Jan
11
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 11-01-2013

Ce port altier et cet auguste visage, légèrement disgracieux, appartiennent à la Grande Mademoiselle (1627-1693), cousine germaine de Louis XIV, plus riche héritière de France en son temps. Cette femme est un roman à elle seule, orpheline de mère dès sa naissance, peu aimée de son père, détestant sa belle-mère, Frondeuse contre son cousin, faisant tirer au canon sur les troupes du roi, excessivement fière de son rang, de ses titres multiples, dont celui de duchesse et pair de Châtellerault, folle amoureuse d’un fanfaron de Gascon, Lauzun, que le roi fit enfermer durant 10 ans afin qu’elle ne l’épouse pas, ce qu’elle finit par obtenir, cédant pour cela quelques duchés et comtés (une fortune colossale en fait) elle écrivit de touchants mémoires qui livrent la complexité de son être.

Songez donc chers zélèves que certains de vos aïeux vécurent donc, peut-être, sous l’autorité de cette femme qui frisait l’autoritarisme, de cette amoureuse, de cette orpheline richissime. Il y a toujours quelque chose pour moi d’émouvant à me faire ce genre de remarque sur le Temps. Songez que vos petits-enfants, dans quelques décennies, à leur professeur d’histoire répondront “moi mon grand-père il a connu Jacques Chirac”, lequel défilera alors dans la litanie des présidents de la Vème République, qui n’existera peut-être plus d’ailleurs…

Il y a tant de mystères et d’incertitudes, à l’exception de la mort et des taxes, comme il est si bien dit dans le beau film “rencontre avec Joe Black”

Déc
28
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 28-12-2012

on n’est pas moins fautif en ne faisant pas ce qu’on doit faire qu’en faisant ce qu’on ne doit pas faire.

Marc-Aurèle

J’en connais certains qui vont tourner et retourner en tous sens cette citation avant de commencer à la comprendre, c’est voulu. Voulu car cette phrase a un petit côté Janus ou palindrome, à moins que ce ne soit amphisbène… en tout état de cause, c’est une bonne base de réflexion , au milieu de ces vacances, pour envisager les résolutions de nouvelle année.

Mesurez aussi à quel point ces quelques mots peuvent être invoqués dans tant et tant d’actes, du quotidien ou de l’exceptionnel: ne pas aider une personne qui en a besoin, lors d’une guerre par exemple, est-ce pire que de lui faire du mal?  Et lorsque l’on est plus en guerre? Ne pas aller visiter quelqu’un, est-ce pire que de s’y rendre et de n’être pas aimable? Ne pas rendre un devoir est-ce pire que d’en rendre un mal fait?

Nous voudrions si souvent bien faire et n’y parvenons pas, nous voudrions si souvent ne pas faire mal ou blesser et y parvenons si aisément… Le devoir, le vouloir, l’éternel “il faut, je dois” opposé au non moins célèbre “j’ai pas envie”. Ne faut-il voir là qu’une question de génération? Peut-être plus une question d’évolution à travers les âges de la vie, et c’est bien une des questions sur lesquelles se penchait Marc-Aurèle.

Il n’est pas ici question de morale, de culpabilisation, non, ce serait plus une invitation à tenter de changer notre regard sur les choses, afin de nous rendre compte que les choses sont ce qu’elles sont, cela ne peut être autrement, mais nous, ne pouvons nous changer un peu, en entendant cela comme une évolution naturellement, pas comme une contrainte. Il nous faut en effet demeurer fidèles à ce que nous sommes, puisque c’est nous, mais il n’est pas interdit, parfois, de tenter de porter un regard autre sur nous, les autres, le monde, afin de relativiser, sans sombrer dans le relativisme, nos points de vue, nos conceptions, nos certitudes.

Méditons donc, aux côtés de ce grand empereur romain, alors que l’année s’achève et l’année qui s’ouvrira n’en sera que plus paisible.

Déc
21
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 21-12-2012

L’espace d’un instant, l’esprit traversé par une sorte de vent de folie, j’envisageai, en ce vendredi N, de faire mention du père Noël. Fort heureusement, la trivialité ne se trouvant pas être mon fort, je suis revenu à des réflexions bien plus conventionnelles et proches des objectifs assignés à cette rubrique: cultiver le monde entier, voire les galaxies proches accédant à nos moyens de communication, en leur expliquant la grande Histoire, laquelle ne peut manquer de passer par celle de notre bonne vieille cité.

