Les critiques relatives à ce film étaient manifestement fort différentes les unes de autres, je n’en ai lu aucune. Un de mes anciens élèves devenu prof de français, avec certification en cinéma et actuellement en thèse, de cinéma, m’avait dit qu’il devrait me plaire. J’ai donc tout simplement choisi de faire confiance à un ami. Pari risqué il est vrai, que celui de la confiance, mais je ne fus pas déçu.
Le réalisateur, Jean-Marc Vallée, québecois, signe ici son troisième film, fort différent des 2 précédents, même si des allusions au premier, CRAZY, sont nettement perceptibles, surtout à travers la bande-son, qui, ici aussi, est particulièrement présente et se trouve être un élément clef de la problématique et de la progression du film.
L’histoire alterne entre Montréal en 2011 et Paris en 1969. PLus que la mystique de CRAZY on trouve ici une évocation du surnaturel, voire du paranormal, sans que cela n’aille trop loin dans l’élucubration. Il s’agit ici d’apporter une lumière nouvelle sur l’évolution des sentiments amoureux, en la replaçant dans une perspective de réincarnation. Pour celles et ceux qui ont lu L’Empire des anges de Werber, les références seront limpides. Cette question de la métempsychose, de la réincarnation, des âmes soeur est pour moi assez abstraite, j’ai bien failli me perdre et c’est d’ailleurs le principal reproche que je ferais au film, tout cela est parfois assez complexe. Cependant, la fin éclaire bien le film en mettant en perspective des phrases, des scènes, des comportements vus antérieurement, j’admire même le plan final qui est comme la clef de voûte, la clef de l’énigme aussi.
Ce film à la bande son envoûtante, à la réflexion ésotérique, assez nostalgique et plein de spleen aussi, est intéressant. Il peut cependant aussi dérouter en raison des éléments précités qui peuvent vite devenir rebutants. Je l’ai bien aimé, mais mieux vaut malgré tout le regarder un jour de soleil, de crainte que son atmosphère ne pousse à une mélancolie profonde, ce qui est pour l’heure mon sentiment, preuve, aussi, que c’est un bon film.
En ce jeudi philosophique, passation de plume, secrétariat assuré par la Vieille Garde. Notre réflexion de ce jour débute par la distribution d’un curieux questionnaire où il nous faut lister les avantages et les inconvénients que peuvent avoir les statuts respectifs d’Homme et d’animal. Après quelques minutes d’une silencieuse réflexion, il faut bien se lancer et avancer les arguments qui plaident en faveur ou défaveur des uns et des autres.
La chose est complexe, car on découvre vite que si l’animal a des capacités physiques supérieures c’est qu’il lui faut en user pour se protéger ou fuir. Ainsi, l’avantage pourrait bien dissimuler un inconvénient, fichtre, ce n’est donc pas si simple. Abordant le domaine des motivations, nous nous rendons compte que lorsque l’animal tue, c’est par nécessité alimentaire, en revanche, l’Homme, dans le cas des meurtres ou des conflits ne le fait que pour des raisons fort peu valables, ces dernières pouvant même refléter un désordre psychologique certain.
De cette remarque découle l’idée que l’Homme est libre de ses actes, de choisir de faire le bien ou le mal, alors que l’animal se contente d’agir en fonction de son instinct. Certes, mais ne pas penser peut-il véritablement s’avérer être un avantage? Oh, que philosopher s’avère complexe, une question apporte une solution, du moins le croit-on, mais cette apparente solution ne fait que poser une question plus complexe, nous devons aller à chaque fois en profondeur et découvrir des arguments afin d’exposer nos idées. Nous parvenons à nous accorder sur le fait que, l’animal naissant en sachant ce qu’il doit faire n’est donc pas libre de choisir, n’est donc pas libre, ne pense donc pas au sens où il ne raisonne pas, à la différence de l’Homme qui, pour faire face à des conditions difficiles, doit réfléchir et trouver des solutions, afin de savoir nager, afin de se protéger contre le froid, etc, alors que l’animal, adapté à son biotope et doté de son instinct, n’a pas à se poser toutes ces questions.
Il semble aussi que l’animal, à la différence de l’Homme, ne puisse en aucun cas s’ennuyer, cette notion lui est étrangère, tout comme à nous en philo! De la même manière, l’animal ne conçoit pas l’idée de mort, alors que, pour l’Homme, elle est soumise à bien des questions, la preuve dans notre groupe de ce jour où deux idées se font face: il serait bien de savoir le moment de sa future mort/ il ne faut surtout pas savoir cela. Cette réflexion pourrait d’ailleurs devenir un de nos futurs thèmes…
Pour finir nous lisons un texte de Rousseau, il y compare l’Homme et l’animal. Pour lui, les deux ont un instinct, mais l’Homme a seul la capacité de refuser d’obéire à ce dernier si, à la suite d’un raisonnement, il en décide ainsi. Le maître mot de la réflexion serait donc que l’Homme, à la différence de l’animal, est libre. Attention, une liberté fondamentale, qui reste soumise à des règles, à des lois et qui ne signifie pas faire n’importe quoi. Ainsi, au cours de notre débat avions-nous réussi à faire apparaître des arguments et des notions qui furent, au temps des Lumières, mises en avant par un grand philosophe Français d’adoption et Suisse de naissance. Comme l’aurait dit le Cid “aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”.