, chez les premiers Grecs et chez les Etrusques, une écriture dite boustrophédon. On écrivait de gauche à droite, puis, arrivé  au bout de la ligne de droite à gauche, à nouveau de gauche à droite, etc.

Nous n’écrivons plus en boustrophédon, en revanche, chez certains la graphie calamiteuse donnerait à croire que les hiéroglypes ou le cunéiforme ont encore de beaux jours devant eux!

Sep
09
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 09-09-2011

Il est évident que le Monde entier attend avec une rare impatience le retour du mot du vendredi, que le Monde se rassure, c’est chose faite. Cette année, nouveau défi, un classement alphabétique dudit mot. J’ose donc pousser la logique à son terme et débute par le A. En outre, afin de célébrer, en toute modestie, l’événement, un extrait musical, qui débute lui aussi par un A, phonétique, ou pas, en fonction de l’orthographe adoptée.

Il suffit d’une lettre pour qu’un souci adolescent, redouté, devienne un objectif à atteindre, pour peu que l’on choisisse bien la définition du mot. En effet acmé a deux acceptions que je cite: “phase de la maladie où les symptômes morbides sont au plus haut degré d’intensité” ou bien “sommet, point culminant”. Dois-je vraiment préciser à quel sens je faisais référence?

Ainsi, en ce début d’année, je ne puis que vous souhaiter d’éviter l’acné mais d’atteindre, en revanche, l’acmé de vos efforts, de vos compétences actuelles, de votre réussite. Notez que nous tendons tous à cet objectif. De fait, vous avez peut-être noté en nos murs, ce jour, la présence de bien des personnes dont vous ignoriez l’identité. Sachez donc que madame le Recteur de l’Académie et d’autres personnes très importantes, nous firent l’honneur de venir se renseigner sur ce qui se pratique, se fait, se vit, se réussit au sein de notre étéblissement classé ECLAIR. Nous étions donc désireux de pouvoir expliquer à quel point nous mettons tout en oeuvre afin de vous permettre de vous réaliser pleinement et d’atteindre ainsi, au moins pour cette année scolaire, votre acmé.

Juin
24
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 24-06-2011

 

La dernière tue.

La dernière heure naturellement.

 Pas seulement celle d’une vie. Celle d’une année scolaire aussi, même si, là, la mort est assez métaphorique.

Merci pour cette année et tous ses instants. Tous furent marquants, d’une manière ou d’une autre.

 Je ne regrette rien, mais, je suis plus classique que la môme Piaf, aussi, pour nous quitter, un extrait d’une oeuvre de monsieur de Sainte Colombe et quelques vers de Racine, extraits de Bérénice:

Je n’écoute plus rien; et pour jamais, adieu.

Pour jamais! Ah, Seigneur, songez-vous en vous-même

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime?

 

Juin
17
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 17-06-2011

Nous évoquâmes ce jour, tant en français qu’en histoire, auprès des 6èIII, le terme de querelle. Pour ma part je fis mention de querelles byzantines. Le terme de ratiocination est un heureux synonyme: ratiociner ce serait un peu couper les cheveux en quatre ou bien discuter du sexe des anges, à moins que vous ne préferiez le terme d’ergoter.

Ratiociner est donc excessif, cela ne serait d’aucun intérêt dans une copie de brevet. En revanche, il serait bienvenu, dans quelques jours, de prouver à vos correcteurs, que vous êtes en mesure de réfléchir, que vous savez penser, argumenter, peser le pour et le contre, sans tomber dans des argumentations stériles ou tarabiscotées.

De même, dans la vie, il est nécessaire de réfléchir, y compris en amour, mais superflu de s’interroger jusqu’au scrupule et de ratiociner. Cela reviendrait à éteindre tout élan de vie. Or, vivre, c’est aussi être dans l’instant, un peu imprévu, afin d’être porté par l’événement que l’on ne peut contrôler. Fi donc de la ratiocination et des ratiocinateurs et carpe diem, mais raisonnablement!

Juin
10
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 10-06-2011

Voici ce que disait Jules César (avec lequel je partage le 15 mars, lui pour sa mort et moi pour la date officielle de ma naissance au monde, mais est-elle vraie…?) en franchissant le Rubicon avec ses légions. Petit rappel, il n’avait pas le droit de rentrer en Italie avec ses troupes armées, or il le fit, afin de se lancer dans la conquête du pouvoir. Par cette phrase, “le sort en est jeté”, il affirmait qu’il ne regardait plus en arrière, ne regrettait rien et se lançait, tête baissée, dans l’avenir.

Cette semaine, avec les conseils de classe, le processus implacable de l’orientation, pour vous et pour nous, le sort en est jeté. Plus rien ne peut désormais être fait pour enrayer le système, la mécanique, les ordinateurs qui broient l’humanité, ce que, finalement, je déplore.

Le sort en est donc jeté, mais il reste encore à réussir pour le brevet. Donc, encore du travail, beaucoup, des révisions, et comme disait Churchill, du sang, des larmes, de la sueur. Bon, d’accord, on enlève le sang.

Courage à tous pour cette ultime ligne droite, je sais certains d’entre vous tendus et à fleur de peau, travaillez, prenez de la peine et les fruits passeront les promesses des fleurs. Ensuite, comme le disait un certain humoriste, Desproges, vous pourrez aller jacter à l’Est.

