Jan
29

Fresque réalisée par Popof, en hommage au groupe Manouchian

Rabelais l’assurait : l’ignorance est mère de tous les maux. Assurément, les auteurs d’un tag “Shoaananas” sur la fresque réalisée en hommage aux résistants du groupe Manouchian ignorent l’Histoire. Souhaitons-le, peut-être, d’ailleurs. Sans quoi, ce tag serait encore plus provocateur.

Et voici une nouvelle conséquence de cette médiatisation de “l’affaire Dieudonné” : après la manifestation “anti tout” (anti mariage gay, anti François Hollande, anti-anti Dieudonné), au cours de laquelle on a vu fleurir les quenelles, ce tag, qui voudrait salir la mémoire de résistants, exécutés par les allemands en 1944.

Nos zélèves de troisième ne tarderont pas à découvrir Missak Manouchian, émigré arménien, communiste, son engagement dans la résistance, la lettre d’adieu qu’il écrit à sa femme (la “lettre à Mélinée” selon Aragon) avant d’être exécuté au Mont Valérien, le poème de Louis Aragon… C’est de l’Histoire : des jeunes hommes, vingt trois, ont sacrifié leur jeune vie au nom de la liberté. Apprenez l’Histoire, et respectez-en ses héros.

Chacun peut voir le très beau film L’armée de l’ombre, retraçant l’histoire de ce groupe Manouchian.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Missak_Manouchian

La Une de L’Humanité, hors série consacré au groupe Manouchian. L’Affiche rouge est à l’étude en Histoire, en troisième : vous la retrouverez dans votre manuel d’Histoire. C’est une affiche de propagande.

Louis Aragon,célèbre poète,écrivit un poème “L’affiche rouge” parlant du Groupe Manouchian en 1955.Voici ce dernier:

“Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant”