Un de mes amis, à l’avis duquel je tiens toujours beaucoup, sut me persuader d’aller voir ce film dont je craignais qu’il ne me déroutât totalement. De fait je le fus, mais, autant que je l’avais été avec le célèbre Roméo+Juliette du même réalisateur, Baz Luhrmann.
Il y a tant de similitudes entre les deux constructions de films. De la sorte, je ne parviens pas encore totalement à savoir si j’ai aimé ce film pour lui même ou bien pour ce qu’il me rappelle d’un fort lointain passé, l’été 1997 et un film que je suis allé voir deux fois en salle, tant je l’avais apprécié. Je retrouvai ici tout le baroque de Roméo+Juliette, à travers le décalage entre musique et époque, la démesure, des demeures, des fêtes, des fortunes, la colère, la haine, la mise en scène de la mort et, par dessus tous, cet indescriptible pessimisme, cette certitude de l’absolue solitude de ceux qui sont “autres”, cette capacité à aimer au delà de tout, jusque dans la mort.
Le tout servi par des acteurs que je trouvai très justes et sur les visages desquels, les ravages du temps aidant, il se trouve plus aisé de saisir les traces de la vie que l’on peut qualifier de réelle. Ce fut donc un fort agréable moment, plein de souvenirs, d’émotions, où l’on se prend à rêver que les fantômes que l’on aime sont à vos côtés dans la salle et que l’on pourra échanger avec eux, la lumière revenue. Film dont on sort ébloui, au propre et au figuré, duquel on ne sort que comme d’un rêve, tant l’onirisme des situations est exacerbé. Un grand et beau moment, qui fait ne pas regretter 2h30 au cinéma et moins encore le fait d’avoir suivi un conseil.