Jan
10
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 10-01-2014

Chers zélèves, observez le titre et le chapeau de cette Une. La rédaction de Libération ose le nom “haine”,  l’adjectif “antisémite”, et place le nom “humoriste” entre guillemets. Intéressant. A mettre en relation avec cet extrait d’un article de Scheiderman sur Mediapart, qui réfléchit, justement, à la façon dont les journalistes devaient nommer et caractériser Dieudonné.

 Le substantif posé, se pose dans la foulée la question du choix de l’adjectif, avec deux écoles : antisioniste, ou antisémite ? Pas la peine de rappeler l’importance de la distinction. Si l’on ne souhaite pas trancher, on peut toujours s’en sortir par un « controversé », qui ne mange pas de pain, mais ne veut strictement rien dire. Qui sur cette terre n’est pas « controversé » ? Je suis, vous êtes controversés.

Choisir, donc. Se mouiller. Notre dossier en fait foi, dans les premières plongées dans le phénomène, nous avons opté pour un prudent « antisioniste » entre guillemets, manière de ne pas trop, justement, se mouiller, et de suggérer : « Voilà comment il se désigne lui-même, mais nous ne sommes pas dupes. » Plus nous progressons dans l’exploration susmentionnée, plus il nous semble tout de même qu’un vigoureux « antisémite », franc et massif, et sans aucun guillemet, n’est pas immérité.