Oct
06

Loin de nous l’idée de faire passer nos zélèves pour des monstres sanguinaires dans cette rubrique : elle se veut simple reflet d’une réalité quotidienne. Parfois (souvent), les propos de nos zélèves nous choquent. Après Hitler, que nos zados avaient appris à connaître en regardant un reportage sur Arte (que certains appellent “arte”, sans prononcer l’accent aigu sur le “e”, ce qui fait sourire ;)) et dont on avait entendu dire qu'”il parlait vachement bien, M’Dame” et qu’à part le fait qu’il ait commis un crime contre l’humanité (quand même), “on l’aime bien”, on pouvait s’attendre à tout…

A tout ? Presqu’à tout. Il suffit de s’asseoir en salle de conférence, de lancer une revue de presse, et d’écouter ce que disent les zélèves, qui oublient bien vite votre présence (l’élève est programmé pour zapper le prof, à un moment ou à un autre de l’heure : c’est là qu’on remplit notre quotat de punitions) : diantre ! Mes zoreilles !

Il était question, cette fois-ci, de la décapitation du troisième otage par les barbares de l’EI (aujourd’hui, les media disent Daech, soit, ce sont les mêmes brutes sanguinaires) : c’était avant le quatrième, pour lequel je n’ai (du coup…) pas osé la revue de presse. Et en attendant le cinquième, puisqu’il est déjà annoncé : mais on ne peut pas plaisanter avec ce sujet, tout de même.

Non, assurément pas : et mon élève qui, entre deux lamentations de ses camarades “ils ont osé, c’est abject, c’est odieux, c’est  monstrueux” (enfin, avec le vocabulaire de mes zélèves, ça donnait plutôt un langage fleuri, un peu trop pour ce Torchon…), a lancé un retentissant : “Moi, ça me choque pas, qu’ils décapitent ceux qui sont infidèles ”  ne plaisantait vraiment pas… Yeux ronds, sourcils périlleusement dressés en accent circonflexe, (la marque du désespoir), quelques cris de protestation chez les zados autour de la table ronde-rectangulaire.

Mais notre ami persiste, et s’explique : “Moi, je dis que, d’accord, si c’est un otage non musulman, OK, ils n’ont pas le droit de le décapiter mais si c’est un musulman, à l’intérieur d’une religion, on a le droit de punir, et là, ça me choque pas. C’est la loi.”

Avouons que, face à un tel discours, on se sent démuni : notre élève est sûr de ce qu’il dit. Et tous les arguments qu’on lui oppose n’y feront rien (cette fois-ci en tous cas), il a sa propre conviction. Parfois, laisser la parole circuler est… consternant.

Alors, pour conclure, renseignons-nous sur ce qu’il en est de la mort par décapitation, selon la loi, ou même selon les textes religieux dont se réclament les membres de l’Etat Islamique :

http://www.marianne.net/Decapitations-autopsie-du-message-djihadiste_a240993.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_p%C3%A9nal_musulman

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/08/21/31002-20140821ARTFIG00109-decapitations-en-arabie-saoudite-comment-la-charia-transforme-t-elle-la-societe.php