Article rédigé en mars dernier par les zélèves de l’option media : toujours d’actualité. A (re)lire !

Le vendredi 30 mars 2012, notre classe  Media a eu la chance d’accueillir M.Joseph (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Afrique du Nord, Algérie, Maroc, Tunisie) et M.Laborda ( responsable G.A.J.E : Guerre d’Algérie Jeunesse et Enseignement). Ils sont venus pour nous parler en nous racontant comment et quand la guerre d’Algérie avait eu lieu. C’était très intéressant car  nous avons appris les causes de cette guerre et  bien  d’autres choses. Le vendredi 23 mars, nous étions allées visiter l’exposition sur la Guerre d’Algérie, à la mairie de Châtellerault.

Ils nous ont raconté leur jeunesse pas comme les autres, « une jeunesse gâchée », a même dit M.Laborda. Leur jeunesse, ils l’ont vécue durant la guerre d’Algérie, appelée avant « Maintien de l’ordre » puis « Événements d’Algérie ». Aujourd’hui, on parle de guerre. A l’époque, il n’était pas question de guerre puisque l’Algérie étant française, on ne concevait pas une guerre dans un même pays.

Ils nous ont raconté leur histoire avec beaucoup d’émotion et de tolérance. »Le temps est venu de nous réconcilier et de nous accepter, différents les uns  des autres. Cette histoire est aux historiens maintenant » a dit M.Joseph. Avec beaucoup de pudeur, M.Laborda nous a avoué qu’il ne s’était confié qu’à sa petite fille ! Et qu’il faisait son devoir de mémoire en recherchant des anciens combattants de la région depuis 10 ans.

Mais comment vit-on après cette guerre ?

M.Joseph est retourné deux fois en Algérie depuis le cessez-le-feu. Quand il y est retourné, les jeunes Algériens lui expliquaient qu’ils ne comprenaient pas pourquoi les français, après la guerre, les avaient abandonnés. Mais l’accueil était toujours chaleureux !

M.Laborda, lui, n’y est jamais retourné car il reste encore des endroits dangereux, et il a peur de ne pas retrouver le pays qu’il a appris à connaître. Mais il garde en mémoire un souvenir merveilleux, un magnifique coucher de soleil à Djidjelli. Rien que d’en parler, ses yeux brillaient. « L’Algérie est un pays magnifique », ont-ils tous deux déclaré.

M.Laborda terminera par un conseil ou même une morale : » Surtout, ne faites pas du mal autour de vous, même si on vous en a fait !  » Il explique que la violence est un cercle vicieux, et qu’il ne faut pas garder de rancoeur.

Stella Rivière.

Deux témoignages

On ne peut percevoir aucune rancœur dans les yeux, seulement l’envie d’inculquer. Enseigner une histoire, une vie, une guerre et tout ce que cela engendre. Cette guerre a longtemps été tue, appelée simplement « les événements d’Algérie ». Mais, vu les innombrables vies prises pour le prix de la liberté, il serait peut-être temps de voir la réalité en face ? (ndlr Le Torchon)

M.Joseph et M.Laborda sont des « Appelés ». Aucune carrière militaire, on leur demande de se battre. Ils exécutent les ordres. L’Algérie était un pays avec un coeur français mais souhaitant son  indépendance, tel ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie. Qui aurait enfin le pouvoir ?

« 50 ans après, ça peut paraître ridicule de s’être tiré dessus, mais quand on est dans le contexte, tout est différent, nous dit M.Joseph. La guerre ne brise pas seulement des corps et des os, mais aussi des vies. »

« J’ai perdu toute ma jeunesse. J’étais un cycliste prometteur, et je voulais être agriculteur. Et puis je fus blessé, il ne me reste que 20% d’autonomie » poursuit M.Laborda. Une balle  a ricoché et traversé son bassin. Adieux les rêves de cyclisme…

Sujet encore tabou : beaucoup ne connaissent rien de cette guerre, peut- être parce que ses combattants ne veulent pas remuer cette période difficile, on ne dit rien de ce qui s’est passé là-bas.  » C’est à ma petit fille que j’ai réussi à me livrer » confie M.Laborda.

