Article rédigé en mars dernier par les zélèves de l’option media : toujours d’actualité. A (re)lire !

Le vendredi 30 mars 2012, notre classe  Media a eu la chance d’accueillir M.Joseph (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Afrique du Nord, Algérie, Maroc, Tunisie) et M.Laborda ( responsable G.A.J.E : Guerre d’Algérie Jeunesse et Enseignement). Ils sont venus pour nous parler en nous racontant comment et quand la guerre d’Algérie avait eu lieu. C’était très intéressant car  nous avons appris les causes de cette guerre et  bien  d’autres choses. Le vendredi 23 mars, nous étions allées visiter l’exposition sur la Guerre d’Algérie, à la mairie de Châtellerault.

Ils nous ont raconté leur jeunesse pas comme les autres, « une jeunesse gâchée », a même dit M.Laborda. Leur jeunesse, ils l’ont vécue durant la guerre d’Algérie, appelée avant « Maintien de l’ordre » puis « Événements d’Algérie ». Aujourd’hui, on parle de guerre. A l’époque, il n’était pas question de guerre puisque l’Algérie étant française, on ne concevait pas une guerre dans un même pays.

Ils nous ont raconté leur histoire avec beaucoup d’émotion et de tolérance. »Le temps est venu de nous réconcilier et de nous accepter, différents les uns  des autres. Cette histoire est aux historiens maintenant » a dit M.Joseph. Avec beaucoup de pudeur, M.Laborda nous a avoué qu’il ne s’était confié qu’à sa petite fille ! Et qu’il faisait son devoir de mémoire en recherchant des anciens combattants de la région depuis 10 ans.

Mais comment vit-on après cette guerre ?

M.Joseph est retourné deux fois en Algérie depuis le cessez-le-feu. Quand il y est retourné, les jeunes Algériens lui expliquaient qu’ils ne comprenaient pas pourquoi les français, après la guerre, les avaient abandonnés. Mais l’accueil était toujours chaleureux !

M.Laborda, lui, n’y est jamais retourné car il reste encore des endroits dangereux, et il a peur de ne pas retrouver le pays qu’il a appris à connaître. Mais il garde en mémoire un souvenir merveilleux, un magnifique coucher de soleil à Djidjelli. Rien que d’en parler, ses yeux brillaient. « L’Algérie est un pays magnifique », ont-ils tous deux déclaré.

M.Laborda terminera par un conseil ou même une morale : » Surtout, ne faites pas du mal autour de vous, même si on vous en a fait !  » Il explique que la violence est un cercle vicieux, et qu’il ne faut pas garder de rancoeur.

Stella Rivière.

Deux témoignages

On ne peut percevoir aucune rancœur dans les yeux, seulement l’envie d’inculquer. Enseigner une histoire, une vie, une guerre et tout ce que cela engendre. Cette guerre a longtemps été tue, appelée simplement « les événements d’Algérie ». Mais, vu les innombrables vies prises pour le prix de la liberté, il serait peut-être temps de voir la réalité en face ? (ndlr Le Torchon)

M.Joseph et M.Laborda sont des « Appelés ». Aucune carrière militaire, on leur demande de se battre. Ils exécutent les ordres. L’Algérie était un pays avec un coeur français mais souhaitant son  indépendance, tel ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie. Qui aurait enfin le pouvoir ?

« 50 ans après, ça peut paraître ridicule de s’être tiré dessus, mais quand on est dans le contexte, tout est différent, nous dit M.Joseph. La guerre ne brise pas seulement des corps et des os, mais aussi des vies. »

« J’ai perdu toute ma jeunesse. J’étais un cycliste prometteur, et je voulais être agriculteur. Et puis je fus blessé, il ne me reste que 20% d’autonomie » poursuit M.Laborda. Une balle  a ricoché et traversé son bassin. Adieux les rêves de cyclisme…

Sujet encore tabou : beaucoup ne connaissent rien de cette guerre, peut- être parce que ses combattants ne veulent pas remuer cette période difficile, on ne dit rien de ce qui s’est passé là-bas.  » C’est à ma petit fille que j’ai réussi à me livrer » confie M.Laborda.

« Dans ces postes isolés, c’était la vie la plus spartiate possible, mais d’autres ont connu pire, » explique M.Joseph « Là-bas, en deux ans, je n’ai jamais connu de lit! » ajoute M.Laborda.

