Eric-Emmanuel Schmitt est un écrivain français, de l’Académie Goncourt. Voici ce qu’il écrit dans Le Monde ce jour, au sujet de la littérature : http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/05/14/m-macron-soyez-un-president-litteraire_5127419_3232.html
“Aimer la littérature, c’est s’intéresser autant aux ouvriers que décrit Zola qu’à la Princesse de Clèves, autant aux paysans de Sand qu’aux aristocrates de Proust, autant aux libertins de Laclos qu’aux âmes souffrantes de Bernanos, autant au christianisme de Bossuet qu’à sa critique par Diderot. Aimer la littérature, c’est non seulement dépasser les idéologies figées mais franchir les frontières : c’est devenir russe en lisant Dostoïevski, japonais avec Mishima, italien avec Moravia, allemand avec Mann, égyptien avec Mahfouz. La littérature enjambe même les frontières du temps puisqu’elle m’a permis de vivre au Ve siècle av. J.-C. avec Sophocle ou à la renaissance avec Shakespeare et Cervantes.
L’homme qui lit atteint l’universel. Il n’incarne plus un seul groupe, des intérêts précis, une classe sociale, un étage de la société, non, il transcende les définitions et ne connaît plus rien d’étranger. Il épouse le multiple dans sa complexité.” Erich-Emmanuel Schmitt (Le Monde).
C’est si juste : l’homme qui lit n’a pas peur de l’étranger, l’homme qui lit connaît le monde et son Histoire, parce qu’il voyage.
Cette tribune s’adressait à M. Macron, dont on dit qu’il aime la littérature, les mots choisis : l’écrivain E.E. Schmitt implore le nouveau président d’être, en effet, un amoureux de la littérature, pour restaurer l’image d’un président littéraire, lettré. Ah, si tous mes zélèves pouvaient tout à coup aimer lire…
Hannah Arendt est née en 1906 en Allemagne, Hannah Arendt brillante étudiante juive de Martin Heidegger, assiste à la montée du nazisme et s’engage avant de choisir l’exil en 1933. Une expérience fondatrice qui imprégnera sa pensée et l’amènera à analyser l’essence des totalitarismes. Ardente avocate de la pluralité, de la dignité et de la dignité et de la désobéissance civile, attitude qu’elle estimait être un devoir,face à la violence de l’Etat.
Un film a été adapté en fonction de l’histoire d’Hannah Arendt.
Installée aux Etats-Unis, Hannah Arendt apprend la tenue du procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem.L’homme est responsable de la déportation de millions de juifs vers les camps d’extermination.Elle propose ses services au New York Times afin de couvrir le procès sur place.La philosophe juive allemande se plonge, alors dans le dossier.Elle publie une série d’articles exposant sa nouvelle théorie “la banalité du mal”.Elle sort également un livre.Mais ses propos provoquent une vive controverse. Hannah Arendt se retrouve confrontée à l’incompréhension des lecteurs.
Une phrase qui m’a marquée lors d’une conférence d’Hannah Arendt:
“Il Prétendait n’avoir jamais rien entrepris de sa propre initiative sans cesse.Qu’il n’avait jamais eu l’intention sous aucune manière de faire du bien ou le mal.Qu’il n’avait fait qu’obéir aux ordres.”
A l’attention du prix roman 2016, nous devons lire tous quatre livres et donner personnellement notre vote pour celui que l’on a préféré. Le premier livre que j’ai lu est L’apache Aux Yeux Bleus. C’est donc de lui que je vais vous parler.
“L’Apache Aux Yeux Bleus” raconte l’histoire d’un jeune garçon nommé Herman, vivant en Amérique au temps des Indiens. Herman est un garçon qui aime s’amuser et faire des bêtises. Alors qu’il sort dans les champs pour chasser les corbeaux, ils se fait enlever par un clan d’apaches. Les apaches l’emmènent loin de chez lui, loin de sa famille. Le jeune garçon tente de s’échapper mais aucune de ses tentatives ne fonctionne. Il abandonne finalement l’idée de rentrer chez lui, au vu de toute ses tentatives ratées.
