Un secret, un roman de Philippe Grimbert, un film de Claude Miller
Révélé au grand jour en roman puis en film, le secret de famille de Philippe Grimbert lui aura donné une enfance difficile, jusqu’à ce qu’on lui révèle un frère décédé caché et d’autres choses. . Une histoire de jalousie touchant un couple juif durant la seconde guerre mondiale n’est bonne pour personne, surtout quand un enfant est impliqué. Le bilan finit toujours par être lourd, chargé parfois de défunts…
Parfois, les adaptations d’un roman en un film sont catastrophiques, mais ce n’est pas le cas d’ « un secret ». En effet, le choix des acteurs du film est pertinent et respecte les personnages, bien qu’on eût pu imaginer différemment certains personnages, comme Tania, la mère du narrateur, décrite comme brune et interprétée par une actrice blonde. Cependant, l’actrice en question est tout de même sportive et très belle, comme la mère du narrateur. Le choix n’est tout de même pas mauvais, même si Tania dans ce film n’a pas un air très sémite.
Louise, voisine et amie de la famille du narrateur, est une femme forte, un peu âgée et physiquement diminuée au niveau de sa jambe. Dans le film, Louise n’est nullement diminuée ou âgée, au contraire : on trouve une femme forte moralement mais pas faible physiquement.
Cependant, le choix des acteurs est bien respecté : même si l’on n’avait pas imaginé les personnages comme ils sont, ils sont très bien dans le film.
Le respect de l’histoire, aussi voire plus important que le choix des acteurs !
L’histoire est très bien mise en scène dans le film « Un secret ». Des scènes sont certes ajoutées, mais nécessaires à la compréhension du récit, comme une scène de dispute de famille concernant le port de l’étoile jaune, ou la lecture des lettres des personnages principaux.
La scène du début, où l’on voit le narrateur avec un patient, n’est pas dans le film, mais l’on nous met en scène le fait que le narrateur a fait de ses souffrances une force.
Un personnage féminin du film, qui aurait pu avoir une histoire d’amour avec le narrateur, n’est nullement présente dans le roman. Elle est cependant l’un des premier rouage d’une chaîne de réactions qui va mener le narrateur à se battre, puis à découvrir le secret qui hante sa famille.
De plus, aucun dialogue n’est présent dans le livre, ce qui aurait été périlleux dans un film. Ils sont alors tous inventés, mais tous pertinents.
Les différences entre le livre et le film sont minimes, mais pas forcément néfastes.
Un récit dans un récit dans un récit : une mise en abîme compliquée, mais mise en scène.
Dans le film « un secret », on suit le narrateur adulte dans des scènes en noir et blanc avec peu de dialogues (une voix off dit des phrases du livre) tout au long du récit en couleur, histoire premièrement du narrateur enfant, puis de celle de son frère imaginaire, qui a finalement existé, mise en scène comme un récit classique, avec des dialogues et un fil rouge, jusqu’à la fin du récit, se terminant sur une scène se passant de nos jours, mais en couleur et avec dialogue et voix off.
Au final : plutôt le livre ou plutôt le film ?
J’ai adoré le film « un secret », très bien mis en scène et extrêmement beaux. Le choix et le jeu des acteurs sont très bons, y compris pour les enfants, ou les personnages secondaires. Le récit est très bien mis en scène, et les dialogues sont très pertinents. Cependant, je clame haut et fort préférer le livre : Dans le livre, le narrateur s’adresse à nous, lecteur, même sans nous apostropher, et je ne trouve pas cette sensation dans le film, où nous sommes juste spectateur (ce qui est normal). De plus, je préfère imaginer moi même les scènes d’un livre plutôt qu’on le fasse à ma place : chaque personne a son interprétation d’un livre, d’une histoire. Ainsi, je préfère le livre « un secret » à son adaptation.