Jan
18
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 18-01-2013

Curieux patronyme que ce dernier, afin d’illustrer le “P”. Il nous viendrait d’Irlande, le conditionnel est de rigueur. Dans la famille Proa, sur Châtellerault, il serait possible de faire mention aussi de l’oncle de notre homme, Jean-Jacques, qui, fin XVIIIè, fut marin et laissa des mémoires que l’on peut trouver à la bibliothèque municipale.

Pour l’heure, quelques mots sur Paul, dont le récit de la vie devrait occuper bien des pages. Je me contenterai ici de quelques mots. Il nait en 1797, en pleine Révolution donc, il commence à vivre à Loudun, devient salpêtrier sur Châtellerault, se lance dans le commerce, de tout ou presque, le vin, le blé, le fer, les eaux de vie, il faut dire qu’à l’époque le port de la ville est dynamique. Ensuite, c’est le temps de l’immobilier, avec une action digne de celle de nos actuels promoteurs, très vite, avec ses cousins, il se lance dans l’aventure de la Manufacture, dont il est actionnaire, il finit par devenir banquier et affiche une très belle réussite financière et patrimoniale.

Cette action économique se double d’une action politique, il fut maire de la ville et député, monarchiste orléaniste, c’est à lui que nous devons l’hôtel de ville actuel, l’ancien théâtre, en restauration (même si la restauration s’appuie sur ce qu’était le théâtre fin XIX et pas milieu XIX) et la physionomie actuelle de la ville en fait. Et pourtant, qui le connait? Personne, naturellement. Il mourut en 1872, laissant une fille qui avait fait un excellent mariage, ceci étant, vu la dot, le marié fit lui aussi un excellent mariage. De ses deux fils, un seul survécut et n’eut pas de descendance, il fut procureur impérial à Châtellerault.

La tombe de Paul, au cimetière, est très modeste, à la différence de celle desdits cousins. Aurait-il su cultiver l’humilité au cours de sa vie? En dépit de tout ce qu’il fit, vécut et réussit? Ce serait alors une belle image de ce que pouvait être un véritable homme politique. A sa mort, à la Chambre, Thiers disait en effet de lui: “Des orateurs, nous en aurons toujours trop, mais des hommes d’une intelligence aussi éminente et pratique que celle de Monsieur Proa, une Chambre n’en aura jamais assez.” Finalement il illustre fort bien le fait que “nul n’est prophète en son pays” et se retrouve donc sans même un nom de rue dans la ville qu’il façonna.