Déc
09
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 09-12-2011

Il est des périodes au cours desquelles faire preuve de nyctalopie est fort utile. En ces jours où le soleil se montre peu et où les nuits sont fort longues, l’obscurité ambiante n’est pas un problème pour les nyctalopes. Ils peuvent voir, comme certains animaux, dans le noir, ou du moins une très faible luminosité.

On ne peut en ce cas que regretter qu’au cours de leur carrière les hommes politiques ou les économistes ne puissent eux aussi faire preuve de nyctalopie. Il leur serait plus facile de conduire les destinées des divers pays de la planète à travers les brumes et nuées de l’économie mondiale, des relations internationales tendues et de tant d’autres replis identitaires ou religieux.

Rappel utile, il est capital de toujours tenter de briller, au travail, dans ses études, afin que les professeurs, qui ne sont pas tous nyctalopes, puissent bien remarquer les élèves qui se trouvent face à eux. Puissent donc tous les élèves devenir brillants.

Déc
02
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 02-12-2011

Voici encore un mot qui nous vient tout doit de l’histoire. Mithridate VI Eupator, roi du Pont, (grossièrement, très grossièrement, dans des régions de l’actuelle Turquie), qui règna entre -111 et -63, était un homme de l’Orient, marqué par la culture hellenique (que les grands demandent aux 6è, ils savent tous ce que signifie ce mot). Une grande partie de son action politique et militaire fut sa lutte contre les menées romaines qui visaient à la conquête des territoires grecs puis des siens. Las, il perdit devant Pompée (dont tout le monde sait qu’il perdra lui même contre César) en -66.

C’est alors qu’il tenta de s’empoisonner. Problème. Toute sa vie Mithridate s’était mithridatisé, c’est-à-dire qu’il avait absorbé de petites doses de divers poisons, tous les jours de sa vie, afin d’y habituer son organisme et de s’immuniser. Ains, cette tentative de suicide par le poison fut un échec, il lui fallut demander à un de ses soldats de le tuer.

Pour ma part, je crains que, bien qu’ayant à supporter du bruit tous les jours, cela n’a pas chez moi d’effet “mithridatique”, je ne suis pas immunisé du tout contre les bavardages, les chuchotis, les règles et crayons qui tombent et encore moins les émissions sonores plus violentes. La mithridatisation a donc des limites.

Nov
25
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 25-11-2011

Voilà un terme bien simple me direz-vous, certes, mais en ces temps où les agences de notation usent du pouvoir qu’on veut bien leur accorder dans le secteur économique, infligeant  aux Etats des “notes” qui contraigent leurs populations à la plus extrême rigueur, cela me semblait adapté. Le terme pourrait avoir pour synonyme abusif ou injuste, je note surtout abusif.

Comme le disait Saint Exupéry, oui, je l’aime bien, “l’autorité repose d’abord sur la raison, il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner”. Ce qui est valable pour les Etats et leurs populations l’est tout autant pour les relations humaines les plus simples et quotidiennes . Une attitude léonine est source inévitable de rancoeur, voyez le Diktat de Versailles. Savoir faire preuve d’autorité est nécessaire, l’autoritarisme, expression d’une autorité abusive, est dangereux.

Ainsi lesdites agences contraigent-elles les Etats à des contrats léonins avec les marchés financiers, lorsqu’il s’agit de lever des fonds, d’où les nouvelles politiques économiques rigoureuses qui se mettent en place partout en Europe, dans un premier temps. Cependant, n’allez pas dire à vos professeurs que le fait de vous donner un devoir est une attitude léonine, que nenni, il s’agit au contraire d’un délicat exercice pédagogique on ne peut plus légitime auquel vous devez vous soumettre, si, vous avez tous signé le règlement intérieur qui le stipule.

Il me souvient aussi, madame de la Vieille Rédaction, qu’en poésie léonin est doté d’une autre signification, voulez vous bien nous éclairer de vos sages lumières?

Nov
18
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 18-11-2011

Au pluriel kibboutzim!

Un mot que j’aime en raison de sa sonorité, tout simplement. Pour le reste, c’est le nom des fermes collectives qui existent en Israël; alors, fatalement, c’est assez délicat à placer dans une conversation, mais je vous assure qu’on y parvient! Les premiers datent du début du XXème siècle, ensuite, les activités industrielles se sont greffées dessus et les kibboutzim évoluèrent donc. Notons seulement que ces structures qui démontraient une très forte implication dans le mouvement sioniste sont, depuis les années 1970 en déclin. Mieux vaut cesser ici afin de ne pas trop politiser ce Torchon, finalement, j’aurais dû évoquer le théâtre japonais, cela commence aussi par K, je vous laisse chercher, un carambar à qui trouve!

