Avr
05
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 05-04-2013

Naïvement, c’est le triste constat que je dois dresser de la forte influence exercée sur moi par madame D., naïvement, disais-je, j’espère que les élèves venus en Italie ont tout de suite fait le lien entre cette illustre femme et notre voyage. Las, lucide, je dois me résoudre à expliciter les choses. Marguerite de Crayencour, dite Yourcenar, vous notez l’anagramme, se trouvait à l’honneur à Tivoli, lorsque, le matin, nous visitâmes la villa Hadriana, avec une exposition à elle dédiée. C’est en effet en 1951 que cette femme de lettre, la première femme devenue, en 1980, Immortelle, par la grâce de ses pairs qui l’élirent, afin qu’elle siégeât avec eux sous la Coupole, c’est donc notre auteur qui écrivit les Mémoires d’Hadrien. J’ai une grande affection pour ce livre qui, sous la forme de mémoires imaginaires de cet empereur mort en 178, dresse un constat lucide de la fin de sa vie et des civilisations, ce que confirma Voltaire qui disait “les civilisations peuvent mourir, puisqu’elles naissent”.

Ces mémoires d’Hadrien sont écrites dans un style très clair, très précis, assez dense et en même temps avec beaucoup de poésie et d’amour, de cet amour porté par l’empereur à Antinous. Précisons que le musée de la villa exposait les dernières trouvailles réalisées in situ et qu’il s’agissait de bustes d’Antinous. De ce dernier nous donnons aussi ici une photographie, réalisée dans les musées du Vatican.

Musée du Vatican, 26 mars 2013.

Quoi qu’il en soit, je fus heureux de voir notre culture nationale s’exposer ainsi en Italie, et, sous le froid soleil brumeux de ce vendredi de printemps, ma pauvre carcasse se trouvait assurément réchauffée et mon esprit réconforté. La gloire, soleil des morts, auréole assurément pour des siècles encore la personne de l’empereur Hadrien, tout comme ce dernier sut déifier Antinous et figer pour l’éternité les traits de sa juvénile beauté. La littérature, l’architecture, la sculpture se rejoignaient sous nos yeux, lors de ce séjour, en souvenir d’un amour disparu depuis près de 2000 ans, qui s’en rendit compte?

Mar
29
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 29-03-2013

On m’accordera que cette lettre ne pouvait pas s’orienter vers un autre personnage que Xénophon. Les 6è, vous êtes là Servane, les 6è, donc, le connaissent, enfin, disons qu’ils ont entendu parler de lui et lu quelques lignes de ce dernier, mais cela n’allait pas plus loin, en cours, fort heureusement, le Torchon, complète cela.

Ce cher Xénophon fut un élève de Socrate, vous en entendrez beaucoup parler en cours de philosophie, au lycée, dont il se fit le porte-parole et ses écrits à ce propos, dont l’apologie de Socrate, laissent bien à entendre à quel point il aima son maître. il s’essaya à plusieurs genres, ainsi, L’économique nous explique comment il convenait de gérer une propriété agricole à son époque, son goût pour les questions techniques se retrouve aussi avec ses traités comme la chasse ou de l’équitation, mais ce qui captive le plus l’historien, ce sont ses récits de nature militaire.

Il faut en effet préciser que notre homme, hostile à la démocratie, s’engagea comme mercenaire, afin de combattre aux côtés de Cyrus contre son frère Artaxerxès II, roi de Perse. Suite à une défaite, il organisa le retour des Grecs chez eux, 13 000 hommes environs, on parle des Dix Mille et le récit qui nous en fut fait est l’Anabase. Ce texte, témoignage authentique, fait de Xénophon un continuateur de Thucydide, le père de l’Histoire, mesurez donc à quel point il est important! Dans un genre un peu différent, puisque le récit est plus nuancé, bien qu’appuyé sur des faits exacts, on lui doit la Cyropédie, récit de la vie de Cyrus le Grand.

