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Classé dans (Revue de presse) par Agnès Dibot le 18-09-2014

Notre tout nouveau tout beau ministre de l’économie, Emmanuel Macron, parlait hier, lors d’une interview, d’ouvrières en situation d’illettrisme : le mot a choqué bien des gens, semble-t-il, à lire la presse. Il n’en fallait pas moins pour qu’on entende des voix s’élever contre les politiques, cette “caste, cette élite, ces énarques…”. Qui parlait de “la France d’en haut, de la France d’en bas”, déjà ? La France qui se lève (les travailleurs), celle qui ne se lève pas (les chômeurs) : un certain président de la république d’avant… Les mots malheureux sont légion, en politique. On pourrait les recenser…  Mais à quoi bon ? La politique, c’est un métier d’équilibriste : parler, c’est prendre le risque de prononcer des mots malvenus… “Illettré” a choqué. Dont acte.

Tenez, cela me rappelle les notaires, qui défilaient hier dans les rues de Paris (une première pour cette profession !), et qu’on a traités de “nantis, de rentiers, de privilégiés”. Ceux qui, parmi les manifestants, répondaient aux questions des journalistes déploraient un malaise : voilà qu’on leur reproche de gagner leur vie, mais attention, tous ne roulent pas sur l’or, et leur profession est un service public rendu au citoyen… Eh oui, le Droit, c’est complexe : allez donc apprendre le Code Civil par coeur…

Un métier au service des “petites gens”, disait l’un, avant de se reprendre, l’expression pouvant choquer. Les media relaient l’indignation des citoyens devant le mot “illettré”, devant la mobilisation des notaires : et les commentaires vont bon train… Ce qui pourrait être un autre sujet de réflexion pour nos zapprentis “journalistes” : écrire un commentaire sur un blog, un site Internet, un journal de collège (vous me suivez ?), ce n’est pas anodin, et on doit peser ses mots avant d’écrire… Il arrive que les Gentils Modérateurs de votre Torchon aient à supprimer des commentaires d’élèves, à envoyer à la corbeille des mots qui, certainement, dépassaient la pensée de leurs auteurs…

Revenons à notre mouton :

Qu’est-ce que l’illettrisme ? 

“L’illettrisme désigne l’état d’une personne qui a été scolarisée mais que cet apprentissage n’a pas conduit à la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul ou que cette maîtrise a été perdue1. L’illettrisme est une forme particulière de l’analphabétisme. L’illettrisme relève de l’accès au sens des écrits. 

Le mot illettrisme est un néologisme créé en 1978 à partir du terme « illettré » (issu du latin illitteratus signifiant « ignorant ») afin de désigner les seuls Français2, sortis en situation d’échec de l’école, ayant une connaissance insuffisante de l’écrit, perdue faute de pratique, par désocialisation

En 1995, le Groupe permanent de lutte contre l’illettrisme (GPLI) propose la définition suivante4 : « Le GPLI considère comme relevant de situations d’illettrisme, des personnes de plus de seize ans, ayant été scolarisées, et ne maîtrisant pas suffisamment l’écrit pour faire face aux exigences minimales requises dans leur vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle. Ces personnes qui ont été alphabétisées dans le cadre de l’école, sont sorties du système scolaire en ayant peu ou mal acquis les savoirs premiers pour des raisons sociales, familiales ou fonctionnelles, et n’ont pu user de ces savoirs et/ou n’ont jamais acquis le goût de cet usage. Il s’agit d’hommes et de femmes pour lesquels le recours à l’écrit n’est ni immédiat, ni spontané, ni facile, et qui évitent et/ou appréhendent ce moyen d’expression et de communication ».

En 2003 l’ANLCI reformule la définition5 : « L’illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples. Pour certaines personnes, ces difficultés en lecture et écriture peuvent se combiner, à des degrés divers, avec une insuffisante maîtrise d’autres compétences de base comme la communication orale, le raisonnement logique, la compréhension et l’utilisation des nombres et des opérations, la prise de repères dans l’espace et dans le temps, etc. Malgré ces déficits, les personnes en situation d’illettrisme ont acquis de l’expérience, une culture et un capital de compétences en ne s’appuyant pas ou peu sur la capacité à lire et à écrire. Certaines ont pu ainsi s’intégrer à la vie sociale et professionnelle, mais l’équilibre est fragile, et le risque de marginalisation permanent. D’autres se trouvent dans des situations d’exclusion où l’illettrisme se conjugue avec d’autres facteurs. » (source Wikipedia)

Voici un article intéressant à consulter, afin de s’informer sur l’illettrisme en France : http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/macron-et-l-illettrisme-pour-combattre-le-probleme-il-faut-accepter-de-le-nommer_1576825.html