Génération Y, connectée en permanence : H24 sur le clavier… Que fera-t-on de vous ? La sortie de Berthelot est édifiante, en matière d’étude de société (c’est ma route : je passe devant le lycée aux heures de sortie des zélèves, puisque nous avons les mêmes horaires, logique..) : tous les lycéens sont connectés sur leur portable : sms, les doigts pianotent à contretemps (les pied,s eux, traînent et en tant qu’automobiliste, je dois avouer qu’il est irritant de laisser traverse un piéton ado en train de rédiger un sms car il met deux fois plus de temps à traverser que la petite mamie avec son toutou, son petit sac à main et ses petites charentaises, son sac Ranoux-Méthiviers et sa NR sous le bras).
L’autre jour, une image m’a frappée : deux lycéens, elle et lui, beaux comme des dieux, les cheveux dans la brise printanière, le sourire béat de ceux qui s’aiment, la démarche souple et légère, le pas… Ah, non, le pas traînant… Les doigts pianotant chacun sur son clavier. 100 mètres après la sortie du lycée, à l’âge où l’on se parle d’amour ou de mort (de Belle du Seigneur ou de Baudelaire), ils ne se parlaient toujours pas. Ils communiquaient (entre eux ? Ce serait le comble…) chacun de son côté. Plus loin, tous les lycéens que j’ai croisés avaient la même attitude : les doigts sur le clavier.. Tête penchée, sms, sms, sms… On les dessinerait en forme de saule pleureur, tant ils penchant vers le clavier…
Remarquez, à chaque génération sa façon de pencher la tête : nous étions, sans doute, penchés sur nos mains qui roulaient des cigarettes : guère mieux en matière de santé… Au moins peut-on espérer qu’ils communiquent… J’aimerais parfois que les lycéens relèvent la tête, surtout quand ils traversent ma route… Avec cette génération, il faut avoir le réflexe du freinage (d’où les dos d’âne et la multiplication des Auto-Ecoles aux abords de Berthelot) : parce qu’en plus du clavier au bout des doigts, ils ont les écouteurs dans les oreilles et ne vous entendent pas plus arriver qu’ils ne vous voient ! Ecraser un lycéen serait un comble…
Nos collégiens-geek, eux, passent leurs nuits sur le clavier de leur PC : nous devons, en cours, redoubler d’attention pour les réveiller… Tête penchée, vous dis-je… Comment, dans ces conditions, espérer toucher leur esprit en leur lisant Antigone ? La fille d’Oedipe peut aller se rhabiller… Elle qui a mis un point d’honneur à vivre la tête haute ne fait plus rêver…