Oct
25
Classé dans (L'actualité vue par les élèves) par Agnès Dibot le 25-10-2011

Dans la Nouvelle République, ce matin (non, toujours pas trace de votre page sur Les dérives racistes sur Facebook… Mais ne désespérons pas…), un article sur la rénovation d’Ozon.

http://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/ACTUALITE/Infos-Departementales/A-Ozon-deux-nouvelles-tours-vont-bientot-tomber

Cet article m’en rappelle un autre, écrit avec une classe journalisme en … 2009, au début des travaux : les élèves avaient alors composé un très bel article pour la NR : ils se montraient nostalgiques de leur quartier tel qu’il ne serait plus après ces travaux et la mixité retrouvée. Vous pouvez le (re)lire dans le blog “Best’Of” (en lien sur ce site)

Je me souviens notamment d’une remarque d’Astan, qui déplorait que le terrain de jeu de son enfance ne soit plus : elle évoquait la liberté absolue de jouer dehors, sous l’oeil des mamans et de l’interdiction absolue de traverser l’Avenue Abbelin : au-delà était un autre monde. Représentations d’enfants qui en disaient long sur la vie de quartier.

Cet article évoquait également l’entraide : la vie presque familiale…

Trois ans après, qu’en est-il du regard des adolescents sur la rénovation de ce quartier d’Ozon ? Vous étiez en sixième quand les premières tours sont tombées et que vos grandes soeurs (Raby et Maëly, entre autres) ont écrit cet article. Aujourd’hui, quel est votre sentiment sur les travaux ? Quelque chose a-t-il réellement changé ? Durablement ? Positivement ? Et si vous aviez un message à adresser aux politiciens qui tirent les ficelles du projet, que leur diriez-vous ? Leur volonté de redonner vie à un quartier vieillissant, de favoriser dans ce lieu un mélange de populations d’origines culturelle et sociale différentes  est-elle respectée ? Vous qui y vivez, ou qui y avez vécu, ou qui le connaissez pour cotoyer au quotidien ses habitants, qu’avez-vous à dire de la vie dans Ozon rénové ?

Article publié dans la NR en octobre 2008 :

Ozon : entre les murs, le vide…
« La Plaine d’Ozon, c’est un simple quartier pour certains, mais, pour moi, c’est plus que cela : c’est un quartier avec une histoire. C’est là que j’ai grandi, que je jouais, petite. Le 21 juin 2005, j’ai dû déménager car mon bâtiment allait être détruit ! Je vis maintenant à la Forêt, quartier que je n’aurais jamais pensé habiter… Maintenant, je suis loin de ma famille, de mes amis, de mon collège. En trois ans et demi, je ne me suis toujours pas habituée, j’ai grandi à la Plaine, et veux retourner y habiter dès que possible. » Fatima.
« Maintenant, ils effacent notre passé »Les deux bâtiments écroulés depuis le début des travaux de restructuration de la Plaine d’Ozon, l’an dernier, formaient un U. Entre ces murs, une esplanade sur laquelle on jouait, on se rassemblait, on se rencontrait : la vie du quartier, pour certains de nous, se concentrait là.

« Quand nous étions petites, nos mères nous surveillaient par la fenêtre, on jouait sur l’esplanade, on n’avait pas le droit de traverser la Grande Route -l’avenue Pierre Abelin- on avait l’impression que, de l’autre côté, c’était un autre monde, dangereux, et que, si on traversait, on mourrait… Sur l’esplanade, on jouait à la tournante : c’est un jeu d’équipe dans lequel on mesure notre force, le vainqueur gagne une réputation de fort. On jouait au ping-pong, il y avait aussi une gigantesque table d’échecs. On jouait à la bouteille, aux sept bouchons… au basket. Maintenant, ils effacent notre passé : on ne pourra pas montrer à nos enfants où on a grandi.» Astan et Fanta.

Un vide à la place de la vie : les gens ont perdu leurs repères « Moi, je vais devoir déménager car mon bâtiment sera bientôt détruit, le rez-de-chaussée est déjà muré. Mais ma famille aime la vie dans ce quartier, on voudrait ne pas partir. » Fanta.

« J’ai déménagé dans une maison, non loin de mon ancien bâtiment : mais nous ne nous retrouvons plus comme avant, pas plus que ceux qui ont été relogés dans le bâtiment « brûlé » ! On est tous éloignés. Même la fête du quartier, l’an dernier, a rassemblé moins de monde, il y avait moins d’ambiance. Avant, on fermait la route et on la faisait sur l’esplanade. Maintenant, c’est vide : je ne retrouve mes amies qu’au collège. Même le centre de loisirs ne rassemble plus autant. » Nawal.
« Je me souviens que, quand on était petites, on aidait une famille à charger sa voiture avant le départ en vacances pour le Maroc… La vie de quartier, c’était aussi cela. Cette famille a déménagé. » Astan.
« J’aime cette vie de quartier, il s’y passe toujours quelque chose. » Raby.
« Aujourd’hui, ça fait vide ! Les gens qui habitaient dans les bâtiments écroulés ont perdu leurs repères. » Charlotte.

Un quartier, des préjugés « Maintenant, quand on arrive dans la Plaine par le pont Liautey, c’est tout de même plus accueillant : il y a moins de murs. Il y a beaucoup de préjugés sur la Plaine d’Ozon, sur l’ambiance, les gens qui y vivent. Je pense que, pour y être bien, il faut être connu, intégré. » Audrey.

« Pour y être accepté, il suffit de rester simple, ne pas chiquer : on est tous acceptés, il n’y a pas de racisme. » Kholoud.
«La Plaine d’Ozon est décrite comme un quartier très dangereux, il ne l’est pas du tout ! Les gens qui y vivent sont des personnes très chaleureuses. Depuis mon enfance, j’ai vu beaucoup de gens arriver dans le quartier : aucun d’eux n’en a été rejeté ! Aujourd’hui, les religions, les origines, les couleurs de peau ne sont que des détails ; tous sont les bienvenus. Le danger ? Il est là uniquement si vous le provoquez. » Myriam.

Détruire pour reconstruire La restructuration n’est pas complètement négative car les bâtiments étaient très vétustes. Cette reconstruction est utile pour que les habitations soient plus neuves, moins hautes, plus salubres.
Article rédigé par la classe journal du collège George Sand de Châtellerault : Astan, Fanta, Julie, Audrey, Nawal, Léa, Raby, Kholoud, Myriam.