Ce fut donc finalement le tzar de toutes les Russies qui emporta les suffrages, car oui, un lien fort, bien que peu évident à première vue, existe entre la Russie et Châtellerault. Il ne doit pas se trouver grand monde en ville ignorant l’existence d’une cloche russe en l’église de Chateauneuf, eh bien elle nous met directement en lien avec le dernier empereur de Russie.

De fort longs et documentés ouvrages existent sur la question et je ne ferai pas l’insulte à leurs auteurs de vouloir ici les plagier, je me contenterai donc de donner quelques éléments à nos lecteurs.

Notre manufacture d’armes, dont tout le monde sait qu’elle est due en grande partie aux Creuzé et à leurs parents et alliés, fut chargée en 1891 de produire 500 000 fusils pour les armées impériales. Tout cela se déroulait alors sous la surveillance d’une délégation russe dont les membres habitaient des maisons de la ville, délégation conduite par le prince Gagarine. Lorsque le père de Nicolas II mourut, la ville et son clergé firent dire des messes pour le repos de l’empereur Alexandre III. En remerciement, Nicolas II offrit, en 1897 une cloche à l’église de Chateauneuf, la plus proche de la Manufacture. Ce bourdon de près de 2,6 tonnes et 1,25 mètre, recouvert d’une couche d’argent, ayant pour parrain et marraine des membres des familles Treuille et la Fouchardière, parents des Creuzé et d’un certain Eugène Turquand dont nous reparlerons en son temps, arriva par train, après 2600 kilomètres de trajet tout de même. Ce fut un exploit que de parvenir à la hisser dans le clocher, où elle ne sonne d’ailleurs jamais. Les occasions de voir cette cloche sont rares, ne manquez pas de les saisir lorsqu’elles se présentent.

Naturellement, pour les 3èmes,Nicolas II est le signataire de l’alliance franco-russe qui permit à la France d’avoir cet allié au sein de la triple Entente, c’est aussi le dernier empereur, renversé par Lénine et les bolchéviks, autant de choses que vos récents cours d’histoire vous permettent de parfaitement maîtriser, vous voyez à quel point cet homme, ses armées, furent liées à notre ville, il y a à peine 100 ans. Ah, l’Histoire et ses voyages…

Déc
14
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 14-12-2012

Le nom est connu à Châtellerault, par une avenue avant tout, mais il va de soi que ce n’est pas ici ce qui m’intéresse. La famille d’Argenson a une extraordinaire histoire que je ne saurais résumer ici. Je me contenterai de mettre en exergue quelques éléments qui assurent, comme toujours, le lien avec notre histoire locale, y ajoutant des références à nos sorties vélocipédiques d’école ouverte, tant passées qu’à venir.

Marc-Pierre, puisque nous voici parvenus au M, fut, entre autres, secrétaire d’Etat à la Guerre, sous Louis XV. Sa faveur, ainsi manifestée, son amitié avec le duc de Lorraine, beau-père du roi, celle avec madame de Pompadour, cela n’empêcha pas un exil sur ses terres, lesquelles se trouvaient être celles des Ormes, le château ayant été acheté, en 1729, aux Pussort, parents de Colbert, en 1757, il y fait construire l’aile nord, il y reçut les philosophes, qu’il protégeait, dont Voltaire.

Son fils, dont je puis parler car il se prénommait Marc-René de Voyer de Paulmy d’Argenson, marquis de Voyer, comte de Paulmy, vicomte de la Guerche, baron des Ormes, comte d’Argenson, vécut lui entre 1722 et 1782, il fit transformer dans les années 1760/1770 le château des Ormes, dont la cour abritait alors une statue de Louis XV et des canons donnés par le roi suite à la victoire de la bataille de Fontenoy.

