Déc
21
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 21-12-2012

L’espace d’un instant, l’esprit traversé par une sorte de vent de folie, j’envisageai, en ce vendredi N, de faire mention du père Noël. Fort heureusement, la trivialité ne se trouvant pas être mon fort, je suis revenu à des réflexions bien plus conventionnelles et proches des objectifs assignés à cette rubrique: cultiver le monde entier, voire les galaxies proches accédant à nos moyens de communication, en leur expliquant la grande Histoire, laquelle ne peut manquer de passer par celle de notre bonne vieille cité.

Ce fut donc finalement le tzar de toutes les Russies qui emporta les suffrages, car oui, un lien fort, bien que peu évident à première vue, existe entre la Russie et Châtellerault. Il ne doit pas se trouver grand monde en ville ignorant l’existence d’une cloche russe en l’église de Chateauneuf, eh bien elle nous met directement en lien avec le dernier empereur de Russie.

De fort longs et documentés ouvrages existent sur la question et je ne ferai pas l’insulte à leurs auteurs de vouloir ici les plagier, je me contenterai donc de donner quelques éléments à nos lecteurs.

Notre manufacture d’armes, dont tout le monde sait qu’elle est due en grande partie aux Creuzé et à leurs parents et alliés, fut chargée en 1891 de produire 500 000 fusils pour les armées impériales. Tout cela se déroulait alors sous la surveillance d’une délégation russe dont les membres habitaient des maisons de la ville, délégation conduite par le prince Gagarine. Lorsque le père de Nicolas II mourut, la ville et son clergé firent dire des messes pour le repos de l’empereur Alexandre III. En remerciement, Nicolas II offrit, en 1897 une cloche à l’église de Chateauneuf, la plus proche de la Manufacture. Ce bourdon de près de 2,6 tonnes et 1,25 mètre, recouvert d’une couche d’argent, ayant pour parrain et marraine des membres des familles Treuille et la Fouchardière, parents des Creuzé et d’un certain Eugène Turquand dont nous reparlerons en son temps, arriva par train, après 2600 kilomètres de trajet tout de même. Ce fut un exploit que de parvenir à la hisser dans le clocher, où elle ne sonne d’ailleurs jamais. Les occasions de voir cette cloche sont rares, ne manquez pas de les saisir lorsqu’elles se présentent.

Naturellement, pour les 3èmes,Nicolas II est le signataire de l’alliance franco-russe qui permit à la France d’avoir cet allié au sein de la triple Entente, c’est aussi le dernier empereur, renversé par Lénine et les bolchéviks, autant de choses que vos récents cours d’histoire vous permettent de parfaitement maîtriser, vous voyez à quel point cet homme, ses armées, furent liées à notre ville, il y a à peine 100 ans. Ah, l’Histoire et ses voyages…