Cet article a failli ne pas voir le jour.
Ordinateur explosé par l’orage? Non. Accident avec le chevreuil qui traversa ma route ce matin? Non. Agressé par le ramasseur de champignons qui semblait ne pas avoir toute sa tête mais un grand couteau, alors que je photographiais, dans une improbable posture, une belle fleur? Non. Ecrasé par les voitures qui font des embardées sur la route? Non. Mort d’épuisement à cause du chemin naturellement parcouru à bicyclette? Non. Mais alors, quoi?
Cette photographie, prise ce matin à l’église de Colombiers, classée depuis 1926 à l’inventaire des monuments historiques suffit à l’expliquer. J’ai frisé la crise d’apoplexie! Le bâtiment est splendide, recèle des curiosités fascinantes, présente une architecture des plus curieuses et il a eu le privilège d’être, il y a peu restauré. Je dis privilège car bien des monuments, religieux ou civils, dans notre beau département et partout en France, auraient bien besoin du soutien financier de l’Etat pour retrouver un peu de leur lustre. On aime pourtant le patrimoine en France, on le préserve, depuis la loi Malraux de 1962 qui sauva le Marais à Paris, on y fait attention. Essayez de mettre des fenêtres en pvc, une porte de garage, une couleur de tuile qui ne conviennent pas à l’architecte des bâtiments de France, il vous en cuira. Or, ici, sur un chantier surveillé par l’Etat, d’antiques boutons floraux érodés furent remplacés par ces immondes sculptures de têtes directement issues du cerveau d’un dessinateur de BD médiévalo-futuriste! Je suis scandalisé. Je n’ai rien contre ce type de représentation dans une BD. Ici, il est à craindre qu’un public non initié imagine ces sculptures comme nées sous le ciseau d’un maçon du XIIème siècle, puisqu’on vantera la beauté de cette église romane. L’alliance entre l’art contemporain et l’art ancien ne me heurte pas, mais, sacrebleu, qu’on ne fasse pas n’importe quoi non plus sous prétexte de liberté artistique.
Je condamne véhémentement ce parti pris de restauration sur ce point précis. Pour le reste le travail est convenable. Surtout, l’intérieur renferme tant de merveilles que je suis, malgré tout, revenu enchanté de cette découverte. Je pense d’aileurs inscrire le village en entier à une éventuelle sortie vélocipédique en avril prochain dans le cadre d’école ouverte. Qu’on se le dise!