Ce film de Gus van Sant, connu pour ses penchants dépressifs, n’échappe pas à la réputation du réalisateur, tout en la sublimant. Je pense que nos rédactrices, penchées sur la dissection du sentiment amoureux, vont me suivre sans difficultés dans mon analyse.
Un suicidaire, une mourante, de cancer, qui se rencontrent à des enterrements d’inconnus. Cela ressemble fort à Harold et Maud, 40 ans plus tôt. Deux adolescents, lycéens, qui, dans le cadre d’un amour improbable, voire impossible, mes préférés, construisent leur histoire. Cela ressemble à Roméo et Juliette, 5 siècles plus tôt. Pourtant, au delà de ces références, et on peut en trouver bien d’autres, à Tim Burton et à ses noces funèbres par exemple, il semble bien que ce sont des histoires d’inconnus, de nombreux inconnus, qui se retrouvent dans les personnages de ce film. Ce dernier n’est, à mon sens, même pas triste. Réaliste, finalement très français.
La relations qui se construit, entre ces deux individus marqués par la mort , est, comme souvent, un hymne à la vie. Les deux héros s’apprivoisent, acceptent l’idée de la mort, non sans difficultés pour le garçon, le tout parfois avec un véritable humour. Le plus difficile étant assurément d’accepter l’idée de l’amour, de son commencement encore plus que sa fin. Mais, les dialogues entre le héros et un fantôme de kamikaze japonais aident le premier à y voir plus clair!
Est-il possible, lorsqu’on sait être condamné, d’accepter d’être amoureux? Peut-on s’investir dans une histoire, condamnée à être éphémère, ou bien, la qualité de cette dernière ne s’en trouve-t-elle pas accrue,, en raison même de sa brièveté? La certitude de la fin doit-elle pousser à ne pas vouloir débuter la relation ou bien à vivre intensément le peu de temps qui sera accordé au couple? Autant de questions, en lien avec ces amours improbables, impossibles et qui, cependant, existent et magnifient un sentiment jusqu’à en faire des mythes, souvenez-vous, dans la belle Vérone…