En somme, un auteur qui pourrait être complet s’il n’était pas, malgré tout, d’une qualité inférieure à celle de ceux qu’il tenta d’imiter. Reconnaissons lui cependant le mérite d’avoir poursuivi le développement d’une méthode qui, à ce jour encore, est celle utilisée en Histoire, laquelle, inlassablement, poursuit la recherche de ce qui fut, ce qui n’est pas fatalement d’ailleurs, l’expression de ce qui est défini, actuellement, comme vérité, Pascal nous l’a bien confirmé, “vérité en deça des Pyrénées, erreur au delà”.

Mar
22
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 22-03-2013

Avouez qu’il est des lettres de notre alphabet qui rendent fichtrement périlleux le pari de notre début d’année, déjà fort loin, puisque nous voici parvenus au W de notre série. Un temps je pensai à m’emparer de Walter Scott, en souvenir des allusions de Balzac à son sujet, je pensai ensuite à la famille de Wendel, versée dans les mines et la sidérurgie, clin d’oeil à notre Manu, finalement, ce sera plus artistique, ce sera Watteau et un souvenir du Nord, puisqu’il naquit à Valenciennes.

Ce cher Watteau, mort jeune de la tuberculose, ne fut pas des plus actif mais, ce qu’il produisit, dispersé dans quelques musées d’Europe, est assez novateur, à tel point qu’il fut à l’origine du genre dit des fêtes galantes et que certains vont même jusqu’à voir en ses fonds paysagers légèrement flous une anticipation de l’impressionnisme, que, personnellement, je rapprocherais plus d’une réminiscence du sfumato de Vinci, mais l’expert ce n’est pas moi…

A côté de ce gout pour les scènes pastorales, au premier rang desquelles le pèlerinage à l’île de Cythère, on note aussi des références appuyées au monde du spectacle, de la comédie, tant dans le choix des personnages, avec ce Gilles (référence nordiste) devenu depuis peu Pierrot (référence italienne) que dans le traitement des décors, avec ses lourds rideaux et tentures.

De l’ensemble de l’oeuvre émane une certaine tristesse, plus encore que de la nostalgie. Il y a chez lui quelque chose de figé, jusque dans le mouvement, un peu comme le désir de fixer le souvenir fugace d’un trop bref instant, de joie, mais pas toujours. Il y a du Proust dans cette peinture, avec ce sentiment que le temps passe et que ce temps qui passe nous tue encore plus certainement que n’importe quel microbe, nous renvoyant, en pleine période des plaisirs de la Régence, à quelque anticipation du romantisme qui, à ses débuts, avait, selon moi, quelque chose d’assez morbide et dépressif.

Bref, c’est avec plaisir que, pour quelques jours, nous nous plongerons sous peu dans les plaisirs de la découverte de la Rome antique et baroque, dans le tourbillon des couleurs des villas de Pompéi et le foisonnement des jardins de la villa d’Este, afin d’oublier le ciel bas et lourd qui nous accable depuis si longtemps. Avant quelques clichés de la Ville Eternelle, le Gilles/Pierrot ou la comedia del arte vue par un nordiste!

Mar
15
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 15-03-2013

Le Monde pense tout savoir de ce grand auteur qui ne manqua pas de bercer l’enfance de plusieurs millions de nos fidèles lecteurs dispersés sur la planète. Le Monde pense tout savoir de ces romans mis en film qui animèrent les soirées d’autres millions de lecteurs, plus jeunes. Le Monde, assurément, une fois encore, se trompe.

Or, le Torchon, une fois de plus, est là! Là pour révéler à la planète un vérité jusqu’alors ignorée car demeurée au fond de poussiéreuses archives privées. A l’heure d’internet, alors que les jeunes se rient des vieux papiers, ils ignorent encore, peut-on leur en vouloir, que ces documents sont loin d’être tous exploités, ils révèlent encore bien des secrets qui ne demandent qu’à se révéler à ceux qui savent faire parler et chanter les parchemins, les papiers jaunis, les lettres oubliées, tout ces souvenirs que renferment les gros meubles à tiroirs chers à notre bien aimé Baudelaire. Ainsi, au cours de mes fouilles et de mes plongées dans mon monde, dans mon univers, dans mon passé, je fus confronté à quelques lignes indiquant que son prof de français, au lycée de Nantes, en 1846, disait souvent à Jules Verne ” Verne, vous êtes un cancre, vous n’écrirez jamais le français, vous n’arriverez à rien”.

