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Quel titre prétentieux… La théorie du genre, cela dit-il quelque chose à mes zélèves ? On en parle, dans les media… Vous savez, en français, le genre : féminin ou masculin. Avec ce beau masculin qui, quoi qu’il advienne dans une phrase, l’emporte sur le féminin… Ah, la belle grammaire que voilà ! Auparavant, (au 18ème siècle si mes souvenirs sont bon,s mais M. Mastorgio me corrigera, lui qui a traversé le siècle des Lumières et tutoyé Diderot et Voltaire (diantre : Hugo va me croire), l’accord de l’adjectif se faisait avec le dernier nom commun du groupe nominal. Exemple ? “Un homme et une femme instruite”. Toc : facile, on accordait l’adjectif avec le nom qui le précédait directement. Aujourd’hui, le tout puissant masculin l’emporte.

Wikipédia nous dit : “La règle de proximité (ou règle de voisinage) consiste à accorder le genre et le nombre de l’adjectif avec celui du plus proche des noms qu’il qualifie, et le verbe avec le plus proche de ses sujets. En vertu de cette règle, contrairement à l’usage actuel, le féminin et le singulier peuvent donc l’emporter sur le masculin et le pluriel. Elle se rencontre en grec ancien et en latin, de même qu’en ancien français. En français elle ne sort complètement de l’usage qu’au xviiie siècle, où le masculin s’impose dans l’accord du genre ; elle fournit aujourd’hui la matière de propositions de réforme de l’accord de l’adjectif pour ceux qui y voient un outil de promotion de l’égalité entre femmes et hommes.

Au xvie siècle, pour l’adjectif, seule la règle de proximité s’applique. Lorsqu’un adjectif se rapporte à plusieurs noms, il s’accorde avec le plus proche : « Portant à leur palais bras et mains innocentes », Agrippa d’AubignéLes Tragiques, III, 203. Quand un verbe a plusieurs sujets, le plus proche étant au singulier, il peut se mettre au singulier6 : « un gentil homme, dont l’amourla fermeté et la patience est si louable », Marguerite de NavarreL’Heptaméron, II, 17.

Au xviie siècle encore, l’adjectif épithète, lorsqu’il se rapporte à plusieurs noms, peut s’accorder avec le plus proche. On en trouve de nombreux exemples chez Racine, qui emploie concurremment la règle de proximité avec celle selon laquelle « le masculin l’emporte sur le féminin » : « Surtout j’ai cru devoir aux larmes, aux prières, consacrer ces trois jours et ces troisnuits entières », Athalie (1691), ou encore, dans la même pièce, « Armez-vous d’un courage et d’une foi nouvelle », vers 1269. De même il est encore courant qu’un verbe avec plusieurs sujets s’accorde avec le plus rapproché7 : « Sa bonté, son pouvoir, sa justice est immense », CorneillePolyeucte, vers 849 (1643).”

Ah, tous ces textes, ces auteurs lus, étudiés, et chéris ! Qu’elles sont loin, les années faculté…

Ce sujet n’est pourtant pas celui qui fait débat aujourd’hui. Non, il ne s’agit pas de grammaire (dommage) mais de… de quoi, finalement ? D’éducation à la sexualité dans une société où le mariage pour tous est autorisé, l’adoption d’un enfant par un couple homosexuel en débat. Des français s’inquiéteraient du contenu des cours de SVT dispensés à leurs enfants sur le sujet du genre.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/25/masculin-feminin-cinq-idees-recues-sur-les-etudes-de-genre_3174157_3224.html