A son arrivée, il se fait torturer par un adolescent apache nommé Chiwat et ne comprend pas la langue apache. Avec un peu d’expérience, il comprend qu’il n’a pas vraiment été enlevé : le chef du clan, Carnoviste, a enlevé Herman pour l’offrir en cadeau d’anniversaire à sa femme qui n’a pas d’enfants. Il comprend donc qu’il est destiné à devenir un enfant de chef apache. Le lendemain, il est réveillé par les coups de Chiwat qui lui demande de faire des tâches peu sympas comme couper de bois, aller chercher de l’eau… et à chaque fois qu’il faisait son travail, Chiwat le tapait et saccageait son travail pour qu’il recommence. Il en avait marre.
Un jour par an, une grande fête en l’honneur du clan était célébrée. Herman s’était faufilé et et s’était enfui. Personne ne s’en est rendu compte. Mais Herman n’a pas pu aller bien loin car un serpent à sonnette lui a barré la route et il s’est fait rattraper par les membres du clan. Il a finalement compris que sa vie était faite pour se terminer dans ce clan. Et puis, personne n’était jamais venu le chercher.
Plusieurs années plus tard, Herman avait bien progressé est était prêt à faire son premier Raid. Un Raid, c’est deux petites journées où les meilleurs guerriers du camp partent pour voler nourritures, chevaux… aux Visages Pâles (les blancs). Il avait attrapé un cheval majestueux et Carnoviste avait autorisé Herman à le garder. Une fois rentrés, ils furent acclamés et Herman avait tellement progressé qu’il a gagné son nom indien : “En Da”. Et tout le monde acclama En Da.
La suite, lisez-la 🙂
Ayant lu les trois autres œuvres, c’est de loin celle-ci que je préfère. C’est une histoire assez longue mais très complète, avec beaucoup d’aventures, de rebondissements et de chutes. Personnellement, j’adore cette histoire et vous la conseille fortement, surtout pour ceux qui aiment lire. C’est parfait !
Inspiré de l’histoire vraie d’Herman Lehman, kidnappé par des apaches en 1870. Il n’a alors que 11 ans et vivra neuf ans au sein de cette tribu, gagnant le respect de tous, ou presque, par son courage, son intelligence et son adaptabilité, devenant même En Da, le meilleur voleur de chevaux. En 1879, il retrouvera sa famille biologique lorsque les indiens ont été contraints d’abandonner le combat et de rejoindre les réserves… J’ai tout simplement adoré ce roman !
Un secret, un roman de Philippe Grimbert, un film de Claude Miller
Révélé au grand jour en roman puis en film, le secret de famille de Philippe Grimbert lui aura donné une enfance difficile, jusqu’à ce qu’on lui révèle un frère décédé caché et d’autres choses. . Une histoire de jalousie touchant un couple juif durant la seconde guerre mondiale n’est bonne pour personne, surtout quand un enfant est impliqué. Le bilan finit toujours par être lourd, chargé parfois de défunts…
Parfois, les adaptations d’un roman en un film sont catastrophiques, mais ce n’est pas le cas d’ « un secret ». En effet, le choix des acteurs du film est pertinent et respecte les personnages, bien qu’on eût pu imaginer différemment certains personnages, comme Tania, la mère du narrateur, décrite comme brune et interprétée par une actrice blonde. Cependant, l’actrice en question est tout de même sportive et très belle, comme la mère du narrateur. Le choix n’est tout de même pas mauvais, même si Tania dans ce film n’a pas un air très sémite.
Louise, voisine et amie de la famille du narrateur, est une femme forte, un peu âgée et physiquement diminuée au niveau de sa jambe. Dans le film, Louise n’est nullement diminuée ou âgée, au contraire : on trouve une femme forte moralement mais pas faible physiquement.
Cependant, le choix des acteurs est bien respecté : même si l’on n’avait pas imaginé les personnages comme ils sont, ils sont très bien dans le film.
Le respect de l’histoire, aussi voire plus important que le choix des acteurs !
L’histoire est très bien mise en scène dans le film « Un secret ». Des scènes sont certes ajoutées, mais nécessaires à la compréhension du récit, comme une scène de dispute de famille concernant le port de l’étoile jaune, ou la lecture des lettres des personnages principaux.