Que retenir de cela? Que parfois les profs se trompent? Non, ça c’était avant? Que quelques difficultés passagères ne préjugent en rien de l’avenir, oui, c’est évident.  Mais, cela n’empêche surtout pas de travailler! Notre collège abrite peut-être un futur écrivain? Il a bien abrité des sportifs, alors, pourquoi pas? On peut aussi se souvenir qu’un caractère rêveur peut être une force, dans certaines circonstances. Surtout, il faut garder en tête que le temps de l’enfance, de l’adolescence, est un temps de construction, tous, vous êtes en construction, en devenir et promis à un avenir que, tous, nous avons bien du mal à entrevoir, aussi, rêvez en grand et travaillez en plus grand encore!

Mar
08
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 08-03-2013

Sur la rive gauche de la Vienne, côté Chateauneuf, se trouve la rue Urbain Grandier. Un nom que l’on rencontre assez souvent dans les villes de la Vienne, pas ailleurs. Le nom est assez obscur, je ne connais pas grand monde capable de citer quelques faits concernant la vie  de cet homme et c’est peut-être mieux, tant sa vie fut dissolue! En ces temps de conclave et d’agitation curiale à Rome, esquissons un bref retour sur la vie du prêtre Urbain Grandier, né en 1590, mort en 1634, à Loudun, soit à 50 kilomètres de notre bonne cité.

Faisant du Tartuffe dans le texte, à la méthode Jourdain, sans en rien savoir, logique, Molière n’avait pas encore écrit sa pièce (on se réveille Servane!), bref, affirmant que pour être dévot il n’en était pas moins homme, notre Urbain, fort poliment, se trouvait séducteur invétéré, mettant enceintes plusieurs femmes de son entourage, il alla même jusqu’à rédiger un pamphlet contre le célibat des prêtres, vous constatez donc que la question n’est pas d’hier.

Il est surtout connu pour cette affaire des possédées de Loudun, des religieuses du couvent des Ursulines de la ville qui prétendirent que ledit Grandier les avait envoûtées, en usant de diablerie, et séduites. Lors de son procès il parvint à prouver son innocence ou du moins sa moindre implication dans l’affaire et se trouva acquitté. C’était sans compter sur le cardinal de Richelieu qui fit rejuger l’affaire, utiliser la question extraordinaire, donc la torture, afin d’obtenir de Grandier des aveux en bonne et due forme, y compris les lettres, signées, du diable en personne, prouvant le pacte entre le démon et le prêtre indigne.

Cela lui valut de terminer sur le bûcher.  C’est peut-être pour cela que la rue d’Enfer est si proche de la rue Grandier, toujours à Chateauneuf.

Il ne manque que des questions d’argent et l’on penserait entendre le quotidien débité par nos postes radiophoniques, entre malversations diverses, affaires de mœurs et règlements de comptes. Se pose alors l’éternelle question dont la réponse devrait justifier l’existence de mes propres cours: à quoi cela sert-il de connaitre le passé si les hommes se condamnent toujours à le revivre?

Peut-être à éviter malgré tout le pire?

Fév
15
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 15-02-2013

Un inconnu de plus qui ne devrait pas l’être, surtout pas en notre bonne vieille ville dont il fut, 40 ans durant, secrétaire de sous-préfecture. Issu d’une famille protestante, orphelin de mère très tôt, bon bourgeois de la ville, avec une solide assise foncière à Colombiers (vous suivez Servane?) il fut donc au coeur de la vie politique et quotidienne de la ville durant 40 années, de 1814 à 1854, assurant parfois l’intérim et ayant la signature du sous-préfet lorsque ce dernier, comme aurait dit Daudet, se trouvait aux champs. Il y beaucoup à dire sur cet homme discret et cultivé mais indécis de caractère et assez timoré, manifestement soumis à la tutelle de sa femme, si! Je me contenterai de dire qu’un des carrefours de la rue Bourbon se nommait autrefois carrefour Turquand, que ce patronyme se retrouve aussi lié à un château désormais détruit de la bonne bourgade de Senillé et que l’église Saint Jacques, dont la restauration intérieure fut le fruit de l’oeuvre de George-Eugène Colombet (dont tout le monde se souvient puisqu’il fut cité en cette rubrique), abritait une chapelle dite “de tous les saints”, dans laquelle se faisaient inhumer les Turquand.