Il y aurait encore beaucoup à dire, de nombreuses anecdotes à raconter, y compris sur la présence de ce prénom Marc, venant en ligne directe de Venise, mais ces quelques lignes ne sont qu’apéritives, pour celles et ceux qui désirent en savoir plus et s’émerveiller devant le château des Ormes, rendez-vous lors des sorties de printemps d’école ouverte, pour celles et ceux qui ont déjà vu le château il y a 2 ans, sachez que des nouveautés sont désormais visibles…

Déc
07
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 07-12-2012

Ce fils de peintre de batailles du roi s’engagea, à 23 ans, dans la guerre d’indépendance américaine. Lié d’amitié au général Washington, dont il fit le portrait, hérédité oblige, il fut chargé par ce dernier, après l’indépendance, de dessiner la médaille de Cincinnati, décoration américaine destinée aux Français ayant soutenu la cause des jeunes Etats-Unis (notons qu’un Creuzé, issu des Creuzé de Châtellerault, en fut un des premiers récipiendaires).

Il fut ensuite à l’origine du tracé du plan de la ville de Washington, plan inspiré de celui de Versailles, ah, Versailles, mais en 1792 on lui retira la conduite du projet, débuté en 1791, qui fut achevé, de mémoire, par un de ses adjoints. Jamais payé pour ses travaux, il mourut dans la pire des indigences et fut enterré dans la ferme de l’un de ses amis. Ce n’est qu’en 1901 que ses travaux furent reconnus, ce qui lui valut, en 1909, un transfert de ses cendres au cimetière militaire d’Arlington.

Mais le meilleur est ici: on trouve à Châtellerault deux familles Lenfant aux XVII et XVIIIè siècles. Notre architecte militaire serait-il parent de ces derniers? J’ajoute que la pierre utilisée pour bâtir, en partie, la maison blanche, à Washington, est de Chauvigny. Puis-je aller jusqu’à conclure que la capitale des Etats-Unis doit tout à notre cher Poitou? Je n’ose, mais avouez que la question mérite d’être posée!

Nov
30
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 30-11-2012

Ce nom doit résonner aux oreilles de tous les patriotes et plus encore des Bretons, puisque ce patronyme est avant tout celui de Joseph de Kerguelen de Trémarec qui, en 1772, découvrit ces îles qu’il nomma France Australe, devenues ensuite îles de la désolation, tout un programme, avant que de redevenir un élément des TAAF, les Terres australes et antarctiques Françaises, sous le nom de Kerguelen, que tout bon élève de 3è connait, grâce à ses repères géographiques. Patriotisme, pourquoi? Peut être car avec ce petit morceau de volcans éteints dans l’hémisphère sud, c’est un morceau de France qui se trouve ainsi en exil. On constate en effet que  les différentes parties des îles Kerguelen portent, pour la plupart, des noms célèbres de l’histoire de France, ainsi, de l’île de Croÿ (illustre famille qui possède aussi le proche château de la Guerche, sur la Creuse) à l’île de Boynes (la comtesse de Boynes servit de modèle à Proust pour sa marquise de Villeparisis) en passant par la presqu’île Jeanne d’Arc (qui passa par Châtellerault) peut-on traverser les siècles et les événements majeurs de notre histoire nationale, avec les ordinaires clins d’œil de nos articles à l’histoire locale, en constatant, à travers ces noms, l’existence d’un patriotisme d’une autre époque et ses manifestations pacifiques.

Ces îles furent aussi, il y a peu, le support géographique d’une partie du film les saveurs du palais (voir l’article consacré en ce même Torchon audit film) ce qui permit peut être de mieux les faire connaître et de révéler qu’elles sont avant tout une base scientifique.

Ainsi, ces terres froides, battues par les vents (c’est très Chateaubriand n’est ce pas), savent-elles allier, le souvenir de l’Histoire, tout en se tournant vers l’avenir de la préservation de notre planète en sachant même se faire aimer et découvrir à travers un film contemporain. Preuve que rien n’est jamais tracé d’avance, y compris pour les îles perdues.

Nov
23
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 23-11-2012

Poursuivons dans la lignée de nos  illustres Châtelleraudais, afin de mentionner ici un nom que bien des zélèves doivent connaître, a fortiori s’ils sont musiciens.

Clément naquit en la bonne ville de Châtellerault en 1485 et mourut à Paris en 1558. Il se trouve donc contemporain des débuts des guerres de religion, ce qui pourrait expliquer que, de ses oeuvres, ne nous soient parvenues que les profanes, soit 275 chansons, à 3, 4 ou 5 voix, au rang desquelles on peut placer le chant des oiseaux, le caquet des femmes, le cri de Paris.