La scène du début, où l’on voit le narrateur avec un patient, n’est pas dans le film, mais l’on nous met en scène le fait que le narrateur a fait de ses souffrances une force.
Un personnage féminin du film, qui aurait pu avoir une histoire d’amour avec le narrateur, n’est nullement présente dans le roman. Elle est cependant l’un des premier rouage d’une chaîne de réactions qui va mener le narrateur à se battre, puis à découvrir le secret qui hante sa famille.
De plus, aucun dialogue n’est présent dans le livre, ce qui aurait été périlleux dans un film. Ils sont alors tous inventés, mais tous pertinents.
Les différences entre le livre et le film sont minimes, mais pas forcément néfastes.
Un récit dans un récit dans un récit : une mise en abîme compliquée, mais mise en scène.
Dans le film « un secret », on suit le narrateur adulte dans des scènes en noir et blanc avec peu de dialogues (une voix off dit des phrases du livre) tout au long du récit en couleur, histoire premièrement du narrateur enfant, puis de celle de son frère imaginaire, qui a finalement existé, mise en scène comme un récit classique, avec des dialogues et un fil rouge, jusqu’à la fin du récit, se terminant sur une scène se passant de nos jours, mais en couleur et avec dialogue et voix off.
Au final : plutôt le livre ou plutôt le film ?
J’ai adoré le film « un secret », très bien mis en scène et extrêmement beaux. Le choix et le jeu des acteurs sont très bons, y compris pour les enfants, ou les personnages secondaires. Le récit est très bien mis en scène, et les dialogues sont très pertinents. Cependant, je clame haut et fort préférer le livre : Dans le livre, le narrateur s’adresse à nous, lecteur, même sans nous apostropher, et je ne trouve pas cette sensation dans le film, où nous sommes juste spectateur (ce qui est normal). De plus, je préfère imaginer moi même les scènes d’un livre plutôt qu’on le fasse à ma place : chaque personne a son interprétation d’un livre, d’une histoire. Ainsi, je préfère le livre « un secret » à son adaptation.
Article écrit par Julia et Alix (3ème3)
ACTE UNIQUE
Ce matin, nous avons rencontré l’auteur du livre « Double jeu », livre que nous avons découvert dans le cadre d’une rencontre littéraire avec la classe de 2nd 5 du lycée Edouard Branly de Châtellerault. Lors de la rencontre, nous avons pu lui poser quelques questions.
Double jeu, un roman autobiographique ?
Ce livre n’est pas une référence à son passé, mais le personnage principal, Quentin a quelques similitudes avec lui. Venant d’un lycée de campagne, arrivant dans une grande Prépa Parisienne, il a pu constater la différence des classes sociales, et a eu un peu de mal à s’intégrer avec les « bourgeois ». De plus, il s’identifie à son héros sur certaines de ses réactions.
C’est sa femme qui a choisi le titre « double jeu » qui lui plait bien dans la mesure où on peu aussi l’écrire “double JE” ce qui correspond pas mal au livre avec le jeu d’une double appartenance aux deux milieux sociaux, ainsi que le flou qui se crée entre Quentin et son rôle dans la pièce de théâtre, Tom. Le terme jeu fait aussi faire allusion au jeu de théâtre.
Ecrivain, une vie consacrée à l’écriture : “Je ne comprends pas qu’on n’ait pas envie d’écrire !”
Il a commencé à écrire à 7 ans avec des petits poèmes, son premier roman à 17 ans après plusieurs écritures de nouvelles et a été publié pour la première fois à 38 ans ; il a pris du temps à trouver son style. Pour écrire en plus de sa profession de prof, il écrit une heure par jour. M. Blondel, qui écrit et des romans ados et des romans adultes, n’a aucune préférence entre les deux genres.
Lorsqu’il écrit, il ne fait pas de plan, il écoute une musique en boucle jusqu’à la fin de son livre, et l’histoire vient comme elle vient… Il établit quand même une première histoire, et réécrit la même histoire.