Juin
03
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 03-06-2011

Ce terme de droit désigne un contrat dans lequel les parties contractantes, en gros, ceux qui signent, ont des obligations réciproques.

Il existe donc entre les professeurs et leurs élèves, de manière tacite, des obligations réciproques. Ainsi, nous vous donnons le meilleur de nous-mêmes, à travers nos cours qui sont le moyen, par des biais divers et variés, de vous transmettre nos connaissances et compétences, lesquelles furent reconnues lorsque nous subîmes les épreuves de nos concours. De votre côté, vous avez à faire ce que nous vous demandons, comme travaux et autres exercices, lesquels sont destinés à entériner le processus de transmission desdites connaissances évoquées plus haut.

Il va de soi que cela peut paraître très neutre dit de la sorte. Or nous savons que les relations humaines, y compris lorsqu’il s’agit de transmettre des connaissances, ne sauraient être totalement neutres. Il faut en effet prendre en compte les particularités et spécificités de tous ceux qui entrent en relation et interaction.

De ces rencontres, à travers le temps des cours, découlent des transmissions de connaissances. Mais il y a plusieurs moyens de transmettre, il y a aussi plusieurs manières de recevoir les informations. Or, s’il n’y a qu’un professeur, il y a plusieurs élèves. Il faut donc varier les situations d’enseignement, afin que chacun y trouve son compte.

Au final, il est évident que les professeurs ont tous envie de voir leurs élèves réussir et les dépasser. Nous faisons de vous des nains juchés sur des épaules de géants, pour reprendre, en toute modestie, une citation du Fulbert de Chartres au XIIème siècle. N’ayez donc pas de craintes. Nous voulons vous voir réussir et cela passe par le programme et bien plus que le programme! Cela passe par la capacité à vous faire grandir en vous donnant de savoir réfléchir et porter un regard critique sur le monde qui vous entoure, ce qui implique, naturellement, que vous remplissiez votre part du contrat, faire ce qui est demandé et vous ouvrir aux suggestions de lecture et autres moyens de vous cultiver. C’est aussi cela éduquer à la liberté.

Mai
27
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 27-05-2011

Il nous faut à tous obvier au quotidien à quantité de phénomènes, de faits, de propos. Il est d’ailleurs délicat et usant de devoir ainsi obvier à tous ce que les autres nous infligent et qui ne fait que s’ajouter à la déjà longue liste de tout ce qui émane de notre être propre.

Le pire, avec ce mot à la sonorité curieuse, est d’ailleurs qu’il peut être considéré comme obsolète ou désuet alors qu’il serait pour nos jeunes  zélèves une salutaire planche de salut. Obvier au sens premier signifie “mettre obstacle”, il est pris dans une acception qui lui donne comme synonyme “prévenir, remédier”.

Je vous livre ici la retranscription d’ un dialogue surpris entre deux zélèves de troisième dans la cour:

– Afin d’obvier à la chute de mes résultats scolaires, je me rends au soutien DNB.

– Tu fais bien. De mon côté j’obvie à ma fatigue croissante en me couchant plus tôt et en ayant une vie plus saine.

-C’est parfait, j’eus cependant souhaité que nous obviions tous deux plus tôt en cours d’année. Nous n’obviâmes que bien tardivement à nos travers respectifs.

-C’est là le fruit de l’inconstance de l’âge, pour reprendre Rimbaud je dirais que l’on n’est pas sérieux lorsque l’on a 15 ans.

Vous le constatez, ô lecteurs, ce verbe est on ne peut plus d’actualité. Veillez donc à le replacer dans une prochaine conversation, après tout, c’est le début de la saison des mariages, puis ce seront les vacances. Afin d’éviter qu’une conversation ne tombe à plat, à table, dans un dîner de famille, au bord de l’eau, avec votre amoureux (se), relancez la, la conversation, pas votre amoureuse, en usant des divers mots de cette rubrique, succès assuré, mais je ne précise pas la forme dudit succès.

Mai
20
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 20-05-2011

Non, le retard de livraison de ce mot du vendredi n’a pas pour cause ma sublimation au sens physique du mot. Je ne me suis pas évaporé, je ne suis pas passé de l’état solide à l’état gazeux, ce qui est le propre de la sublimation.

J’espère qu’au cours de votre oral d’histoire des arts vos solides connaissances ne se sont pas évaporées …, en revanche je sais que certains et certaines se sont liquéfiés, passés du solide au liquide, autre transformation physique, car c’est le propre des grandes émotions que de provoquer larmes et sudation.

Cependant, les émotions ou les sentiments peuvent aussi être sublimés, c’est-à-dire transposés sur un plan supérieur: la colère ou l’agressivité peuvent être sublimées, et détournées en quelque sorte, vers le travail. En sublimant ces sentiments et émotions vous deviendriez des forcenés du travail, imaginez alors le bond de votre moyenne!

Enfin, sublimer, c’est rendre sublime, c’est à dire magnifier les chose. Les amoureux ont cette tendance, fâcheuse ou heureuse, tout est question de point de vue, à sublimer l’autre, à l’idéaliser. C’est le temps de la passion, celui qui ne dure pas. C’est d’ailleurs chose heureuse que la passion, désordonnée par essence, cède le pas à l’amour, plus stable et construit, de ce fait durable.

N’ayons donc pas peur de sublimer dans nos vies, cela fait changer d’état, au sens physique, au sens esthétique, au sens moral et en dépit de quelques risques, le jeu en vaut la chandelle.