Ami des grands, protégé par le cardinal de Lorraine, par François de Gondi, par François de Guise, compositeur ordinaire du roi Henri II, il n’en demeure pas moins qu’il fut toujours soucié par une pauvreté latente. Les noms évoqués plus haut le placent plus du côté du parti catholique lors des guerres de religion, surtout, on le voit, il était véritablement proche de ceux qui constituaient le plus proche entourage du roi, lequel, on s’en souvient, mourut lors d’un tournoi, une lance lui crevant le heaume, roi qui avait pour maîtresse Diane de Poitiers. De tous ceux là nous parlâmes lors de notre visite en école ouverte du château de Chenonceaux.

La municipalité honnora la mémoire du sieur Janequin en donnant son nom au conservatoire de musique qui occupe un lieu emblématique de la ville, le bâtiment du directeur, à la Manu.

Gageons que nos fidèles lecteurs ne manqueront pas de se précipiter sur internet afin d’ouir avec moult joie et grande satisfaction quelque joyeux chant de messire Clément.

Nov
16
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 16-11-2012

château de Pleumartin.

La famille Isoré, marquis d’Hervault et de Pleumartin (entre autres), au blason d’argent à deux fasces d’azur, est très largement méconnue, bien que notre ville soit toute proche de celle de Pleumartin.

Le château qui se trouve ici mis en exergue est, vous le constatez, de facture relativement contemporaine, de style Louis-Philippe, dit-on. Pourquoi un château aussi récent, dans une famile aussi ancienne, puisqu’en effet la famille Isoré se trouve mentionnée depuis 1146 et eut une succession suivie, pour la branche qui nous concerne, jusqu’en 1917, lorsque le dernier héritier succomba d’une maladie contractée au front.

Explications succintes:

Marie-Victor-Nicolas Isoré d’Hervault, chevalier, marquis de Pleumartin, capitaine de cavalerie, se marie  à Louise-Sophie d’Usson de Bonac, fille d’un maréchal de camp du roi, ambassadeur à Constantinople, cela fait rêver, n’est-il pas? Ce bon marquis de Pleumartin, criblé de dettes, pour les habituelles raisons de frais de représentation à la cour, par exemple, se vit un jour, à la porte de son château de Pleumartin, recevoir un officier de la maréchaussée, lui signifiant ses dettes et lui intimant de les régler. Pris de colère notre sanguin marquis tua ledit officier. Or, si on ne badine pas avec l’amour, on badine encore moins avec la justice du Roi! Le marquis fut donc condamné à Paris en 1756  à avoir la tête tranchée, privilège de noblesse, on pendait les roturiers. Ce n’est cependant pas de cette manière qu’il rejoint les mânes de ses pères, il mourut en prison en 1757 et son château fut rasé! D’où l’actuel, reconstruit après la Révolution.

Concernant la Révolution, d’ailleurs, les archives départementales, en leurs fonds, évoquent plus son fils, Louis-Armand, représentant de la noblesse du Poitou en 1789, qui choisit d’émigrer en 1793, ses biens se virent alors saisis, biens de seconde origine, dit-on dans le milieu des historiens, et naturellement vendus. Une partie fut rachetée par sa proche famille, d’autres parties de ses immenses propriétés furent achetées par de braves châtelleraudais, ce qui produisit, dans tous les cas, de nombreux documents administratifs, joie des chercheurs!

Ainsi, ô passant, en traversant le village de Pleumartin, il vous sera désormais possible de vous souvenir de cet article et des marquis de Pleumartin, des raisons de la présence de ce château, de ce que fut la vie mouvementée de certains de ses occupants, de la manière dont cette famile fut directement, encore, en prise avec la vie et les soubresauts de la France à cette époque et de la répercussion, en ce cas comme en de nombreux autres, des liens entre  l’histoire nationale et notre histoire locale.

Oct
26
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 26-10-2012

Ce patronyme, celui d’une des plus anciennes familles de France, nous place au coeur de la vie de Châtellerault ente les XIIIè et XVè siècles. La généalogie de ladite famille remonte aisément jusqu’en l’an Mil, époque des grandes théories millénaristes et de la fin du monde, déjà…

Comme toute grande famille elle compte plusieurs branches, nous évoquerons ici celle des vicomtes de Châtellerault et de Saint Sauveur. Lesdits vicomtes se trouvaient être maréchaux héréditaires du Poitou, pour le compte du comte de Poitou, lui portant ainsi un secours militaire entre Loire et Dordogne. Être vicomte de Châtellerault incluait  aussi de se voir titulaire de l’office de chambrier héréditaire de l’évêque de Poitiers, ils se devaient, à ce titre, lors de l’intronisation d’un nouvel évêque, de se trouver, avec 3 autres grands laïcs, question d’équilibre, porteurs de la chaise épiscopale afin de faire le trajet entre Notre Dame et la cathédrale, mais j’ignore si des poses étaient autorisées!

