L’Europe, union des peuples

Quand les élèves de la classe media du collège George Sand visitent le Parlement européen

E-pous-tou-flant !

Ce mardi 18 janvier, notre classe media était l’invitée de Bernadette Vergnaud, députée européenne (région Poitou-Charentes) au Parlement européen : une matinée enrichissante qui restera dans nos mémoires.


Une subvention allouée au collège George Sand par l’Union Européenne, à l’initiative de Bernadette Vergnaud, députée européenne de la circonscription grand Ouest, et c’est nous, la classe media, qui faisons nos valises pour Strasbourg, accompagnés de quatre élèves déléguées au Conseil d’Administration, encadrés par notre professeur de français et notre professeur d’Histoire.

Notre visite au Parlement s’est déroulée en trois temps : un accueil par Antonis Kaïlis, administrateur au Parlement, et chargé de l’accueil des groupes invités par Bernadette Vergnaud. Deuxième temps, une rencontre avec Bernadette Vergnaud, troisième temps : une petite heure dans l’hémicycle du Parlement ! Si les photos n’y avaient pas été interdites, nous en aurions pris, tant il était impressionnant d’y être.

Qu’est-ce que l’Europe ?

C’est l’union de 27 états, donc de 27 peuples, ce sont plus de 500 millions d’habitants liés entre eux : « l’union de 500 millions de citoyens », dit A. Kaïlis. Faire partie de l’Europe se mérite : les pays adhérant au projet européen doivent remplir des conditions telles que la laïcité, la séparation des pouvoirs (pas de militaires à la tête de l’état), l’absence de régime dictatorial, entre autres. Adhérer à l’Union Européenne, c’est partager des valeurs communes : justice, égalité, solidarité, paix…

Quel est le rôle du Parlement européen ?

Le rôle de cette institution est de surveiller le respect par les peuples adhérants des valeurs communes, et de sanctionner, le cas échéant, un pays contrevenant. Par exemple, quand la France, en 2008, tardait à appliquer une directive européenne sur les nitrates dans les eaux souterrainnes, la Commission européenne lui a imposé une lourde amende et deux condamnations en cour de justice. La France a immédiatement corrigé son attitude. Un autre exemple : cet été, la Commission européenne a émis un avertissement à la France au sujet du « renvoi aidé » des Roms : en effet, le Commission avait observé que des trafiquants organisaient un trafic entre la Bulgarie et la France : les 300 euros d’aide au retour faisaient l’objet de confiscations par des trafiquants. L’UE était inquiète. Elle a néanmoins reconnu à la France le droit d’appliquer sa propre législation.

Les députés qui siègent au Parlement ont pour mission de commenter, amender et voter les lois proposées par la Commission européenne, présidée par M. Baroso. Par exemple, des lois sur l’étiquetage des produits alimentaires, des contrôles sur l’amiante, des contrôles de produits toxiques dans la chaîne alimentaire. Le rôle du Parlement est d’informer et de protéger les citoyens.

Dans l’hémicycle à Strasbourg ce mardi 18 janvier

Dans l’hémicycle, le débat porte sur le bilan de la présidence belge. Les euro-députés ont un temps de parole limité (gare à ceux qui le dépassent : ils sont rappelés à l’ordre ! Nous verrons un député mécontent, à qui l’on vient de couper son micro, quitter la salle rageusement.) : les uns félicitent la présidence belge, parce qu’elle n’a pas fait passer les intérêts de son pays avant ceux de l’Europe. Les autres la critiquent pour n’avoir rien fait dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, ni pour les réfugiés… D’autres, enfin, lui reprochent de ne pas savoir gérer son propre pays…

« L’hémicycle est immense, c’est incroyable : époustouflant ! », dit Mazarine. Les députés sont peu nombreux, certains arrivent, d’autres partent, boivent du café, se déplacent pour se saluer, les députées sont vêtues de robes très élégantes… Tous parlent dans leur langue, la traduction est simmultannée : nous suivons les débats avec un casque qui nous les traduit en français quand c’est nécessaire -et quand ça fonctionne… 25 langues sont officielles, au Parlement européen.

« Dans l’hémicycle, j’étais un peu intimidé : d’habitude, je vois cette gigantesque salle à la télé ! Cela faisait drôle d’être dedans et d’écouter les débats dans plusieurs langues. Je me souviendrai toute ma vie que j’ai eu la chance d’entrer au Parlement, de poser mes questions à une députée, et d’obtenir des réponses ! » ajoute Kévin.

