Mes ex-troisièmes se souviennent très certainement de la Une du magazine Valeurs Actuelles sur les Roms… sur l’Islam… Voici leur dernière cible (dont nous parlions ce matin dans les colonnes du Torchon) : notre ministre de l’Education Nationale. http://www.liberation.fr/politiques/2014/09/03/une-campagne-politique-assez-ignoble-contre-najat-vallaud-belkacem_1092751
Mardi, c’était le journal Minute qui provoquait à la Une : la nomination d’une femme jeune, d’origine marocaine au poste de ministre de l’Education Nationale suscite des réactions fortes dans certaines rédactions…
Première séance d’option media demain matin à 8 heures, pour les troisièmes : sujet à travailler, peut-être, le métier de grand reporter… La seconde décapitation d’un journaliste américain nous renvoie hélas à la réalité du terrain : informer au risque de sa vie.
http://www.liberation.fr/monde/2014/09/02/l-etat-islamique-revendique-dans-une-video-la-decapitation-d-un-2e-otage-americain_1092362
A relire, un article composé par des zélèves d’option media à l’occasion d’une conférence de grands reporters, dans le cadre des assises du journalisme, à Poitiers, voici trois ans :
Le jeudi 10 novembre nous avons eu la chance d’assister à une conférence de presse animée par deux grands reporters (Lucas Menget, grand reporter à Envoyé Spécial sur France2, et Mathieu Laurent, grand reporter pour Radio France) qui nous ont parlé de leur métier.
» Reporter n’est pas un métier, c’est une façon de vivre « .
Grand reporter, c’est à la fois un titre, et une notion, selon eux. Quand on est reporter, on voyage beaucoup et longtemps. On peut couvrir des sugets très importants et en vogue, et des fois beaucoup moins, mais cela reste tout autant enrichissant. On peut parler dans ses articles de la guerre, ou parfois simplement des résultats d’un dernier scrutin. Quand ils sont ailleurs, ils travaillent hors de toute information, comme coupés du monde. Ils sont parfois seuls, ou en petit groupe. Dans des pays où le français n’est pas courant, des fixeurs et interprètes sont là pour faciliter les échanges.
Il faut certaines qualités pour pratiquer ce métier à risques, comme posséder une curiosité permanente, être discret, débrouillard, persévérant et avoir de l’humilité. Il faut être présent, mais distant dans sa tête à la fois. Un reportage peut durer jusqu’à plusieurs semaines. Un suget envoyé de Kaboul par exemple, qui dure simplement une minute trente, coûte entre 5 et 10 mille euros pour la télévision.
Egalement, le métier se féminise grandement, dans tous les domaines des média. Cela a rendu le métier moins matchiste, et a permis d’ouvrir de nouveaux horizons. Cela peut peut permettre, par exemple, d’entrer dans des maisons avec une femme dans des pays en d’Orient. En faisant ce métier, on peut avoir peur pour sa survie, et bien sur, on ne sort pas indemne, psychologiquement du moins, de tout ça. On voit de tout au quotidien, mais il faut passer outre. » La peur devient à force une amie », confie Mathieu Laurent. Quand ils sont dans des pays étrangers, la barrière de la langue peut déranger, et la frustration est grande. Peur de manquer d’informations, de ne pas être bon, des questions qu’ils se posent vraiment souvent. Mais quand ils réfléchissent, il est assez grisant et marquant de vivre des moments en direct, qui vont grandement marquer l’Histoire. « C’est simplement incroyable d’être payé pour exercer sa passion » dit Lucas Menget.
L’énorme problème de cette vie de cavale, c’est bien sûr la vie de famille compliquée. Rester loin de ses proches est vraiment très dur. On rate des évenements importants, naissances, mariages d’amis, et d’autres choses, mais cela fait partie des difficultés du métier. Mais au moins, on n’entre pas dans un cycle de monotonie ! Ce qui est bien, c’est que, quand ils restent longtemps en France, parce qu’ils ne sont appelés nulel part, une souplesse horaire importante s’installe. Il y a aussi des régles : ils ne diffusent rien si cela peut mettre en danger des personnes, et il faut tout faire pour ne pas mettre en danger les gens qui les ont aidés à survivre sur certains territoires. Informer à tout prix n’est pas leur but. Pour exercer ce métier, on peut être formé sur le tas, ou bien faire un parcours classique, c’est-à-dire les écoles de journalisme (13 sont reconnues) qui se font en deux ans. Soit 3 ans après le bac, soit plus tard, il peut être important d’avoir une autre formation que le journalisme. Personnellement, j’ai appris que c’était un métier vraiment complexe, mais qui a de nombreux avantages.
Océane L.
Nous avions évoqué, l’an dernier, le cas de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, victime d’insultes racistes. Voici à présent que notre toute nouvelle Ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, l’est à son tour.
