Ce ne sera pas la citation de ce soir que celle empruntée à monsieur de la Fontaine, qui appréciait Châtellerault et y visitait souvent ses cousins Pidoux, au Verger, en revanche, elle ouvre cet article en raison de la publication tardive de ce dernier.
Il me semble nécessaire ce soir, en forme d’hommage et d’amende honorable, suite à une rencontre effectuée ce jour et aux discussions qui en résultèrent, de conduire une réflexion sur la sagesse et, pour cela, de m’appuyer sur un des mes auteurs, sur mon auteur favori: Proust.
Dans La Recherche du temps perdu, il nous dit: “on ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner”. Il est exact que cette sagesse est un état auquel nous ne pouvons accéder que par étapes, suite à de longues réflexions. Il est toujours exact que cela se produit comme un voyage initiatique et procure souvent, trop souvent, une forme de souffrance. Il est aussi vrai, depuis Socrate, le premier des philosophes grecs, que pour y accéder, le recours à autrui, le secours d’autrui, peut s’avérer utile, voire nécessaire. Ledit Socrate se comparait à un taon, a un gymnote, nous dirions à une mouche du coche, à un insecte qui irritait ceux avec lesquels il s’entretenait, afin de conduire ces derniers dans leurs ultimes retranchements réflexifs. Ainsi forcés et malmenés mais aussi éclairés, ils pouvaient acceder à une autre manière de voir, de penser, de se voir, de se penser. Cette maïeutique, déjà évoquée dans un article antérieur, se vit comme un accouchement de l’être, or aucun accouchement, en dehors des péridurales, ne se vit sans douleur. L’arrivée au monde est douleur, notre première douleur, notre premier cri résulte de l’entrée de l’air en nos poumons, or, sans cet air nous ne saurions vivre. La douleur n’est pas nécessaire ou obligatoire, mais la réflexion sur soi, son entourage, sa vie, si. Ainsi, de rencontres en dialogues, de spleen en interrogations, de doutes en espérances, progressons-nous sur le chemin de la connaissance, de la sagesse. Ce chemin est le nôtre, il nous est strictement personnel, mais les autres, notre entourage régulier ou de fugaces rencontres et discussions sont autant de points d’appuis susceptibles, avec plus ou moins de douleur, de nous permettre de naître à nous-mêmes.