Août
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Classé dans (Le Torchon en vacances) par la Vieille Garde le 05-08-2011

Jamais oxymoron ne fut plus mérité qu’en ce cas.

Ce matin un petit groupe se mit en marche, entre nuages et soleil sur les traces de cet artiste, dont on ignore les dates de naissance et de mort, alors que ses oeuvres sont en évidence aux quatre coins de la ville. Oui, on ignore ces dates, alors que notre homme fut actif au XIXème siècle, ce qui, nous en conviendrons, n’est, finalement, pas si loin de nous. Il fut peintre mural, sculpteur et verrier. C’est d’ailleurs lui qui fonda le premier atelier de verrier à Poitiers, afin de concurrencer ceux de Paris ou de Tours qui fournissaient les églises du diocèse. Ainsi, l’église de Colombiers (souvenez-vous!) voit son choeur orné d’un vitrail d’Hivonnait, d’inspiration XIIIème siècle quant à ses motifs.

A Châtellerault, nous lui devons le rideau de scène de l’ancien théâtre et une partie du plafond: deux éléments que nous devrions pouvoir admirer restaurés en 2013. Nous lui devons aussi le fronton de l’hôtel de ville, rue Clémenceau, c’est à dire de la partie palais de justice initiale, sculptée en 1851, restaurée, d’une manière qui me convient assez peu d’ailleurs, je trouve les traits des allégories trop grossiers. Nous lui devons enfin un autel, les peintures de la chapelle de la Vierge et un chemin de croix peint, le seul du département, en l’église saint Jacques.

Cet homme, imagier du diocèse dans la seconde moitié du XIXème siècle, a participé aux chantiers de restauration des peintures murales de Notre-Dame la grande à Poitiers entre 1846 et 1848, puis de quelques églises des environs. Il le fit dans un état d’esprit qui n’est plus accepté désormais, puisqu’alors on refaisait en totalité les choses, en fonction de l’idée que l’on se faisait du passé. Il suivait donc plus les conceptions de Viollet-Le-Duc que celles de Mérimée , notre époque a inversé la tendance mais nous avons vu que la question de la restauration du patrimoine demeurait un sujet fort sensible.

Ainsi, alors que ses oeuvres ornent la ville et s’affichent sous les yeux de tous, nous ignorons pour ainsi dire l’essentiel de cet homme. Cela me touche de savoir qu’il est, sur ce point, à égalité avec des artistes médiévaux par exemple, alors qu’il est, chronologiquement, si près de nous. Nul doute que quelques recherches bien ciblées aux archives devaient lever ces mystères. Pour l’heure, lors de votre prochain passage en mairie, ou lorsque nous pourrons retourner voir les splendeurs restaurées de l’ancien théâtre, ayons, si vous le voulez bien, une pensée émue pour cet illustre inconnu.