Et puis, la différence de coutumes est de taille : alors l’Algérie, si française que ça ? (ndlrLe Torchon) « Ici, tu n’as pas à dire quoi que ce soit aux femmes, ni à molester les hommes! », dit un officier au soldat Laborda, qui s’était vu reproché son intervention auprès de villageois par le conseil du village. Un jour, le jeune soldat Laborda avait vu des femmes porter des charges lourdes sur le dos, et il y avait un homme sur un âne. Il a donc demandé à l’homme de descendre pour faire porter les charges à l’âne et donc soulager les femmes, en bon gentleman qu’il était. Mais là-bas, ce n’est pas acceptable.  Entre hommes, plus tard, l’officier avait félicité le soldat Laborda pour ce geste galant. Mais l’armée devait respecter les coutumes des algériens.

Fort heureusement, il n’y pas que des mauvais souvenirs…

« Je revois cette mer avec le soleil qui s’y enfonce. Magnifique. Je revois chaque détail lorsque j’en parle » dit M.Laborda. M. Joseph est retourné en Algérie, ce pays aux magnifiques montagnes et aux délicieuses dattes : « Quand j’y suis retourné, peu de choses avait changé. On m’a très bien accueilli, mais les jeunes algériens ne comprennent pas pourquoi nous les avons abandonnés. Aujourd’hui, poursuit-il, tout est pardonné. Je n’ai pas de rancœur : ils défendaient juste leurs convictions indépendantistes ! » Il ajoute qu’eux, soldats, obéissaient.

 Aujourd’hui est une nouvelle ère, aujourd’hui est un nouveau jour, un nouveau lever de soleil, le même en France, le même en Algérie. 50 ans après, il faut accepter.

Océane Legrand.

Article rédigé pour Le Torchon, journal en ligne du Collège George Sand.

« Pour la nouvelle génération : tournez  la page et partez de l’avant » 

Interview de Kenza Mahmoudi, née en Algérie en 1968.

Kenza Mahmoudi est responsable de formation à ODA-formation, à Châtellerault : c’est une association qui aide les primo-arrivants à parler et écrire le français..

En 1970, à l’âge de ses deux ans,  Kenza  entre en France avec sa famille grâce à son père qui est venu juste après l’indépendance de l’Algérie pour travailler. Kenza est fille d’un ancien combattant de la guerre d’Algérie, un « Moujahid » FLN.

Durant cette Guerre, son père était le seul Moujahid parmi toute sa famille dans laquelle le climat était tendu : eux étaient des Harkis. Pour lui et sa famille, cette guerre a été horrible, il a été emprisonné en France et en Algérie pendant sept ans dans des conditions très  dures, puis condamné à mort juste avant l’indépendance : grâce à l’indépendance, il a échappé à la mort. Durant toute cette période, toute sa famille croyait qu’il était décédé.

«  Ma mère l’a attendu toute cette période avec beaucoup d’espoir,  dit Kenza. La vie était très dure durant cette période, surtout pendant les Rafles (pour les moudjahidine).   Ma mère s’enlaidissait  pour pouvoir aller chercher de l’eau et du bois sans avoir de problèmes avec l’armée française ».

Après la fin de la guerre, Kenza et sa famille sont venus vivre en France à cause du manque de biens en Algérie. Cela n’a pas était facile, surtout pour la maman de Kenza, cela a formé un froid dans la famille, « Sujet tabou ».  De plus, son grand père a été reconnu en France en tant que Harkis.

« Cela s’est passé il y a maintenant 50ans, il est temps de tourner la page des deux cotés.   Pour la nouvelle génération, tournez  la page et partez de l’avant ».

Je remercie Kenza pour cette interview qu’elle m’a accordée. Mon propre grand-père était un Moudjahid…

Imène.

Déc
19
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 19-12-2012

Non, ce n’est pas un match de foot ! Mais une forme de travail de mémoire : le concept vous sera enseigné lors de votre cours d’Histoire sur la seconde guerre mondiale et lors de vos cours sur les génocides.

La France et l’Algérie ont un passé commun douloureux : la guerre d’Indépendance, violente, sanglante, traumatisante. Et si proche encore dans le temps que l’historien Mastorgio dira qu’il est encore impossible d’en parler sans émotion : ou quelque chose d’approchant, je lui laisse la parole sur ce point…

Je vous renvoie, chers zélèves entorchonéidés, à la lecture du très bel article que les zélèves d’option media avaient rédigé sur le sujet voici un an : à lire ci-dessus, sous le titre “Le temps est venu de la réconciliation”.

