Oct
13
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 13-10-2010

Une lettre de Flaubert à George Sand, au sujet des Bohémiens. (1867)

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens
qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et
toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient
la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me
suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et
j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à
quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous
les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique,
au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette
haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du
jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à
qui on retire son bâton. »
G. Flaubert, lettre à G. Sand, 12 juin 1867 (Correspondance, éd. de la
Pléiade tome 5, pp. 653-654)

Citation à mettre en relation avec notre page dans la NR sur les Voyageurs. Et à méditer.

Vacances bobos

Le concept moderne des vacances bobos

Camp et roulottes de Bohémiens (par Van Gogh, 1888)