« Je trouve cet hémicycle grand et impressionant. Tout le monde s’exprime dans sa langue, il n’y a donc pas de barrière, ce qui nous fait vraiment ressentir le sentiment de l’Europe. » conclut Manatea.

« C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde de pouvoir visiter le Parlement européen. C’est assez impressionnant de se retrouver avec des personnes aussi importantes qu’on ne voit, d’habitude, qu’à la télé. C’est gigantesque, dans cette grande salle de conférence, tout est bleu et blanc… » achève Cora.

Qui sont ces euro-députés ?

Dans la salle de conférence -qui ressemble à un petit hémicycle- nous nous sommes tous assis d’un côté : il paraît que nous affichions par ce choix une préférence politique… ! Nous l’ignorions. Les députés européens représentent tous les partis politiques et s’installent dans l’hémicycle selon leur appartenance à la gauche ou à la droite. Il y a 754 parlementaires, dont 74 français, 99 allemands, 50 espagnols, 50 polonais, par exemple… mais 5 maltais seulement : le nombre de députés dépend du nombre d’habitants par pays membre de l’UE. Les députés européens sont répartis dans tous les partis : 29 députés pour l’UMP (nous avons d’ailleurs vu Rachida Dati dans l’hémicycle), 15 pour le PS (dont Bernadette Vergnaud), 14 pour les verts, 6 pour le MODEM…

Bernadette Vergnaud, euro-députée, nous reçoit au Parlement à Strasbourg


Nous avons eu le privilège d’être reçus par Bernadette Vergnaud : elle est socialiste, ancienne élue à la mairie de Poitiers, ancienne professeure de langue. Euro-députée depuis 2004 pour le grand Ouest, elle occupe le n°724 dans l’hémicycle. Passionnée d’Europe. C’est une femme vive, qui parle avec beaucoup d’énergie, de gestes, et apparaît très dynamique. Elle nous a plu, car son discours était intéressant, elle avait de l’énergie ! Son sourire est grand. Elle sait capter l’attention.

« L’Europe est malade, très malade. Soit elle meurt, soit elle renaît. »

Berbadette Vergnaud pense que l’Europe est malade : malade au point qu’elle risque de mourir. « Cette Europe souffre par exemple d’un manque de solidarité. Quand la Grèce a eu besoin de l’UE, certains chefs de gouvernement -dont la France et l’Allemagne- se sont repliés sur eux-mêmes au lieu d’aider la Grèce. Il fallait l’aider ! Le problème de l’Europe, c’est que l’on raisonne sur son propre territoire, on veut se sauver, alors qu’on devrait penser européen. On devrait penser à sauver toute l’Europe, mais pour la faire renaître, et revivre, il faudra de nombreuses années. Il faut de la volonté, du courage, être solidaires. A Kévin, qui demande s’il n’y a pas des clans entre pays européens, comme il lui semble, Bernadette Vergnaud répond que les 27 pays ne doivent pas former des clans, des alliances, mais que la gauche comme la droite doivent travailler ensemble. » Bernadette Vergnaud déplore -c’est ce qu’on entendra ensuite dans l’hémicycle- que l’Europe fasse passer les intérêts nationaux avant les intérêts européens : chaque président est tenté de faire passer l’intérêt de son pays avant celui de l’Europe.

Le métier d’euro-députée

Bernadette Vergnaud explique que son métier consiste -en plus de son travail au Parlement- à informer ses concitoyens sur leur vie quotidienne, et à leur expliquer le rôle de l’Europe. Par exemple, elle avait proposé une loi pour encadrer au mieux les laboratoires de produits pharmaceutiques. Cette proposition avait été rejetée. Selon elle, la Commission européenne avait considéré la santé comme une marchandise comme une autre. C’était inacceptable. Depuis le scandale du Mediator, on lui dit qu’elle avait raison. Un autre exemple, c’est l’étiquetage des produits alimentaires, qu’elle veut plus précis. « Vous devez être informés sur ce que vous mangez. A 15 ans, vous préparez le corps que vous aurez à 50. » Elle veut que les entreprises alimentaires affichent plus clairement la composition des produits qu’ils vendent. Elle veut que l’Union Européenne protège ses citoyens.

Enseigner l’Europe ?

Bernadette Vergnaud aime l’Europe, cela se voit, s’entend. Elle regrette que l’Education Nationale ne donne pas une plus grande part à l’Europe dans ses programmes. Elle déplore également l’attitude des media : selon elle, peu informés en école de journalisme, les journalistes véhiculent trop souvent des informations mensongères sur l’Europe. Elle voudrait que les media soient plus positifs, qu’ils parlent de ce qui est positif, en Europe.