Ainsi, dans la litanie des vicomtes de Châtellerault issus de la famille d’Harcourt, peut-on citer Jean II dit le preux, au tout début du XIIIè, puis Jean III le boiteux ainsi jusqu’à Jean VII qui mourut en 1452 et avec lequel la branche, légitime, s’éteint. Tous participèrent à de grandes batailles de l’Histoire de France, j’ai dit batailles, pas victoires, on peut donc mentionner Bouvines, Crécy, Azincourt. Tous furent aussi inhumés dans la chapelle du couvent des cordeliers de la ville de Châtellerault. La chapelle existe encore, en plein centre ville! Les zélèves sont fréquemment devant, sans en rien savoir. Il s’agit de l’ancien théâtre, actuellement en restauration, pour vous en convaincre, rendez-vous avenue Treuille et regardez le mur extérieur…

Ainsi, sous les planches de la scène, imaginez que reposèrent les corps des hauts et puissants seigneurs de la ville. Quant à la mairie, elle fut bâtie sur le reste du couvent, détruit en 1791…ah, les ravages des Révolutions, je ne m’en remettrai jamais, tous ces bâtiments, ces objets d’art détruits…vanité des vanités, tout est vanité.

Oct
19
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 19-10-2012

Nous voici déjà parvenus presque au tiers de notre alphabet et de nos découvertes du vendredi. Ce jour encore, un parfait inconnu, qui ne devrait pas l’être, encore un Châtelleraudais, afin de satisfaire ma propension au régionalisme et mon désir de faire mieux connaître notre bonne ville, notre Poitou et sortir l’une et l’autre de l’ornière dans laquelle ils sombrent trop souvent, du placard dans lequel on les oublie, celui des villes et province assoupies.

George-Eugène est né en 1861, à Valparaiso, au Chili, où son père se trouvait alors consul. A 20 ans il entre à Polytechnique mais ne peut y poursuivre, en raison d’une grave blessure à la jambe, survenue lors d’ exercices d’équitation. Il intègre alors en 1885  l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, ce qui lui permet d’en sortir architecte, avec une note d’ailleurs assez moyenne, ayant eu à réaliser pour l’obtention de son diplôme le plan d’une école dont il avait sous-dimensionné le préau, fichtre! Il se fixe à Châtellerault en 1887. Il y a un oncle banquier, qui sera impliqué dans une dramatique affaire de faillite (en réalité il n’y eut pas faillite) et se suicidera d’une atroce manière, avec sa femme, ce dont tous les journaux du pays se firent alors l’écho. Notre architecte réside alors rue du Batardeau, devenue avenue Willson, la rue du lycée Berthelot, pour vous situer, et sa maison y existe toujours, au numéro 15.

On lui doit le cercle catholique devenu nouveau théâtre, l’hôtel moderne, devenu depuis la caisse d’épargne actuelle,  l’hippodrome de Poitiers, l’église de Saint Genest, de nombreuses maisons en ville, de tout aussi nombreux châteaux à la campagne et, plus loin, le palais d’hiver à Pau.

Il mourut en 1918 à Paris, des suites d’un refroidissement pris lors d’une nuit passé dans des caves à la fin de la guerre. Totalement oublié et inconnu du public à ce jour, c’était un homme très méthodique et peut être maniaque, ayant une tenue par jour de la semaine, chaque tenue ayant sa couleur propre. Il surveillait tout lors de ses chantiers, veillait à tous les détails et fut, pour la réalisation de sa maison de campagne méticuleux au point d’être tatillon. Sa mémoire disparaît peu à peu et je dois dire que je me trouve fort mécontent de constater que les restaurations de ses bâtiments impliquent souvent la disparition de son nom, gravé dans des pierres, ceci en dépit de mes remarques à l’architecte des bâtiments de France. Las, il nous faut accepter de ne pouvoir demeurer bien longtemps dans la mémoire de nos descendants.