Les élèves de ses classes, sa source d’inspiration
Ses livres sont inspirés la plupart du temps par ses élèves car, comme il dit, « le métier de prof est un métier d’observateur », son métier le passionne. Les élèves sont sa source d’inspiration et d’énergie. Il considère qu’il y a un contrat de double protection entre lui et ses élèves. Quentin n’est pas la représentation d’un de ses élèves précisément. Il est proche des élèves mais considère que la relation entre La Fernandez (la prof de français du roman) et Quentin est dangereuse, il cherche avec ses élèves une relation plus simple, pas le rôle d’un mentor et de guide. Et puis n’a jamais connu de relation comme celle là.
Comment choisissez-vous le prénom de vos héros ?
Le choix de tous les prénoms de ses livres est tiré de sa salle de classe. Le prénom de Quentin lui donne une impression de moyen âge, médiéval, il joue donc sur le prénom de ce jeune qu’il voyait bien venir de la banlieue. Il joue toute autant sur le nom de La Fernandez qui donne un ton plutôt espagnol mais qui est en fin de compte prof de français. Son inspiration, c’était la prof de latin de sa fille… Heathcliff est le héros des Hauts de Hurlevent, mais surtout, le prénom d’un des élèves du lycée dans lequel M. Blondel enseigne !
Pourquoi avoir choisi de faire référence à une pièce de théâtre dans ce roman ?
Il fait le choix de prendre La ménagerie de verre, pièce de théâtre de Tenessee Williams qu’il a découverte à 21 ans car cette pièce colle bien au personnage, à l’adolescence et définit le combat de tous entre le choix de rester ou de partir de sa ville natale. Cela créé un mélange entre le théâtre, donne une impression d’oralité et nous fais nous poser des questions sur nous même.
Il nous a expliqué que les passions des personnages sont tirées de ses envies qu’il n’a pas pu nourrir, comme être chanteur ou même peintre. Il considère que chacun doit trouver son moyen d’expression, son domaine. Il est important d’avoir des passions.
Pas de suite à l’histoire de Quentin ?
Il n’écrit jamais de suite à ses romans. Il met environ 6 mois pour écrire des romans jeunesses et 9 mois pour les romans adultes. Il éprouve un plaisir intense à écrire, pour lui ce n’est pas un travail mais une passion, un moment où il est seul avec lui-même, écrire lui permet de figer le temps comme une photographie tout en gardant l’action d’une histoire « le texte est vivant et vit en chacun de nous ». L’écriture ne nuit pas à sa vie de famille.
Adapter un de vos romans pour le cinéma, ça vous tente ?
Il ne laissera que l’un des ses anciens élèves faire un film d’un de ses livres : “le fric ne m’intéresse pas”, dit-il. Il a été approché par des réalisateurs professionnels pour adapter son récit autobiographique, mais attend qu’un de ses anciens élèves, devenu réalisateur pour le cinéma, lui demande d’adapter son roman.
Quelle impression éprouvez-vous quand vous commencez à écrire un nouveau roman ?
Quand il commence l’écriture d’un roman, il a une impression de maître du monde, de voir un décor se déplier, d’être comme dans le chemin de traverse de Harry Potter, arriver dans un nouveau monde.
Il n’écrit qu’en français, c’est sa langue intime, même s’il est prof d’anglais.
Rideau
Depuis 1990, la réforme orthographique approuvée par l’Académie Française n’a jamais été réellement suivie. “Oignon” sans “i”, suppression de certains accents circonflexes : à la rentrée prochaine, les enseignants devront, enfin, appliquer cette réforme. 2.400 mots courants vont être changés, en voici 10 exemples.
Oignon : ognon
Nénuphar : nénufar
S’entraîner : s’entraine
Maîtresse : maitresse
Coût : cout
Paraître : paraitre
Week-end : weekend
Mille-pattes : millepattes
Porte-monnaie : portemonnaie
Des après-midi : des après-midis
Source : http://lci.tf1.fr/france/societe/reforme-orthographique-10-mots-qui-vont-changer-a-la-rentree-8712574.html
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)
Article écrit par Aloïs, élève de 3ème option media.
Dans le cadre d’un projet de littérature et société pour les 3èmes et les 2ndes, Mmes Dibot et Mayer nous ont proposé de choisir un des cinq livres proposés, et de le lire durant les vacances. J’ai lu “Bacha Posh”, et c’est donc de ce livre que je vais parler.
