A DMI RA BLE!
Ce soir, pris d’une soudaine inspiration et bien que fort peu renseigné sur ce film, sorti du matin dans les salles, je me suis rendu au ciné A, intrigué par le titre, par le thème et la vision qui devait en être proposée, longtemps après que Coppola eut traité le même sujet.
Par les hasards de l’impossible, Camille, 40 ans, se retrouve revivre ses 16 ans, sans avoir perdu aucun de ses souvenirs. Vous voyez déjà pourquoi j’ai pu aimer ce film, pourquoi, une fois de plus, ma névrose temporelle fut titillée. Ici ce n’est pas tant le fait de rajeunir qui m’a parlé que la possibilité de revivre sa vie en sachant ce qui va se passer. Peut-on souhaiter cela? A première vue, il y aurait là quelque chose d’agréable, mais…
Savoir quel jour et à quelle heure nos parents vont mourir, ne rien pouvoir faire pour l’empêcher. Peut-on simplement vivre avec cette idée en tête? Certes, il existerait pour nous la possibilité de changer, ou du moins de tenter de changer certains points de déroulement de notre existence. En effet, si j’ai aimé une personne une première fois, peut-on s’interdire de l’aimer une seconde fois, sous prétexte que l’on saurait que cette histoire est condamnée, dans 10, 15, 25 ans à l’échec? Tout cela renvoie à quelque chose de bien plus profond que le film aborde, trop rapidement, peut-être, la question de savoir si nous sommes tout simplement prêts à vivre.
Vivre. Qu’est-ce?
A un moment un des personnages, l’horloger, est-ce un hasard, vraisemblablement ancien alcoolique, cite-t-il la phrase essentielle des cures de désintoxication (qui serait initialement d’ailleurs de Marc-Aurèle, empereur romain du IIème siècle) :
donnez moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sagesse d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le discernement afin de faire la différence entre les deux.
N’est ce pas tout simplement une phrase à méditer et à tenter de vivre?
Enfin, il semble que la merveilleuse Barbara et ses chansons ne cessent de me poursuivre, ces derniers temps, accompagnées d’ une foule de souvenirs et de visages, auxquels je ne cesse de penser. Ici, deux des héros se choisissent, dans une des scènes qui met aussi en avant une réflexion sur l’amour et les frontières, ou limites, de ce dernier, une chanson, qui est celle mise à la fin. On y trouve cette phrase, “dis au moins le sais tu que tout le temps qui passe ne se rattrape guère”. Ici, naturellement, la mémoire se trouve submergée, par les références à Proust, à Ronsard, à tant d’autres qui nous mirent en garde face au fait que vivre, c’est ici et maintenant et surtout pas ni hier, ni demain.
Ce film, merveilleux appel à la vie, sublime appel à l’amour, touche à l’essentiel. Il est bouleversant car il révèle toutes nos peurs, nos angoisses, nos attentes face au temps et à l’amour. Il est d’une admirable richesse que je ne laisse pas ici soupçonner, faites-moi la grâce de me le pardonner et de ne pas vous priver d’aller le voir.
Après l’avoir vu, deux solutions: sombrer dans la dépression face à l’inéluctable de nos vies: la mort, ou bien, regonflés à bloc, repartir, vers la Vie, afin de la vivre et de ne pas simplement se contenter d’être spectateurs de nos existences. Il y aura toujours autant d’ennuis autour de nous, mais, changer de point de vue, parfois, cela change tout. Soyez rassurés, vous ne manquerez pas de choisir la seconde solution.