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Classé dans (Le jeudi, c'est cinéma !) par la Vieille Garde le 10-02-2013

Tout devait me pousser à voir ce film, tout! Le titre cumulant à la fois la référence à une pièce de Molière que j’affectionne tout particulièrement, le Misanthrope (allez savoir pourquoi) et à un mode de déplacement qui m’est cher, le lieu du tournage, notre chère région, le duo d’acteurs. Il semblait impossible que je ne me rendisse pas promptement en un proche temple du 7è art. Cependant, le doute m’assaillait, la bande-annonce me semblait ne pas devoir m’offrir un spectacle qui se trouvât à la hauteur de mes attentes, les critiques, picorées de ci de là me laissaient dubitatif.

Malgré tout, bravant les éléments déchaînés, bon, d’accord, une simple pluie, et les intolérables souffrances qui ne manqueraient pas de gâcher mon plaisir, ma carcasse qui ne tremble pas, pas encore, ne supportant plus les stations assises prolongées, lesquelles stations sont devenues pour moi celles d’un chemin de croix, bref, disais-je, je me rendis hier soir au ciné A et, au milieu d’un public assez nombreux mais fort discipliné, ce que je ne manquai pas d’apprécier, je savourai ce film.

Il fut à la hauteur de mes attentes. Certes, je trouve bien quelques éléments à lui reprocher, cela va de soi, j’eus préféré un recentrage sur le seul duo d’acteurs et non pas ces digressions stériles sur un trio amoureux, j’eus souhaité un développement de la réflexion sur l’amitié, en lien avec mes relectures du moment, l’Ethique à Nicomaque, d’Aristote, j’eus adoré une confrontation plus travaillée des deux interprétations d’Alceste et Philinte. Il serait aussi possible, je le confesse, de se voir lassé par le jeu de Luchini, se caricaturant, mais je l’admire trop pour tomber en ce travers, de la même manière je choisis de passer sur le pastiche, parfois lourd, que représente le personnage de Gauthier, mon reproche irait plus à la bande son, trop proche de celle des femmes du 6è étage, beau film commis par le même réalisateur, avec le même acteur.

Ce film ne fut donc pas une merveille mais assurément un bon moment de divertissement, l’occasion d’entendre quelques vers toujours aimés et, pour ceux qui aiment le théâtre il ne peut qu’être source de grande satisfaction. Je retiendrai, me concernant, la fin du film, avec notre Alceste/Luchini en costume, au milieu de cette humanité, perdu, anachronique, dépassé,  dont il nous redit, scène suivante, face à l’immensité de l’océan, sourire heureux au lèvre, qu’il a conçu pour elle une effroyable haine.