Déc
03
Classé dans (L'actualité au collège) par Agnès Dibot le 03-12-2014

 

a2v2

Une lettre anonyme, composée de quelques mots dont les lettres ont été découpées dans un journal, est parvenue ce matin comme par magie sur le bureau de Madame la Principale : “Cadavre au CDI ! Affaire classée ?” . Ni une, ni deux, hop, hop, madame Fontenit grimpe trois étages (dans sa précipitation, elle en oublie même d’ôter son bonnet : oh, le règlement intérieur !!!!) pour confier cette enquête à ses deux enquêtrices de charme et de choc (on peut se faire à soi-même les compliments qu’on ne reçoit jamais, non ?) et leur équipe de Sherlock Holmès en herbes : mesdames Barret et Dibot et les zélèves de leur atelier “Affaire classée”.

Quelle opportunité, ce cadavre, pour mettre en pratique les connaissances acquises ces trois premiers jours d’atelier, à la lumière de la lecture du polar L’Ogre de la Couronne, de Stéphane Tamaillon (un écrivain vivant qui rencontrera nos zélèves vendredi matin) !

Après quelques hésitations côté prof (glups, ce n’est pas tous les jours qu’on découvre un cadavre au collège !), l’enthousiasme des zélèves l’emporte et voici toute la petite équipe au CDI : on y trouve des zélèves en pyjama, à 11 heures du matin, mais que se passe-t-il dans cet atelier “Un petit déjeuner presque parfait” ???), mais, pour trouver notre cadavre (appelons-le Blaise le squelette), il nous faut poursuivre notre quête jusque dans la réserve du CDI : là, abandonné derrière quelques panneaux en carton, on découvre bel et bien … des restes humains ! Un squelette d’homme, car vêtu d’un pantalon et d’une chemise (les stéréotypes ont la belle vie !), est là, étendu. A ses côtés, un vieux cartable, qu’on s’empresse d’ouvrir. Dans sa main, un billet doux, signé d’une certaine Chantalou ! “Mon amour, retrouve-moi ce soir sur le parking, après le conseil de classe”. Dans le cartable, un vieux roman dédicacé par une certaine Flo, à son époux !

Les indices sont suffisants pour que les déductions et hypothèses aillent bon train : c’est un prof de français ! Le livre, c’est sa femme qui le lui a dédicacé, elle l’appelle “mon cher époux” ! Flo, c’est Florence ! Ou Flora, Florine ? Il vient de la librairie Aux Classiques, le tampon l’indique ! La victime se nomme JYM : une étiquette porte son nom dans un manuel d’orthographe !

Dans le bureau de notre chère secrétaire, sur les conseils de Madame Fontenit, nos zélèves retrouvent, dans les archives, un enseignant du nom de JYM… Et une prof prénommée Chantal, qui enseignait au collège la même année que lui ! Sa maîtresse ? Une équipe interroge Madame Cartier, qui travaille au collège depuis de nombreuses années : elle confirme avoir connu nos deux protagonistes ! “Pauvre JY !” s’exclame-t-elle, compatissante…

Demain matin, une enquête grandeur nature attend nos zélèves : il faut se rendre à la librairie, enquêter sur cette Florence ! Et à la mairie, pour demander un extrait d’état civil de JYM : qui était donc notre victime ? Son épouse ? Sa maîtresse ? Et, surtout, qui est l’assassin, et quel était son mobile ? Le crime remontant à quelques années, pourquoi avoir alerté ce jour notre équipe de charme et de choc ? Mystère…

En attendant, pourvu que notre cadavre ne disparaisse pas d’ici à demain matin 😉

Véridique ! Entendu vendredi dernier, en traversant la cours à 13 heures (mais quelle idée, aussi, de traverser une cour pleine d’élèves à 13 heures ?) !