Nov
11
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 11-11-2011

Demeurons dans les terminologies historiques, puisque l’Histoire sait être un formidable vivier.

Les janissaires représentent une sorte de mythe dans le monde de l’armée. Nous nous retrouvons vers le début du XIV ème siècle, au sein de l’empire ottoman. De jeunes enfants chrétiens sont capturés et réduits en esclavage, ils le resteront toute leur vie. Ils sont islamisés et deviennent une troupe d’élite au sein des troupes ottomanes. Ils s’assurent en effet un rôle assez proche de celui de la garde prétorienne à Rome et ont ainsi la possibilité de faire et défaire les règnes.

Une telle puissance ne pouvait qu’irriter et faire peur, ainsi, en 1826 le sultan lui même décide-t-il de supprimer ces troupes. La suppression ne passe pas ici par une simple dissolution sur le papier des régiments mais bel et bien par une élimination physique, de plusieurs dizaines de milliers de soldats.

Les janissaires en raison de leur puissance militaire furent un élément essentiel de la conquête ottomane et leur mode de recrutement a nourri bien des histoires et des craintes dans les régions de l’empire ottoman où se trouvaient des chrétiens.

Nov
04
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 04-11-2011

En ces temps où les élections sont à tous les coins de rue, où la Grèce est sous les feux de la rampe, un mot permet de faire référence à tout cela. Il s’agit du terme d’isonomie. Ah les cours d’histoire grecque dans les locaux de l’ancienne fac d’histoire, je peux dire ancienne, depuis mon époque on les a refaits, signe indubitable du fait que je suis bien à classer au rang de vestige. Et puis ce mot est aussi un clin d’oeil aux actuels seconde qui l’ont dans le vocabulaire d’un de leurs premiers chapitres de l’année.

Donc, en 507 avant JC, un réformateur grec du nom de Clisthène mit en place ce que l’on nomma isonomie, c’est à dire l’égalité devant la loi. Loin de moi l’idée de vouloir me montrer polémique, mais je pose à mon tour cette question: sommes nous égaux devant la loi, ou bien, selon (et non pas Solon, qui fut un autre réformateur Grec) que l’on soit puissant ou misérable (de qui la citation?) une différence de traitement existerait-elle encore?

Il me semble que l’on trouve ici matière à réfléchir et à rédiger des articles, le quotidien grouille de ressources actuellement.

Oct
28
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 28-10-2011

Achille Talon, un héros de bande-dessiné hilarant, a pour voisin et meilleur ennemi le sieur Hilarion Lefuneste. Les deux énergumènes ont comme principale activité de s’invectiver. Au rang desdites invectives, le terme d’histrion revient souvent. En des termes plus contemporains on évoquerait plus un bouffon. En un premier temps et pour des raisons géographiques, j’avais envisagé le terme d’hortillonage. Ce sont des raisons cinématographiques qui m’invitent à ce changement. Une des aventures de Tintin est en effet portée par monsieur Spielberg sur nos écrans, or, qui dit Tintin dit capitaine Haddock et qui dit Haddock dit bordées de termes de nature insultante mais dans un registre plus soutenu que celui de nos cours de récréation, plus diversifié aussi.

Loin de moi l’idée de porter nos chers zélèves à l’insulte, en revanche, à l’utilisation d’un vocabulaire soutenu et varié, oui. En prouvant que ce dernier peut se retrouver dans toutes les situations, à toutes les époques et dans tous les genres littéraires, y compris celui de la BD donc. Quant au film, j’ignore s’il est fidèle aux aventures écrites. A suivre donc, bien que la bande-annonce ne me semble pas très engageante.

Oct
21
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 21-10-2011

En ce jour de cross, et car le corps et l’esprit ne sont que les deux faces d’une même entité, celle de notre humanité, un mot qui renvoie à l’antiquité grecque et à la musique, presque, contemporaine.

Les gymnopédies, à Sparte, la grande rivale d’Athènes, étaient des fêtes religieuses au cours desquelles des activités sportives se pratiquaient, le mot signifie d’ailleurs “fête des enfants nus” car en ces temps le sport se pratiquait ainsi. Cela vous rappelle naturellement vos cours de 6è et les grandes panathénées, vous avez raison.

les gymnopédies ce sont aussi 3 morceaux d’Erik Satie, celle écoutée au début de cet article est la plus connue. Satie (1866-1925) écrivit les gymnopédies en 1888. Je ne me lancerai pas dans sa biographie, sachez seulement qu’il fréquenta le cabaret le chat noir, tenu par Rodolphe Salis, à Paris, lequel Rodolphe était Châtelleraudais de naissance, comme en témoigne, bien modestement, une plaque rue Gaudeau-Lerpinière. Ultime précision, pour raviver des souvenirs d’école ouverte en août, une charmante villa art nouveau aux Ormes abrita une de ses maîtresses.