Notre brave secrétaire, bien qu’allié aux Creuzé, aux Treuille et autres familles en vue de la ville, est donc, comme tant d’autres, tombé dans l’oubli le plus profond, preuve que 40 ans de bons et loyaux services, hier comme aujourd’hui, sont rarement récompensés.

Fév
08
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 08-02-2013

Cet homme haut en couleur, né à Châtellerault, mort à Naintré, ayant eu une maitresse dans une fort belle demeure art nouveau aux Ormes est avant tout connu car il fut le propriétaire du cabaret le Chat noir, à Paris. Ce célébrissime cabaret fondé en 1881 fut racheté et rebaptisé 2 ans après la mort de Salis. Tout le Paris bohême de la fin du XIXè s’y retrouvait: Aristide Bruant, Alphonse Allais, Caran d’Ache etc, l’ambiance des années folles devait y être particulièrement palpable!

Châtellerault n’honore pas véritablement son enfant, fils d’un limonadier local, il suffit de voir la qualité de la plaque qui, rue Gaudeau-Lerpinière, la rue de la bibliothèque du château, indique que se trouvait ici la demeure où naquit l’auguste saltimbanque. Fort heureusement, l’enseigne fort connue du chat noir se trouve, elle, au musée Carnavalet, à Paris, splendide hôtel particulier, qui fut un temps propriété de la marquise de Sévigné, relié à l’hôtel Lepeletier de Saint Fargeau, lesquels Lepeletier possédèrent le merveilleux château de Saint Fargeau, qui avait appartenu à la Grande Mademoiselle, duchesse de Châtellerault, la boucle est bouclée.

Fév
01
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 01-02-2013

Les Châtelleraudais ne manqueront pas de faire un lien immédiat avec l’avenue Treuille qui conduit à la gare. Ils pourraient aussi se souvenir que la grande demeure de l’avenue Clemenceau, face au commissariat de police, demeure désormais défigurée et privée de son immense parc, fut la résidence urbaine de cette grand famille.

Raoul est le fils d’Edmond et d’Emilie Conty, c’est aussi un parent d’Eugène Turquand, dont nous reparlerons, il épousa Lucie Darblay, il avait pour frère Edmond. C’est Edmond père qui racheta le château de Chitré, presque totalement ruiné par la Révolution, mais c’est Raoul qui entreprit de le restaurer. Il était certes fort à son aise, ayant de nombreux intérêts économiques dans le châtelleraudais, les moins importants n’étant pas ceux dans la manufacture, mais, là aussi, un très beau mariage lui permit de conforter à la fois son assise et la restauration de son château de Chitré, son frère ayant celui de la Tour d’Oyré. Raoul avait en effet épousé une demoiselle Darblay dont le patronyme trouva tout son lustre assez tardivement, sous l’Empire, avec de grandes possessions dans les minoteries en premier lieu puis dans la papeterie, cela grâce à leurs nombreux moulins. Les Darblay surent assez vite compter au rang des 200 familles, c’est dire si l’alliance se trouvait avantageuse.

De son côté la famille Treuille est une famille dont on retrouve aisément les origines dès le XVIIè siècle à Châtellerault, où ils occupent une place dans la bourgeoisie locale. C’est vraiment le XIXè siècle qui permit à certaines branches de trouver un rayonnement tel que celui que nous évoquons. On peut ajouter que la descendant de Raoul vit se nouer des alliances qui permirent à sa fille, la vicomtesse de Lestrange, d’habiter Chitré et de pouvoir y inviter l’élite intellectuelle de la France d’après-guerre, dont son cousin Saint-Exupéry.

Il y aurait naturellement fort à dire sur une famille si en vue, des splendides équipages de chasse à courre, dont le bottin mondain parlait beaucoup, à une descendance qui brille actuellement dans la politique nationale, gardons surtout en tête le sauvetage réussi d’une belle demeure à la sortie de notre ville et de la présence de l’auteur de notre  Petit Prince, cher aux 6è de l’atelier théâtre.

