Tiré du roman éponyme (cela signifie qui a le même nom, mais c’est plus classe tout en étant maintenant galvaudé) de François Mauriac, ce film est une petite merveille. Oh, naturellement, pas d’effets spéciaux, pas de grand spectacle, mais le spectacle de la vie, de la vie d’une femmes prisonnière, telle l’Albertine de Proust, de ce carcan des convenances sociales de son temps. Il flotte sur ce film comme il règne sur le livre, le délicieux parfum des landes de pin, de cette odeur si caractéristique de résineux, qui, pour nombre de nos contemporains signifie “vacances à la mer” et qui, pour Thérèse, rime avec l’odeur insupportable de son étouffement.
Thérèse le dit, elle a trop d’idées dans la tête et parfois ses actes n’ont pas de motivation claire. C’est dans cet état d’esprit qu’elle va tenter de mettre fin à la vie de son mari. Le jeu des enjeux, le poids de la famille, le poids des convenances, des préjugés etc, sont-ils responsables de cela? Le dégoût envers son mari, à l’encontre de sa vie ne le seraient-ils pas tout autant? C’est bien car on ne parvient pas à le déterminer que le film est bien conduit, le jeu des possibles reste ouvert et permet à plus de spectateurs de se retrouver dans le personnage. Enfin, avec 4 séances au cours de la semaine, les spectateurs furent assurément peu nombreux, on ne peut que le déplorer.
La fidélité au roman, le jeu des acteurs, les décors, tout y est pour vous faire oublier le temps et replonger dans cette France des années 20, celle des années dites folles, dans l’euphorie de l’après guerre, folie qui, manifestement n’était pas parvenue dans les Landes. Naturellement le sentiment d’oppression est assez évident, mais c’est aussi cela qui fait la force du film et, pour qui aime réfléchir sur les oppressions de tous ordres et leurs poids, pour celles qui voudraient se convaincre que leur existence de ce jour est finalement très libre, voici un film tout indiqué.