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Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 19-10-2012

Nous voici déjà parvenus presque au tiers de notre alphabet et de nos découvertes du vendredi. Ce jour encore, un parfait inconnu, qui ne devrait pas l’être, encore un Châtelleraudais, afin de satisfaire ma propension au régionalisme et mon désir de faire mieux connaître notre bonne ville, notre Poitou et sortir l’une et l’autre de l’ornière dans laquelle ils sombrent trop souvent, du placard dans lequel on les oublie, celui des villes et province assoupies.

George-Eugène est né en 1861, à Valparaiso, au Chili, où son père se trouvait alors consul. A 20 ans il entre à Polytechnique mais ne peut y poursuivre, en raison d’une grave blessure à la jambe, survenue lors d’ exercices d’équitation. Il intègre alors en 1885  l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, ce qui lui permet d’en sortir architecte, avec une note d’ailleurs assez moyenne, ayant eu à réaliser pour l’obtention de son diplôme le plan d’une école dont il avait sous-dimensionné le préau, fichtre! Il se fixe à Châtellerault en 1887. Il y a un oncle banquier, qui sera impliqué dans une dramatique affaire de faillite (en réalité il n’y eut pas faillite) et se suicidera d’une atroce manière, avec sa femme, ce dont tous les journaux du pays se firent alors l’écho. Notre architecte réside alors rue du Batardeau, devenue avenue Willson, la rue du lycée Berthelot, pour vous situer, et sa maison y existe toujours, au numéro 15.

On lui doit le cercle catholique devenu nouveau théâtre, l’hôtel moderne, devenu depuis la caisse d’épargne actuelle,  l’hippodrome de Poitiers, l’église de Saint Genest, de nombreuses maisons en ville, de tout aussi nombreux châteaux à la campagne et, plus loin, le palais d’hiver à Pau.

Il mourut en 1918 à Paris, des suites d’un refroidissement pris lors d’une nuit passé dans des caves à la fin de la guerre. Totalement oublié et inconnu du public à ce jour, c’était un homme très méthodique et peut être maniaque, ayant une tenue par jour de la semaine, chaque tenue ayant sa couleur propre. Il surveillait tout lors de ses chantiers, veillait à tous les détails et fut, pour la réalisation de sa maison de campagne méticuleux au point d’être tatillon. Sa mémoire disparaît peu à peu et je dois dire que je me trouve fort mécontent de constater que les restaurations de ses bâtiments impliquent souvent la disparition de son nom, gravé dans des pierres, ceci en dépit de mes remarques à l’architecte des bâtiments de France. Las, il nous faut accepter de ne pouvoir demeurer bien longtemps dans la mémoire de nos descendants.