Qui est l’élève coupable d’un tel propos ? Inconnu ! Même pas identifié : une voix dans un groupe d’ados.. On se retourne, on ouvre la bouche en un “oh” stupéfait, on est tentée de rebrousser chemin (on se dirige vers l’administration où on a un truc hypper urgent à faire, qu’était-ce déjà ? Ah oui, récupérer la clé de la salle informatique pour la séance d’option media : urgentissime, la sonnerie a déjà retenti une fois…) , de faire répéter la phrase à l’élève en question, puis on se ravise : décidément, on n’a plus le temps. Et puis, impossible, on a dû mal entendre !

Quel élève de 3ème aurait été assez peu organisé dans sa recherche de stage pour atterrir, finalement, au collège ? Quel élève aurait été assez peu rapide ou autonome dans sa recherche de stage pour n’avoir pas trouvé mieux que de rester une semaine au collège, quand tous ses camarades ont trouvé un stage en dehors des murs ? (le stage idéal ? N’importe quelle boutique proche de la Place Dupleix, le QG des zélèves à leurs heures perdues…)  Et puis, impossible d’observer le métier de prof, on a dû mal entendre… Non ?

Décidément, il est des préjugés à combattre, jusque dans nos rangs…

c2

Kézaco ? Il s’agit du titre d’un concours national ouvert aux adolescents, aux élèves : une façon de réfléchir aux différences et inégalités entre les sexes dans le but de lutter contre le sexisme. Ce concours offre l’opportunité aux zélèves de réaliser un court-métrage présentant une proposition pour lutter contre le sexisme. C’est à ce concours que préparent nos Drôles de Dames Picou-Vaye-Trillaud cette semaine, dans le cadre des ateliers pédagogiques de la désormais très célèbre semaine décloisonnée.

Plutôt intéressant, non ? Je ne cache pas (oh, ce “je” tout plein d’ego !) que si j’avais été élève en 2014 à George Sand, c’est cet atelier que j’aurais choisi en voeu n°1, (et l’atelier Affaire Classée en voeu n°1 ex-aequo, n’abusons pas ;)). On offre aux zélèves un espace d’expression et on ouvre la boîte à idées sur un sujet qui est une des préoccupations majeures de nos zados : la différence et la lutte contre les stéréotypes et les préjugés.

 

Alors, féminisme ? Sexisme à l’envers ?  Et pourquoi donc trois femmes pour animer cet atelier ? Et pourquoi avoir choisi ce concours où l’on ne parle quand même que de la place de la femme dans la société ? Et pourquoi tant de blabla autour d’un sexe faible, pendant qu’on y est, non ?  C’est vrai ça, après tout : qu’est-ce que ça peut faire, que la femme soit l’avenir de l’homme pour le poète ? En attendant, on le lit dans ce Torchon en rubrique “brèves de comptoir” : “la femme st faite pour rester à la maison”, c’est une partie de notre génération d’ados qui le pense.

Lutter contre les stéréotypes ? Défaire les préjugés ? Rappeler que la femme a le droit de voter, de travailler, de s’émanciper, de faire des études, d’avorter, de prendre la pilule, de disposer de son corps ? A quoi bon ? Tout cela n’est qu’évidence !

A l’évidence, pourtant non : une petite piqûre de rappel ? Et nos Trois Drôles de Dames se lancent dans l’entreprise de démolition des préjugés sexistes : trois femmes, c’est un hasard ! Si l’éducation nationale est un métier féminin, à qui la “faute” ? Rassurons nos lecteurs, le groupe d’élèves inscrits est, lui, mixte 😉

Et nous remercions ces zélèves qui ne manqueront pas de nourrir par leur réalisation quelques colonnes de notre Torchon, en rubrique “Pink Paillettes, UN JOURNAL DE FILLES ECRIT POUR LES GARCONS” Parce qu’en côtoyant les zélèves au quotidien, en dehors de leur structure familiale, nous savons bien, nous, qu’il est capital d’éduquer à l’égalité des sexes, pour ne plus entendre remettre en question les droits des femmes.

Alors, féminisme ? Assurément pas : éducation. Parce que nos zados aiment libérer leur parole et, croyez-nous, par moments, on en entend de toutes les couleurs 😉