Je pense qu’il est difficile de transmettre son Histoire sans l’écrire, car, si nous n’écrivons pas l’Histoire, nous la transmettons oralement.

Le danger dans ce domaine là, c’est que si nous ne l’écrivons pas, nous avons beaucoup de chances de le perdre ou même de la transformer en quelque chose d’autre. Si on ne l’écrit pas, on va la raconter uniquement aux personnes proches de nous, cela réduit la transmission du témoignage, alors que les écrits sont accessibles à tous, du moins dans les démocraties qui respectent pleinement les droits de l’homme.

C’est pour cela qu’il est important d’écrire son Histoire. Je ne dis pas que l’écrire est la parade contre tous ces problèmes là, car nous ne sommes jamais à l’abri d’un incendie, d’une inondation, d’une destruction d’œuvre etc. Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une modification, ou du fait que l’auteur lui-même raconte un tissus de mensonges. Cependant nous pensons que ceux que nous avons eu devant nous disaient la vérité car tous les témoignages concordaient, pendant le film, lors des entretiens, nous avons pu remarquer que les personnes qui parlaient restaient dans le recueillement et dans leurs pensées.

Pour préciser ma pensée sur ce sujet, j’ai pris l’exemple de la Shoa et de l’internement des Gens du Voyage. Le monde entier a été au courant de l’extermination des Juifs, des pages de manuels d’Histoire sont consacrées au génocide juif. Pourquoi ? Parce que leur histoire a été écrite, tandis que celle de l’internement des Gens du Voyage et de leur déportation est restée méconnue de nous car elle n’a pas été assez écrite et elle a été beaucoup moins transmise. Aujourd’hui encore une grande partie des gens ignore cette histoire alors qu’elle s’est passée tout près d’ici, à Montreuil-Bellay. Heureusement, maintenant, des gens sont volontaires pour aller auprès de ces familles pour recueillir leur témoignage de manière à garder une trace et informer la population des autres génocides.

Jofrey