Bacha Posh, livre écrit par Charlotte Erlih, raconte l’histoire de Farukhzad, une jeune fille afghane travestie par ses parents dans le but de prendre la place du frère inexistant. C’est une tradition, en Afghanistan, dans les familles qui n’ont pas de garçon, de travestir une de leurs filles jusqu’à sa puberté : ainsi, l’honneur de la famille est sauf !
Cette dernière est forcée de “redevenir une jeune fille” après sa puberté. Elle ne peut plus sortir seule, faire du sport… Capitaine d’une équipe prometteuse d’aviron, elle fera tout pour avoir le droit de mener son équipe aux Jeux Olympiques.
Dans certains pays, tels que l’Afghanistan et le Pakistan, des familles n’ayant pas eu de fils travestissent l’une de leurs filles pour lui faire prendre le rôle du frère. Elles ont les même droits que les garçon, les même vêtements, un nom masculin. Tout est fait pour que l’entourage croie que la famille a eu un fils. Cela dure jusqu’à l’adolescence ou la naissance d’un garçon. Elles sont alors forcées à se voiler, à ne plus sortir seule, à renoncer à tous les droits auxquels elles avaient le droit auparavant.
Ce livre était facile et rapide à lire, c’était écrit gros. L’histoire est intéressante, on s’attache au personnage de Farukhzad. Il y a des passages en italiques, correspondants au journal intime de cette dernière. On voit sa manière de réagir à sa nouvelle situation où son seul droit est de se taire. Elle n’a plus le droit d’avoir de moments privilégiés avec son père, moments de lecture, d’apprentissage du français. Elle est obligée “d’abandonner” son équipe d’aviron, qui venait de recevoir un nouveau bateau, et qui pensait participer aux jeux olympiques. Obstinée, elle cherchera des moyens de continuer ce sport, se servant même de sa sœur de cinq ans, Bacha Posh à son tour, pour sortir. Farukhzad donnera même des conseils à son nouveau”frère” pour paraître le plus garçon possible. Finalement, son père l’autorisera à continuer son rôle de Bacha Posh, jusqu’aux jeux olympiques, grâce à l’argument que ce sera une période d’entraînement pour sa sœur Bacha Posh. Son secret sera cependant découvert, et elle partira de chez elle.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire qui raconte le combat d’une adolescente pour obtenir ce qu’elle veut et qui est parfaitement juste et logique. Ce qu’elle veut, ce sont les mêmes droits que les garçons. Aujourd’hui, il est aberrant qu’une famille soit déçue de n’avoir que des filles. Certes, en France, nous sommes très chanceuses, bien que des inégalités demeurent, mais si on s’ouvre vers les autres pays, on voit que la femme est très opprimée. En Chine, à cause de la politique de l’enfant unique, beaucoup sont abandonnées. Dans les pays des Bacha Posh, elles doivent se cacher, ne jamais sortir seules, se taire. Certaines personnes sont encore persuadées que le rôle de la femme est de donner un fils, un héritier à son mari. Mais nous sommes égales aux hommes. Nous sommes peut être moins fortes physiquement, mais nous avons les mêmes capacités. Nous devons avoir les mêmes droits que les hommes. C’est une question d’égalité, de justice.
Ce livre m’a fait réfléchir et m’a appris beaucoup de choses. Je l’ai vraiment beaucoup apprécié.
Les jeunes aiment les mangas parce que c’est simple à lire, c’est court, c’est cool et c’est drôle.
Il y a plusieurs types de mangas :
– le Shôjo (plutôt pour les jeunes filles adolescentes) Fruite basket
– le Shônen (plutôt pour les jeunes garçons adolescents) One piece Naruto
– le Josei (plutôt pour les jeunes femmes et adultes)
– le Seinen (plutôt pour les jeunes hommes et adultes)
Alors, Mme Dibot, êtes-vous convaincue que les Japonnais(es) ne font pas que des bons sushi ?
Ils font de très bon mangas, je les aime bien.
Hugo Monin
Voilà bien quelque chose qui me va comme un gant.
