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Classé dans (Correspondance) par Agnès Dibot le 20-01-2011

Chers zélèves,

S’il est assuré que les voyages forment la jeunesse, il est hélas moins sûr qu’ils forment le citoyen… En tout cas, preuve sera faite aujourd’hui qu’ils abattent les professeurs : hors service : aphone, grippée, plus de professeur de français aujourd’hui. Il faudra donc en passer par les deux heures d’étude redoutées par certains hier.

Un vieil adage dit que les voyages forment la jeunesse : nous comptions, avec ce voyage-ci, former 20 citoyens. Nous dirons qu’à nos yeux, l’objectif est atteint pour une grande partie de vous. Mais quelques irréductibles, hélas, auront réussi à laisser aux professeurs encadrant ce séjour un goût amer. Déception pour des enseignants qui ont préparé ce voyage, qui ont donné beaucoup de temps pour le préparer, pour l’encadrer, dans le but d’offrir aux jeunes que vous êtes une occasion rare de visiter un haut lieu de la citoyenneté : le Parlement européen.

Aux quelques élèves avec qui il a  été possible de discuter librement pendant ce voyage, j’expliquais que, pour l’adulte que je suis, cette visite était extraordinaire : pour moi aussi, c’était une initiation, et j’ai goûté chaque intervention, chaque explication, chaque phase de cette matinée au Parlement  avec intérêt et reconnaissance.

Ce ne fut pas le cas de tous les élèves : hélas, certains ont montré qu’ils n’ont aucune conscience de ce qu’est un projet pédagogique, ceux-là se sont montrés consommateurs avant tout. Consommateurs : le voyage étant gratuit pour chacun, il eût été de bon ton de voir chaque élève conscient de la chance qui lui était offerte.  Au lieu de cela, nous avons vu certains élèves (une minorité fort heureusement) se montrer irrespectueux.

Les voyages scolaires sont, en règle générale, une occasion pour les élèves et les professeurs de se rencontrer, de discuter, d’apprendre à se connaître. Hélas, il fut, avec quelques élèves, impossible d’établir quelque communication que ce soit :  chaque parole fut une agression verbale, un reproche, une critique. Et, pour finir, deux altercations fortes dans le bus lors du voyage retour.  Ces deux altercations laisseront un goût des plus amers à vos enseignants, croyez-le bien.

Fort heureusement, ces moments difficiles s’effaceront vite, pour ne laisser la place qu’aux bons souvenirs. Ne resteront que les moments agréables : les coups de faim de Lukas, les grimaces de Noémie, l’oreiller doudou de Julie, la franchise d’Anissa, l’humour de Jofrey, le bonjour de Mazarine à 5 heures du matin (!), les sourires de Manon, le regard émerveillé de Cora au parlement,  l’inquiétude de Fatoumata quant à l’humeur de M. Mastorgio assombrie par l’indifférence de certains aux explications de la visite touristique de Strasbourg, le plaisir de la visite des boutiques souvenirs avec celles et ceux qui tenaient à rapporter à leurs proches une bricole pour marquer ce voyage, le sourire de M. Mastorgio quand vous lui avez offert son cadeau, le sérieux de Moustoifaïni,  l’amabilité douce et prévenante d’Alexandre le grand,  le rire, la bonne humeur et les photos de Mazarine, la jovialité du trio Julie-Lukas-Mazarine, le début d’Alzeihmer de Joffrey, la séance coiffure lissage de cheveux menée par Moutoifaïni dans les sanitaires de l’auberge de jeunesse, la conversation avec Anissa au sujet de la nourriture halal… J’en oublie très certainement, mais tous ces petits moments resteront, finalement, liés à ce séjour avec vous : on aura tôt fait d’oublier les mauvais moments.

Nous attendons de vous, à présent, un dossier spécial Strasbourg : le travail que vous aurez à fournir pour lundi sera diffusé sur ce blog dans la journée. Merci de votre indulgence : professeur aphone, fiévreuse, donc travaillant au ralenti.

Votre (vieille) Rédaction.