Juin
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Classé dans (Le jeudi, c'est cinéma !) par la Vieille Garde le 23-06-2011

http://www.youtube.com/watch?v=bwsm_BU2Ayo

Les 400 coups fermant pour deux mois et ne voulant pas attendre, je me suis résolu à me rendre au ciné A afin de voir, en version française, ce film primé à Cannes cette année.

Les critiques sont très partagées: la longueur du film, les scènes avec Sean Penn finalement très amputées au montage, le salmigondi philosophico-religio-métaphysique sont les reproches qui reviennent le plus. Il est vrai que des 16 spectateurs que nous étions en salle, 4 sont partis avant la fin…

Je reconnais volontiers que l’on rencontre des longueurs, avec des successions d’images, parfois sans musique, sans paroles, le plus souvent ponctuées de quelques phrases sibyllines servies par de splendides extraits de Bach, Brahms, Tchaikovski. Il faut aller au delà et se rendre compte que tout ceci est en fait une longue allégorie destinée à mettre en avant tous les aspects de la vie tant dans le microcosme que dans le macrocosme, tant hier, qu’aujourd’hui que demain. Le fait que tout le film soit filmé en contre plongée rend parfaitement compréhensible le désir de mettre en avant la transcendance et l’immanence du divin à travers ces  formes élancées vers un ciel qui semble infini. Mais, pour accéder à tout ceci, il faut savoir briser l’os et retirer la substantifique moelle, quant à la connaissance de quelques textes de latin d’Eglise, elle aide à mieux saisir les liens entre images et son. Pour autant, ce film qui semble rebutant n’est pas exclusivement élitiste.

L’ histoire en elle même est très émouvante et la manière de filmer l’enfance, les troubles de la prime adolescence, les difficiles relations parents/enfants, qui s’aiment sans savoir se le dire, se le montrer et se font soufrir alors qu’ils ne le veulent pas, est troublante au possible. Il faut voir ces plans sur un baiser sur le front, sur un tout petit pied de bébé, sur une main prise par une autre pour comprendre le bouleversement émotionnel qui peut surgir dans le coeur et l’esprit du spectateur.

Le titre de l’oeuvre la plaçait dans une optique divine, elle l’est. Elle l’est tant que son humanité n’en est que plus bouleversante. Un film à voir, à revoir, à méditer, qui invite à passer au-delà du miroir.