Jan
25
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 25-01-2013

Il y a autour de cet homme un duel de fées tout à fait extraordinaire. Sur son berceau semble s’être penché à la fois le meilleur et le pire.

Vous notez que, chronologiquement il vécut à une période charnière essentielles, période de ruptures, de nouveautés, de contestations. Charles, monarque le plus puissant de son temps, régnant sur un empire mondial, sur lequel le soleil, jamais, ne se couchait, allant des actuelles Philippines à l’Amérique actuelle, en passant par près de la moitié de l’Europe occidentale, fut un homme des plus torturés.

Encore imprégné de toutes les références médiévales, de culture française, car Bourguignon avant tout, il concentre sur sa tête, suite au hasard des décès et des concentrations généalogiques un empire formidable. Sa devise, plus oultre, reste encore celle du royaume d’Espagne actuel.

Ce fut un fardeau terrible, que, toute sa vie, il tenta de supporter. Mais ni les voyages, incessants, ni les batailles, multiples, avant tout contre François Ier, ce roi qui érigea notre bonne ville de Châtellerault en duché, ne parvinrent à préserver l’unité de l’ensemble, ravagé en outre par les querelles religieuses liées au développement de la Réforme protestante, laquelle, un jour, gagna ladite cité de Châtellerault.

C’est donc un homme épuisé qui abdiqua, partageant ses immenses possessions entre son fils et son frère. Il est la preuve que la gloire de ce monde peut être un fardeau bien lourd, que nos idéaux nous épuisent et nous tuent parfois, que la marche du monde est inéluctable et qu’il est bien nécessaire, à tout âge et à toute époque, de rentrer en soi afin de voir où se trouve l’essentiel de nos vies.

source:http://philo-lettres.fr/litterature_francaise/rome_16s.htm

 

Jan
18
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 18-01-2013

Curieux patronyme que ce dernier, afin d’illustrer le “P”. Il nous viendrait d’Irlande, le conditionnel est de rigueur. Dans la famille Proa, sur Châtellerault, il serait possible de faire mention aussi de l’oncle de notre homme, Jean-Jacques, qui, fin XVIIIè, fut marin et laissa des mémoires que l’on peut trouver à la bibliothèque municipale.

Pour l’heure, quelques mots sur Paul, dont le récit de la vie devrait occuper bien des pages. Je me contenterai ici de quelques mots. Il nait en 1797, en pleine Révolution donc, il commence à vivre à Loudun, devient salpêtrier sur Châtellerault, se lance dans le commerce, de tout ou presque, le vin, le blé, le fer, les eaux de vie, il faut dire qu’à l’époque le port de la ville est dynamique. Ensuite, c’est le temps de l’immobilier, avec une action digne de celle de nos actuels promoteurs, très vite, avec ses cousins, il se lance dans l’aventure de la Manufacture, dont il est actionnaire, il finit par devenir banquier et affiche une très belle réussite financière et patrimoniale.

Cette action économique se double d’une action politique, il fut maire de la ville et député, monarchiste orléaniste, c’est à lui que nous devons l’hôtel de ville actuel, l’ancien théâtre, en restauration (même si la restauration s’appuie sur ce qu’était le théâtre fin XIX et pas milieu XIX) et la physionomie actuelle de la ville en fait. Et pourtant, qui le connait? Personne, naturellement. Il mourut en 1872, laissant une fille qui avait fait un excellent mariage, ceci étant, vu la dot, le marié fit lui aussi un excellent mariage. De ses deux fils, un seul survécut et n’eut pas de descendance, il fut procureur impérial à Châtellerault.

La tombe de Paul, au cimetière, est très modeste, à la différence de celle desdits cousins. Aurait-il su cultiver l’humilité au cours de sa vie? En dépit de tout ce qu’il fit, vécut et réussit? Ce serait alors une belle image de ce que pouvait être un véritable homme politique. A sa mort, à la Chambre, Thiers disait en effet de lui: “Des orateurs, nous en aurons toujours trop, mais des hommes d’une intelligence aussi éminente et pratique que celle de Monsieur Proa, une Chambre n’en aura jamais assez.” Finalement il illustre fort bien le fait que “nul n’est prophète en son pays” et se retrouve donc sans même un nom de rue dans la ville qu’il façonna.