Ce titre est celui d’un recueil de poèmes de Victor Hugo, que je retrouve pour le moment, et sur lequel, l’âge aidant, je porte un nouveau regard. Il faut dire qu’il y a de sidérantes coïncidences à ne surtout pas manquer de saisir. Ainsi, tout à l’heure, benoîtement assis dans un jardin, je lus: “quoi, le mal est partout! Je regarde une rose et je suis apaisé.” Et c’est vrai! Les fleurs me font cet effet, mais je suis bien convaincu que tout le monde n’est pas si sensible au charme des roses. Que l’on songe cependant à la rose du petit Prince, oh, elle n’était pas facile, cette rose, mais c’est car elle était passionnée! Nous en reparlerons au cours de nos vendredis. Je laissai donc le volume un instant et me pris à songer, tendance Rousseauiste évidente, puis, reprenant la lecture je trouvai ces vers, sublimes et si vrais, du poème L’autre.
Viens, mon George. Ah ! les fils de nos fils nous enchantent,
Ce sont de jeunes voix matinales qui chantent.
Ils sont dans nos logis lugubres le retour
Des roses, du printemps, de la vie et du jour !
Leur rire nous attire une larme aux paupières
Et de notre vieux seuil fait tressaillir les pierres ;
De la tombe entr’ouverte et des ans lourds et froids
Leur regard radieux dissipe les effrois ;
Ils ramènent notre âme aux premières années ;
Ils font rouvrir en nous toutes nos fleurs fanées ;
Nous nous retrouvons doux, naïfs, heureux de rien ;
Le coeur serein s’emplit d’un vague aérien ;
En les voyant on croit se voir soi-même éclore ;
Oui, devenir aïeul, c’est rentrer dans l’aurore.
Le vieillard gai se mêle aux marmots triomphants.
Nous nous rapetissons dans les petits enfants.
Et, calmés, nous voyons s’envoler dans les branches
Notre âme sombre avec toutes ces âmes blanches.
Emotion intense.
Le recueil dresse en fait le constat que nous faisons tous, que la littérature et le cinéma ne cessent de mettre en avant: il est plus aisé d’être grand-parent, que parent, puisqu’ on est dispensé de l’aspect “autorité” et seul la complicité a droit de citer, enfin, normalement…
Allons plus loin cependant et, pour l’heure, j’ose la comparaison avec le monde de l’enseignement. Avez vous songé, ô lecteurs, que le professeur dans sa salle, surtout si ledit professeur est installé dans l’établissement, a sa salle, et quantité d’autres petites manies que les zélèves se transmettent de génération en génération, est le seul, oui, le seul à vieillir dans ladite salle! La peinture s’écaille, les photographies jaunissent, les cartes sont dépassées, de nouveaux objets apparaissent, supplantant le tableau noir et sa craie centenaire, mais les zélèves, les zélèves, eux, ne changent que par le vêtement et les expressions à la mode, ils sont l’éternelle jeunesse, l’éternelle adolescence en bute au monde des adultes, en révolte face à ses parents et à l’autorité, et, d’année, en année, le pauvre prof, vieillissant, doit faire face. Survient alors le jour où il a l’âge d’être votre grand-père ou grand-mère, il s’en rend compte lors des réunions où les parents disent, “vous vous souvenez, vous m’avez eu en classe!?”
J’ai encore, comme le chantait Reggiani, un peu de temps, mais de moins en moins avant cela, car cela fait déjà plusieurs années que je me rends à des mariages d’anciens zélèves, que je découvre, au cours de vacances où les nouveaux couplent me reçoivent, à moins que ce ne soit le contraire, des épouses ou des époux, puis des enfants, que ces derniers rentrent à l’école et je mesure alors à quel point le temps passe…
Le plus curieux est bien que, dans au moins deux cas de figure, qui concernent donc 4 élèves, je serais en mesure d’expliquer à leurs enfants comment j’ai vu leurs parents, en seconde, commencer à sortir ensemble, puis rester ensemble …
Avouez donc qu’avec de tels souvenirs en tête, je ne puis que faire preuve d’un sentimentalisme béat en lisant ce brave Victor.