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Classé dans (Le mot du vendredi) par la Vieille Garde le 14-09-2012

Puisqu’une de mes collègues eut l’heur de me voir, en rêve, lui présenter une dégustation de vin, bien que nous soyons en septembre et non au 3ème jeudi de novembre et alors que le personnage de notre vendredi se devait de commencer par un B, j’avais ici, sur un plateau, l’occasion de faire de l’histoire et de la géographie ainsi qu’une pointe de prophylaxie en évoquant le comte de Beaujolais.

La vigne se cultive, entre Mâcon et Lyon, depuis l’Antiquité romaine et les monts du Beaujolais, ensoleillés, d’altitude moyenne, aux sols complexes, portent avec allégresse ces ceps qui ont permis la création de propriétés aux noms réputés. Ainsi, depuis 1936, pour les plus anciens crus, l’Appellation d’Origine Contrôlée, préserve-t-elle la qualité de vins, de méthodes, de terroirs devenus des fleurons de notre patrimoine culinaire, lui même classé au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO, et, j’ose le dire, de notre patrimoine culturel (ce qui me permet d’ailleurs de redire que cette fin de semaine ce sont les journées du patrimoine). Songez à ces noms enjôleurs que sont le Julienas, le Morgon, le Saint Amour, mais aussi Moulin à Vent ou Côte de Brouilly, par exemple.

Que de rondeur, de poésie de promesses dans tout cela. Tout le contraire de ce que fut l’existence de ce fils de Louis-Philippe, né en 1779, mort en 1808. Exilé aux Etats-Unis, revenu en Europe, un temps exilé à Londres, revenu en France, il vécut une telle vie de débauche que la comtesse de Boigne, dont je recommande la lecture des Mémoires, qui me transportent toujours, peut-être aussi car c’est elle qui servit à Proust de modèle pour son personnage de la marquise de Villeparisis, bref, la chère comtesse disait toujours qu’au sortir de l’opéra, tout le monde veillait à l’éviter, tout prince de sang qu’il fut, craignant de le trouver, une fois de plus, ivre mort.

Le cher comte, en effet, au si joli nom, illustra, malheureusement pour lui, voyez ses dates, les ravages de l’alcool sur l’organisme humain. Ainsi, ô élèves zé lecteurs, fuyez si m’en croyez la dive bouteille et si vous cherchez une ivresse, dans la mesure où peu importe le flacon, cherchez la dans les livres, la poésie, les sentiments.