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A n’en pas douter je dispose d’un volumineux paquet de madeleines. Il y a tant de choses qui me sont de précieux souvenirs. Tant de choses infimes, de petits plaisirs du quotidien qui font que l’existence peut parfois sembler plus belle ou heureuse qu’elle n’est. C’est assurément pour cela que, voilà plus de 10 ans, je suis tombé amoureux d’Amélie Poulain, et je dis bien d’Amélie, pas d’Audrey Tautou. D’ici à ce que je dise, tel un Flaubert en ses bons jours, “Amélie c’est moi”, il n’y a qu’un pas. Je n’ose cependant le franchir, par modestie, par réalisme, par peur de briser une magie, je ne sais.
Ce film, à sa sortie, fit beaucoup parler, il ne laissait personne indifférent. Les uns s’insurgeant contre cette guimauve mièvre et passéiste indigne de figurer dans les rangs d’un cinéma français digne de ce nom, les autres portant aux nues ce film plein d’espérance capable d’insuffler un nouvel élan à de mornes existences, redonnant un sens à ces riens de l’existence dont je parlais plus haut. On s’enthousiasmait ou on haïssait Amélie. Je l’adorai dès que je la découvris. Tel Phèdre devant Hyppolyte, je la vis, je rougis, je pâlis à sa vue et tout devenait différent, le monde s’écroulait pour renaître, sur une bande-son magistrale, celle de Tiersen, avec ce passage de Barber absolument bouleversant.
Chère Amélie, ces millions d’entrées de par le monde, ces distinctions cinématographiques à n’en plus finir sur les 5 continents, sont-ce là des preuves suffisantes de votre talent ? Je ne le sais. Il faut vous voir, vous découvrir, entrer en votre univers, plonger dans votre vie comme le fait si bien votre main dans les sacs de graines, briser la croûte des apparences comme vous le faites avec celle de la crême brûlée. Savez-vous que depuis ces année de silencieuse admiration, je vous envie ? Je vous envie cette capacité à aimer, à vous emporter, à vous dépenser pour tout le monde, je vous envie cette capacité à vivre et à faire vivre. Merci pour cette formidable jeunesse qui émane de vous, pour cette fraîcheur et ce bonheur, tout était si parfait en ce film, en votre vie, en cet univers créé ou ressuscité autour de vous, jusque dans les moments de mélancolie. La France d’Amélie en effet est-elle réelle, eut-elle simplement une existence un temps, tout cela n’est-il pas simplement le phantasme d’un réalisateur bon-enfant ? Là encore je l’ignore et m’en soucie peu. Ce que je demande au cinéma, c’est de me faire rêver et ce rêve fut splendide.
Qui ne connaît pas encore Amélie? Précipitez-vous à la bibliothèque, le DVD est rarement, disponible, cela aussi c’est un signe. Seul bémol en cet article, la bande-annonce n’est pas à la hauteur du film, mais, est-ce une surprise?