A lire dans Libération aujourd’hui, une tribune en soutien à celle qui est notre ministre :
http://www.liberation.fr/politiques/2014/09/01/l-education-nationale-et-sa-ministre-face-aux-discriminations_1091509
Pour notre part, nous aimerions qu’on la laisse travailler en paix : il est des priorités, la gestion de notre Education Nationale en est une. Et on le sait, on ne travaille bien que lorsqu’on est en paix. Qu’au moins les attaques bêtes et méchantes cessent, et que la communauté adulte donne un exemple plus raisonnable à nos chères têtes blondes ou brunes. Sans quoi, c’est tout notre travail à nous, enseignants, auprès des zélèves, qui est à refaire…
Le mot est à la mode, tendance, presque glamour, dans la bouche de nos zélèves qui, dès qu’ils franchissent les grilles du lycée, se mettent à parler de nous, leurs professeurs de troisième (mission achevée le 28 juin) comme de leurs “ex-professeurs” : eux disent “ex-profs”.
Ex-profs ? Et pourquoi pas ex-maman, ex-papa (Ryhad se reconnaîtra) pendant que nous y sommes ? Il est vrai que, dans les colonnes du Torchon, nous avons utilisé le préfixe en l’accolant à maintes reprises au nom “élèves” : mea culpa, mea maxima culpa. Mais que Julie, Eden, Anissa, utilisent ce terme, alors que nous ne sommes séparés, elles et nous, les enseignants, que depuis deux mois, est une prise de conscience qu’irrémédiablement, rentrée après rentrée, DNB après DNB, nous quittons nos zélèves. Ou plutôt, nous sommes quittés par nos zélèves.
Rupture par consentement mutuel : ils empochent, l’air bravache, leur diplôme, traînent un peu les pieds dans la poussière de la fin juin, vous saluent qui d’un “Allez, à plus, M’Dame, vous étiez pas trop mal comme prof, sauf en informatique, là ça craint. On s’reverra bien un jour” ou bien ils ne vous quittent plus, trouvent mille et un prétextes pour vous croiser au hasard des couloirs, viennent papoter pendant les dernières récréations, squattent même vos ateliers de début juillet, on en retrouve même certains près de nos voitures quand le Grand Départ du collège se fait imminent… Ceux-là sont les chouchous, parce qu’ils ne vous disent pas de suite que vous allez devenir un(e) Ex, non, ils vous assurent que vous serez, dans leur coeur, l’Ex Préféré(e), l’Elu(e), roi/reine au royaume des Ex-profs…
Et, une fois qu’ils ont réalisé que le Grand Départ du collège devait se faire, ils baissent leurs yeux un tantinet embués, reniflent discrètement, tournent les talons, filent crânement (mais sûrement) vers la grille de sortie… un petit regard en arrière, quand même, pour voir si nous, les Futurs-Ex, on tient le choc (c’est vrai, ça, on les a chouchoutés pendant neuf mois, quand même, une gestation, ça compte… On les a connus bébés, à leur entrée en sixième… On ne va pas pleurer, quand même… On a une fierté, une réputation…) : ils font semblant d’avoir un lacet à refaire, une bretelle de cartable (le cartable-prétexte : vide. ) à replacer sur l’épaule, glissent un regard vers vous : “M’Dame, au pire, on se parlera sur Facebook, et pis, le baby sitting, c’est quand vous voulez, on viendra geeker avec votre fils ! Et pleurez pas, on reviendra vous voir !”.
Et le meilleur, c’est qu’ils le font ! Parfois, même 15 ans après (oui, ça marche avec deux chiffres à partir d’une certaine expérience dans le métier : des Ex élèves, certains parmi nous en ont une foultitude en stock…), ils vous font la surprise de débarquer à la loge : ils vous ont retrouvé sur Facebook (diantre…) et viennent vous raconter leur vie : ça, on aime ! (like)
Nos dernières Ex, les plus récentes, ce sont Julie, Eden, Anissa et Joana, qui nous ont fait la joie de nous rejoindre hier midi au Lac pour le pique-nique : leur rentrée au lycée à peine faite, elles retrouvaient leurs Ex-profs avec un peu de bonheur, semblait-il, puisque Julie est même revenue après ses “cours”, pour papoter, et même aider au rangement du matériel. Ah, ces chers Ex… Comme dans toute rupture par consentement tacite et mutuel, résigné, l’indépendance prend du temps…
Merci, donc, à nos chères Ex d’un jour : les petits sixièmes ont dû se demander ce que faisaient là ces grandes filles, avec leur allure de lycéennes et leur emploi du temps à 40 heures (toutes cases remplies, sur le papier…), leur carnet de liaison flambant neuf, au format de poche (tiens, il faut que le micro-sac à main puisse le contenir : l’Education Nationale s’adapte à la mode mini, voire nano), au milieu de leurs tout nouveaux profs (Futurs Ex au bout de quatre ans de vie commune, cinq pour les moins chanceux)… Toujours est-il qu’on aime, nous, les Ex-profs, ces petites rencontres fortuites sur l’herbe verte de nos journées EXtraordinaires de rentrée pas comme les autres.
Place, ce matin, à la Vraie Rentrée : les Ex sont remplacés par des Néo. Et longue vie à nos Ex-élèves… On les reverra toujours avec plaisir… A bon entendeur !