« Dans ces postes isolés, c’était la vie la plus spartiate possible, mais d’autres ont connu pire, » explique M.Joseph « Là-bas, en deux ans, je n’ai jamais connu de lit! » ajoute M.Laborda.

Et puis, la différence de coutumes est de taille : alors l’Algérie, si française que ça ? (ndlrLe Torchon) « Ici, tu n’as pas à dire quoi que ce soit aux femmes, ni à molester les hommes! », dit un officier au soldat Laborda, qui s’était vu reproché son intervention auprès de villageois par le conseil du village. Un jour, le jeune soldat Laborda avait vu des femmes porter des charges lourdes sur le dos, et il y avait un homme sur un âne. Il a donc demandé à l’homme de descendre pour faire porter les charges à l’âne et donc soulager les femmes, en bon gentleman qu’il était. Mais là-bas, ce n’est pas acceptable.  Entre hommes, plus tard, l’officier avait félicité le soldat Laborda pour ce geste galant. Mais l’armée devait respecter les coutumes des algériens.

Fort heureusement, il n’y pas que des mauvais souvenirs…

« Je revois cette mer avec le soleil qui s’y enfonce. Magnifique. Je revois chaque détail lorsque j’en parle » dit M.Laborda. M. Joseph est retourné en Algérie, ce pays aux magnifiques montagnes et aux délicieuses dattes : « Quand j’y suis retourné, peu de choses avait changé. On m’a très bien accueilli, mais les jeunes algériens ne comprennent pas pourquoi nous les avons abandonnés. Aujourd’hui, poursuit-il, tout est pardonné. Je n’ai pas de rancœur : ils défendaient juste leurs convictions indépendantistes ! » Il ajoute qu’eux, soldats, obéissaient.

 Aujourd’hui est une nouvelle ère, aujourd’hui est un nouveau jour, un nouveau lever de soleil, le même en France, le même en Algérie. 50 ans après, il faut accepter.

Océane Legrand.

Article rédigé pour Le Torchon, journal en ligne du Collège George Sand.

« Pour la nouvelle génération : tournez  la page et partez de l’avant » 

Interview de Kenza Mahmoudi, née en Algérie en 1968.

Kenza Mahmoudi est responsable de formation à ODA-formation, à Châtellerault : c’est une association qui aide les primo-arrivants à parler et écrire le français..

En 1970, à l’âge de ses deux ans,  Kenza  entre en France avec sa famille grâce à son père qui est venu juste après l’indépendance de l’Algérie pour travailler. Kenza est fille d’un ancien combattant de la guerre d’Algérie, un « Moujahid » FLN.

Durant cette Guerre, son père était le seul Moujahid parmi toute sa famille dans laquelle le climat était tendu : eux étaient des Harkis. Pour lui et sa famille, cette guerre a été horrible, il a été emprisonné en France et en Algérie pendant sept ans dans des conditions très  dures, puis condamné à mort juste avant l’indépendance : grâce à l’indépendance, il a échappé à la mort. Durant toute cette période, toute sa famille croyait qu’il était décédé.

«  Ma mère l’a attendu toute cette période avec beaucoup d’espoir,  dit Kenza. La vie était très dure durant cette période, surtout pendant les Rafles (pour les moudjahidine).   Ma mère s’enlaidissait  pour pouvoir aller chercher de l’eau et du bois sans avoir de problèmes avec l’armée française ».

Après la fin de la guerre, Kenza et sa famille sont venus vivre en France à cause du manque de biens en Algérie. Cela n’a pas était facile, surtout pour la maman de Kenza, cela a formé un froid dans la famille, « Sujet tabou ».  De plus, son grand père a été reconnu en France en tant que Harkis.

« Cela s’est passé il y a maintenant 50ans, il est temps de tourner la page des deux cotés.   Pour la nouvelle génération, tournez  la page et partez de l’avant ».

Je remercie Kenza pour cette interview qu’elle m’a accordée. Mon propre grand-père était un Moudjahid…

Imène.