En automne 1609, GALILEE (1564-1642) dispose d’une lunette de grossissement modeste (x 3 seulement) qu’il a perfectionnée à partir d’un modèle venu de Hollande. Il polit alors des lentilles afin d’améliorer cette lunette, atteignant un grossissement de 30. Le soir du 7 janvier 1610, peu après la nuit tombée sur Padoue (à 35 km à l’Ouest de Venise), il observe vers l’Est : la pleine Lune éclaire l’horizon mais Jupiter est bien visible à une distance angulaire de 10° environ, dans la constellation du Taureau. Dans le champ de sa lunette, Galilée constate une disposition surprenante : le disque de Jupiter est aligné avec 3 étoiles, deux à gauche et une à droite (il pense alors que ce sont des étoiles du fond du ciel) et prend soin de noter cette configuration [ * * O * ]. Le lendemain 8 janvier, Jupiter est encore aligné avec les 3 étoiles, mais est placé à leur gauche [ O * * * ]. Cette disposition est pour le moins gênante dans son esprit car Galilée sait que, depuis trois mois, Jupiter a un mouvement rétrograde et se déplace d’Est en Ouest, donc de gauche à droite devant les étoiles. Comment se fait-il que ce soir-là, Jupiter soit situé à gauche des 3 étoiles, comme l’y aurait conduit un mouvement direct ? La lunette de Galilée possède un oculaire divergent qui n’inverse pas l’image, au contraire de la lunette astronomique que KEPLER (1571-1630) proposera dès 1611 mais qui ne sera réalisée que vers 1650. Galilée décide de poursuivre cette recherche. Le 9 janvier, le ciel est couvert mais le 10, Jupiter est visible à droite de seulement deux étoiles [ * * O ], de même que le 11 janvier et il comprend enfin ses observations : les 3 points brillants proches de Jupiter dans le champ de la lunette ne sont pas des étoiles du fond du ciel mais des objets tournant autour de Jupiter. Le 13 il en voit quatre et Galilée poursuit ses méticuleuses observations pendant 54 jours avant de publier son Sidereus noncius (le Messager céleste) le 12 mars 1610. Il honore son futur protecteur, le grand-duc de Toscane Cosme II de Médicis, à Florence, en nommant « astres médicéens » les compagnons de Jupiter (on les appelle aujourd’hui satellites galiléens). Galilée vient donc de découvrir que des astres tournent autour d’un centre qui n’est pas la Terre ! Or, le modèle géocentrique impose à tout astre de tourner autour de notre planète… Et si COPERNIC (1473-1543) avait raison ?