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Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 07-10-2011

Agriculteurs et jardiniers savent bien ce qu’émonder signifie. Il s’agit d’ôter, d’une vigne ou de tout autre végétal, des parties, vivantes ou mortes, qui peuvent se trouver nuisibles pour le développement ou la fructification dudit végétal.

Il faut, en effet, parfois, savoir trancher dans le vif, réduire la plante, la couper à ras, pour susciter la pousse de rejets plus forts, ou pour la contraindre à produire du fruit de meilleure qualité. Ces décisions peuvent sembler brutales, cruelles, quelque part elles le sont. Et pourtant, le résultat est là: fleurs plus belles, fruits plus savoureux, port de la plante plus esthétique. Pour ceux qui connaissent le potager du roi ou les jardins à la française de Versailles, cette tyrannie à l’encontre de la nature n’est pas une surprise et les résultats sont à la hauteur.

D’aucuns me retourneront qu’ils préfèrent la folie d’un jardin à l’anglaise. Certes, mais, comme tout ce que font les autochtones de la perfide Albion, il ne s’agit là que d’un subterfuge, voire d’une tromperie! Le jardin anglais n’est qu’un fouillis factice.

La lointaine et mystérieuse Asie nous prodigue aussi de nombreux exemples d’une nature domestiquée, les jardins japonais ou chinois, l’art du bonsaï et de l’ikebana, les arbres en nuages, n’ont ainsi rien à envier à nos topiaires versaillais.

Partisans de la nature domestiquée et ceux de celle laissée en liberté s’affrontent donc.

Il y a de cela 2500 ans Aristote affirmait qu’il fallait un tuteur à l’enfant pour grandir, Rousseau préférait laisser l’enfant grandir seul, à l’état de nature il était bon. Dans la nature les arbres poussent droit et haut lorsqu’ils sont en forêt, entourés d’autres arbres et qu’ils doivent lutter et se hâter de grandir pour atteindre la bienfaisante lumière descendue des cieux, afin de la capter plus vite que leurs voisins et ainsi parvenir à les étouffer. La nature est-elle si bonne? Ne veut-elle pas que seuls les mieux adaptés survivent? (je renvoie ici à des théories darwinistes évoquées lors de la séance media de ce jour)

Et pour l’homme? Faut-il laisser l’enfant grandir en faisant ce qu’il veut, quand il veut, comme il le veut? N’est-il pas du devoir de l’adulte de lui servir de tuteur et de l’aider à grandir, quitte à émonder ses désirs, ses pulsions, ses fantasmes? Guider vers la liberté et l’autonomie n’est pas chose aisée, parents et professeurs s’y emploient, prenez des notes, un jour ce sera à votre tour de vous poser ces questions et d’agir.