Ainsi, un simple cross de collège permet-il d’évoquer bien des horizons culturels inconnus, afin de nous porter plus loin que nos foulées de ce jour. Notez aussi à quel point l’histoire de notre ville demeure riche de surprises enthousiasmantes.

Oct
14
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 14-10-2011

Ce mot servit de mot de passe aux membres de Gryffondor pour pouvoir rentrer dans leur salle commune, oui, mais dans quel tome?

Bien, ceci étant dit et mme A. étant lancée sur la piste, après tout, il en va de sa réputation de spécialiste en potterologie, revenons à ce mot du vendredi.

Notez que j’aurais pu utiliser le terme de falbala, pourquoi? Dans le cas de notre premier mot, il désigne des propos frivoles, dans le second il s’agit d’ornements de tissus en général au bas des robes. De grâce ne hurlez pas, et Dieu sait que les filles peuvent hurler fort, je ne jette pas l’opprobre sur le Torchon et sa rositude, (je plagie, mal, celle qui aurait pu remplacer Martine Aubry) je note juste un ton qui demeure très rose, très narcissique dans les productions actuelles. Je note aussi qu’un appel est lancé à plus de profondeur dans vos réflexions.

J’aime la légerté et les discours badins, un reste du Grand siècle, mais la légerté n’est appréciée que lorsqu’elle repose de la réflexion. Les falbalas ne le sont que lorsqu’ils alternent avec des tenues plus sobres. Le rose de Barbara Cartland lassait car il était permanent. En outre, certaines d’entre vous ont expérimenté que l’on peut être en panne d’inspiration, à trop utiliser le même filon de réflexion.

J’en appelle aussi à un peu plus de diversité, prenez le risque de sortir des sentiers que vous connaissez bien, le but de cette option est aussi de vous permettre de découvrir de nouveaux horizons, que tout cela se fasse naturellement en préservant votre fraicheur, votre enthousiasme et votre participation.

Oct
07
Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 07-10-2011

Agriculteurs et jardiniers savent bien ce qu’émonder signifie. Il s’agit d’ôter, d’une vigne ou de tout autre végétal, des parties, vivantes ou mortes, qui peuvent se trouver nuisibles pour le développement ou la fructification dudit végétal.

Il faut, en effet, parfois, savoir trancher dans le vif, réduire la plante, la couper à ras, pour susciter la pousse de rejets plus forts, ou pour la contraindre à produire du fruit de meilleure qualité. Ces décisions peuvent sembler brutales, cruelles, quelque part elles le sont. Et pourtant, le résultat est là: fleurs plus belles, fruits plus savoureux, port de la plante plus esthétique. Pour ceux qui connaissent le potager du roi ou les jardins à la française de Versailles, cette tyrannie à l’encontre de la nature n’est pas une surprise et les résultats sont à la hauteur.

D’aucuns me retourneront qu’ils préfèrent la folie d’un jardin à l’anglaise. Certes, mais, comme tout ce que font les autochtones de la perfide Albion, il ne s’agit là que d’un subterfuge, voire d’une tromperie! Le jardin anglais n’est qu’un fouillis factice.

La lointaine et mystérieuse Asie nous prodigue aussi de nombreux exemples d’une nature domestiquée, les jardins japonais ou chinois, l’art du bonsaï et de l’ikebana, les arbres en nuages, n’ont ainsi rien à envier à nos topiaires versaillais.

Partisans de la nature domestiquée et ceux de celle laissée en liberté s’affrontent donc.

Il y a de cela 2500 ans Aristote affirmait qu’il fallait un tuteur à l’enfant pour grandir, Rousseau préférait laisser l’enfant grandir seul, à l’état de nature il était bon. Dans la nature les arbres poussent droit et haut lorsqu’ils sont en forêt, entourés d’autres arbres et qu’ils doivent lutter et se hâter de grandir pour atteindre la bienfaisante lumière descendue des cieux, afin de la capter plus vite que leurs voisins et ainsi parvenir à les étouffer. La nature est-elle si bonne? Ne veut-elle pas que seuls les mieux adaptés survivent? (je renvoie ici à des théories darwinistes évoquées lors de la séance media de ce jour)

Et pour l’homme? Faut-il laisser l’enfant grandir en faisant ce qu’il veut, quand il veut, comme il le veut? N’est-il pas du devoir de l’adulte de lui servir de tuteur et de l’aider à grandir, quitte à émonder ses désirs, ses pulsions, ses fantasmes? Guider vers la liberté et l’autonomie n’est pas chose aisée, parents et professeurs s’y emploient, prenez des notes, un jour ce sera à votre tour de vous poser ces questions et d’agir.