Dans la Nouvelle République, ce matin (non, toujours pas trace de votre page sur Les dérives racistes sur Facebook… Mais ne désespérons pas…), un article sur la rénovation d’Ozon.
Cet article m’en rappelle un autre, écrit avec une classe journalisme en … 2009, au début des travaux : les élèves avaient alors composé un très bel article pour la NR : ils se montraient nostalgiques de leur quartier tel qu’il ne serait plus après ces travaux et la mixité retrouvée. Vous pouvez le (re)lire dans le blog “Best’Of” (en lien sur ce site)
Je me souviens notamment d’une remarque d’Astan, qui déplorait que le terrain de jeu de son enfance ne soit plus : elle évoquait la liberté absolue de jouer dehors, sous l’oeil des mamans et de l’interdiction absolue de traverser l’Avenue Abbelin : au-delà était un autre monde. Représentations d’enfants qui en disaient long sur la vie de quartier.
Cet article évoquait également l’entraide : la vie presque familiale…
Trois ans après, qu’en est-il du regard des adolescents sur la rénovation de ce quartier d’Ozon ? Vous étiez en sixième quand les premières tours sont tombées et que vos grandes soeurs (Raby et Maëly, entre autres) ont écrit cet article. Aujourd’hui, quel est votre sentiment sur les travaux ? Quelque chose a-t-il réellement changé ? Durablement ? Positivement ? Et si vous aviez un message à adresser aux politiciens qui tirent les ficelles du projet, que leur diriez-vous ? Leur volonté de redonner vie à un quartier vieillissant, de favoriser dans ce lieu un mélange de populations d’origines culturelle et sociale différentes est-elle respectée ? Vous qui y vivez, ou qui y avez vécu, ou qui le connaissez pour cotoyer au quotidien ses habitants, qu’avez-vous à dire de la vie dans Ozon rénové ?
Article publié dans la NR en octobre 2008 :
« Quand nous étions petites, nos mères nous surveillaient par la fenêtre, on jouait sur l’esplanade, on n’avait pas le droit de traverser la Grande Route -l’avenue Pierre Abelin- on avait l’impression que, de l’autre côté, c’était un autre monde, dangereux, et que, si on traversait, on mourrait… Sur l’esplanade, on jouait à la tournante : c’est un jeu d’équipe dans lequel on mesure notre force, le vainqueur gagne une réputation de fort. On jouait au ping-pong, il y avait aussi une gigantesque table d’échecs. On jouait à la bouteille, aux sept bouchons… au basket. Maintenant, ils effacent notre passé : on ne pourra pas montrer à nos enfants où on a grandi.» Astan et Fanta.
« J’ai déménagé dans une maison, non loin de mon ancien bâtiment : mais nous ne nous retrouvons plus comme avant, pas plus que ceux qui ont été relogés dans le bâtiment « brûlé » ! On est tous éloignés. Même la fête du quartier, l’an dernier, a rassemblé moins de monde, il y avait moins d’ambiance. Avant, on fermait la route et on la faisait sur l’esplanade. Maintenant, c’est vide : je ne retrouve mes amies qu’au collège. Même le centre de loisirs ne rassemble plus autant. » Nawal.
« Je me souviens que, quand on était petites, on aidait une famille à charger sa voiture avant le départ en vacances pour le Maroc… La vie de quartier, c’était aussi cela. Cette famille a déménagé. » Astan.
« J’aime cette vie de quartier, il s’y passe toujours quelque chose. » Raby.
« Aujourd’hui, ça fait vide ! Les gens qui habitaient dans les bâtiments écroulés ont perdu leurs repères. » Charlotte.
« Pour y être accepté, il suffit de rester simple, ne pas chiquer : on est tous acceptés, il n’y a pas de racisme. » Kholoud.
«La Plaine d’Ozon est décrite comme un quartier très dangereux, il ne l’est pas du tout ! Les gens qui y vivent sont des personnes très chaleureuses. Depuis mon enfance, j’ai vu beaucoup de gens arriver dans le quartier : aucun d’eux n’en a été rejeté ! Aujourd’hui, les religions, les origines, les couleurs de peau ne sont que des détails ; tous sont les bienvenus. Le danger ? Il est là uniquement si vous le provoquez. » Myriam.