Juin
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Classé dans (Théâtre de Poche) par Agnès Dibot le 15-06-2013

Hier soir, au Nouveau Théâtre, vous étiez soixante-dix spectateurs (je l’écris en lettres, ça impressionne davantage…) spécialement venus pour applaudir nos zélèves : nous vous remercions, chers soixante-dix spectateurs, de vous être déplacés et d’avoir renoncé à la douceur d’une soirée (enfin) printanière et de vous enfermer dans un théâtre pour rire avec nous (parce qu’en coulisses aussi, on a bien ri, surtout Servane, qui, si on ne la retenait pas, éclatait de rire haut et fort, spontanément, comme le font les enfants : c’est touchant mais silence, en coulisses !) de la stupidité de M. Jourdain.

Spéciale dédicace (on parle comme nos zélèves, à force…) aux 3èmes 2 venus en force applaudir leur professeur-Jourdain : vraiment, vous avez donné au public une couleur, au spectacle un ton, au salut un coeur : et votre invasion des coulisses à l’issu de la représentation     restera un très beau souvenir dans la vie du théâtre de Poche (et dans la carrière de comédien de M. Mastorgio). Votre sympathique rire a très vraisemblablement porté les zélèves-comédienne,s ainsi que le professeur-Jourdain : c’est le public tout autant que les comédiens qui font le spectacle, on le vérifie chaque année : un public chaleureux, qui rit quand on a pensé qu’il rirait, et qui rit de bon coeur, franchement, c’est un élan donné aux acteurs, sur la scène. Depuis les coulisses où, Marquise, je guettais les visages du premier rang (ce sont les yeux d’Océane que j’ai vus tout au long de la représentation), je ressentais cette force que la salle peut donner au jeu des acteurs.

Acteurs ? Tout doux ! Ne nous emballons pas : nous ne sommes pas une troupe réelle, un simple micro-club théâtre de collège, et encore, encadré par deux enseignants novices… Et nos zélèves ne sont pas les mêmes d’année en année… Molière aurait, je le crois, apprécié l’effort de cette micro-troupe pour exister… Il aurait peut-être ri du jeu de M. Mastorgio, de la danse de Clémence et d’Estella, de la grâce de Servane qui porte si bien (de l’avis général) la perruque, de la réelle crainte d’Aya face à son professeur d’Histoire qui, même déguisé, même en plein jeu de scène, trouve le moyen de la sermonner (“M’Dame, il fait peur quand même, comme quand il hurle en classe, on dirait qu’il joue pas !”), que voulez-vous, c’est le texte ! Molière aurait peut-être apprécié le jeu de scène entre Julia, maître de philosophie, et M. Mastorgio : ces petits ajouts, plus ou moins improvisés, auraient peut-être amusé le grand homme…

Quel que soit l’avenir de cette petite troupe, nous remercions chaleureusement nos zélèves d’une année : grâce à elles, grâce à leur détermination à jouer coûte que coûte (après que le ciel nous soit tombé sur la tête (je sais, on n’emploie pas le subjonctif après “après que”, mais le subjonctif est plus élégant et s’il me sied, à moi, de l’utiliser, je l’utiliserai, de toutes façons, seuls nos fidèles zinternautes lisent le Torchon et eux savent qu’on y maîtrise l’orthographe et la grammaire mieux que ce brave Jourdain…).

En un mot : merci Julia, Clémence, Estella, Servane et Aya. Merci M. Mastorgio. Ce fut un bien beau spectacle, et on a passé une journée de répétition sans que ni Servane ni Julia ne se blessent : reconnaissons que les dieux étaient avec nous… Espérons que toutes voudront bien remonter sur scène en juin 2014, et que M. Mastorgio acceptera de rejouer aux saltimbanques : je sais qu’il aime ce jeu : après tout, jouer, faire l’acteur, c’est se libérer et sortir de soi. Une thérapie gratuite et efficace… Mieux que le psy ou la verveine (sisi, la verveine…) : le théâtre !

Cherz zinternautes : et si vous nous aidiez à choisir la pièce pour l’an prochain (un moyen de vérifier qui a lu cet article… Malin…) ? Un Molière, parce que Molière va si bien à M. Mastorgio, et parce qu’il faut pouvoir rire (donc, une comédie : on ne montera pas Antigone, quoique la beauté du texte de Jean Anouihl en fasse la plus belle des tragédies… )…. Quel Molière ? Les fourberies de Scappin ? L’Avare ? Le malade imaginaire ? Nous avons monté, l’an dernier, L’amour médecin… Quelle pièce auriez-vous envie de voir l’an prochain ?

Pour Les fourberies, tapez 1…

Non, nous choisirons pour vous : la plus drôle parmi celle qui présente un texte adaptable pour des zélèves de collège. Merci encore, de la part de la troupe, à toutes celles et ceux qui se sont amusés hier soir, et petit salut spécial à notre plus jeune spectateur (ô mon micro-admirateur), Elliot ! ; Diantre, comment a-t-il fait pour me reconnaître ? Ah, oui : Elliot a regardé ce spectacle avec ses yeux d’enfant… comme le petit prince, Elliot aurait, lui, bien vu l’éléphant dans le boa…)