Nous enseigner l’Europe, c’est un peu le but de notre présence au Parlement ce mardi 18 janvier, en somme…

La question de Kévin à madame Vergnaud : « Que pensez-vous de la politique de la France, de l’Europe, vis-à-vis du continent africain ? » amène une réponse franche :

« La France mène une politique lamentable vis-à-vis de l’Afrique. Nous nous sommes enrichis pendant des années sur le dos de ce continent, menant une politique de tyrans, de prédateurs. Malheureusement, ce continent est toujours pauvre. J’espère que ce qui se passe en Afrique en ce moment fera changer les choses : il ne faut plus de dictatures ! »

Voeux pour 2011 ?

Bernadette Vergnaud souhaite que 2011 soit l’année du développement, du partage et de la solidarité. Elle souhaite que l’Europe protège davantage ses citoyens. Elle souhaite que l’on ait une vision plus européenne des choses !

Pour finir…

L’image est belle : Strasbourg, ville symbolique dans laquelle siège le Parlement européen, située à la frontière entre la France et l’Allemagne, deux pays qui ont été si longtemps en guerre… Aujourd’hui, le Rhin ne sépare plus les deux pays, mais les relie : le nom du pont sur le Rhin est Le Pont de l’Europe !

Mazarine, Manon, François, Kévin, Moustoifaïni.

L’Europe, mythe ou réalité ?

Extrait du discours prononcé le 21 août 1849 lors du Congrès de la paix par Victor Hugo.

«Nous aurons ces grands Etats-Unis d’Europe, qui couronneront le vieux monde comme les Etats-Unis d’Amérique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreuse  fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme , le commerce sans la douane, la circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le meurtre, la forêt sans le tigre, la charrue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine. L’effroyable ligature de la civilisation sera défaite ; l’isthme affreux qui sépare ces deux mers : Humanité et Félicité, sera coupé. Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que toute cette liberté ? C’est la paix. »

On le voit, l’idée de l’Europe n’est pas récente. Elle est même bien plus ancienne qu’on ne le croit : retournons sur nos pas… Un peu d’Hitoire !

Dans la mythologie grècque

Le nom « Europe » apparaît dans la mythologie grècque : Zeus, séduit par la beauté d’une jeune fille prénommée Europe, se métamorphosa en taureau à la robe couleur de neige. Sa beauté et sa douceur étaient telles que la jeune fille, qui jouait sur la plage de Tyr, surmontant son appréhension, s’approcha de lui et suspendit des guirlandes de fleurs à ses cornes. Puis elle monta sur le dos de l’animal qui l’entraina vers le grand large. Le couple parvient ainsi en Crète. L’enlèvement d’Europe par Zeus a inspiré les plus grands artistes… dont Véronèse.


L’Europe : la notion de géographie naît

A l’époque grècque, la relation entre Europe et la géographie apparaît : la terre d’Asie et la terre qui lui fait face semblent se défier, chacune ressemblant à une femme, selon la légende rapportée par le poète Moschos de Syracuse, deux siècles avant Jésus Christ.

Ainsi, la terre d’Europe voit ses limites fixées de l’Adriatique à la Mer Noire.

Plus tard, au moment de la conquête arabe, les troupes de Charles Martel sont appelées « l’armée des européens ».

Au Moyen-Age, on associe Europe et chrétienté : l’Europe représente l’Humanité ; l’amour de Zeus pour Europe l’amour de Dieu pour les hommes.

En 1464, le roi de Bohême propose l’unification des terres par une ligue des princes chrétiens.

C’est beaucoup plus tard, au XIXème siècle, qu’on pensera à une unification des nations dans le but de maintenir la paix. Europe devient alors une idéologie, et non plus un personnage de la mythologie.

Jofrey.


Quand l’actualité nous rejoint aux portes du Parlement européen…

A notre sortie du Parlement européen, aux alentours de midi, une petite manifestation de partisans de la chute du régime de Ben Ali était rassemblée devant le parlement, encadrée par des policiers. Nous avons noté ce que scandaient les manifestants, afin de ne pas l’oublier : « Ben Ali, assassin ! Jugez les dictateurs ! ». Nous avons compris que cette prière s’adressait aux députés européens. Nous venions de parler de l’Afrique. Si nous avions pu retourner écouter ce que Bernadette Vergnaud avait à dire sur la Tunisie, nous l’aurions fait…


Dossier réalisé par Mazarine, Manon, François, Moustoifaïni, Jofrey et Kévin pour la rédaction du Torchon. https://blogpeda.ac-poitiers.fr/coll-sand-media/