Votre sentiment nous intéresse,  vous qui, filles et fils, petites-filles et petits-fils d’émigrés algériens, êtes nés en France, ou avez émigré en France voici quelques années : quel regard portez-vous sur cette réconciliation ? Sur votre double culture ? Nous en mesurons, nous enseignants, la richesse, mais quel est votre sentiment personnel ?

A voir ce jour, dans Libération, un film sur le sujet, réalisé par des zélèves d’orignine algérienne : http://www.liberation.fr/societe/2012/12/18/on-est-des-algeriens-en-france-et-des-francais-en-algerie_868560

Déc
18
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 18-12-2012

Chers zélèves,

Drôle de bonhomme, ce Fénelon rencontré dans le cadre du cours de français, non ? Une conception archaïque du statut de la femme ! A replacer dans son contexte, bien entendu.

Intéressante remarque de nos chères O. et S., pour qui la tradition, la culture, offrent la perspective d’une vie de femme au foyer : élever les enfants, les éduquer, tenir le ménage. C’est une promesse de bonheur si l’amour et l’harmonie du couple sont au rendez-vous, ce que l’on souhaite à tous.

Mais notre mission d’éducateur, pardon, d’enseignant, nous fait dire qu’un diplôme, une formation professionnelle seraient la promesse d’une possible indépendance…   Je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces discussions avec vos soeurs, amies, cousines, qui, chaque année, m’ont tenu le même discours : “Chez nous, c’est la tradition, la femme ne travaille pas, elle élève les enfants : les enfants, c’est le bonheur, c’est la richesse. Le mari rapporte l’argent.” J’entends.  Chaque année, je répète qu’il faut pourtant poursuivre vos études, entrer au lycée, vous ouvrir l’esprit. Notre rédactrice, O. pour ne pas la nommer, a pourtant beaucoup à dire, et l’envie de l’écrire : je ne crois pas me tromper. Cette curiosité, cet élan pour comprendre sont salutaires.

Qui sait ? Le bonheur est peut-être là : la maman le sait, un enfant, c’est le “bien” le plus précieux. Mais l’enseignante  considère que la formation professionnelle, qui ouvre les portes à l’autonomie financière est le meilleur atout dans notre société. La femme, que l’indépendance est la clé de l’épanouissement.

On dira que les adultes prennent trop de place dans ce Torchon : chers zélèves, écrivez donc !

Pour vous, ce petit sujet de réflexion (non, non, je ne résiste pas !) : vous trouvez normale, aujourd’hui, l’égalité des sexes, la parité hommes-femmes : croyez-vous que cette égalité soit réelle, aujourd’hui, en France ?

 Je crois qu’Abderahmann avait quelque chose à écrire à ce sujet : on attend avec impatience son article ici… 😉

Déc
16
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 16-12-2012

Chers zélèves,

Vous souvenez-vous du cours de français de vendredi ? Il avait été question des différents types d’écrits argumentatifs : parmi eux figurait la lettre ouverte. Voici, dans la presse, un exemple de choix : la lettre ouverte écrite par Gérard Depardieu, comédien français, adressée au premier ministre.

En guise d’étude, vous pouvez identifier la thèse soutenue par l’auteur de cette lettre, ainsi que les arguments qu’il emploie pour étayer son propos. 

Déc
16
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 16-12-2012

On parle beaucoup d’homosexualité dans les media, à propos de la loi sur le mariage pour tous. Quel regard portons-nous sur l’homosexualité ?

Océane : De nos jours, je ne peux pas dire que j’aime entendre les garçons et filles dire qu’ils ont des rapports sexuels ou encore les voir s’embrasser. Mais qui suis-je pour juger ? Personne. Je ne pense pas que je pourrais supporter de voir quelqu’un de ma famille  avoir un comportement homosexuel mais dans la rue, ça ne me gêne pas puisque ça ne me touche pas ! A vrai dire, je ne me suis jamais posé la question de l’homosexualité. Chez moi, on ne parle pas de ça : c’est tabou. Je ne sais pas quoi en penser. Pour moi, deux personnes  du même sexe ne devraient pas être ensemble. Mais puisqu’ils sont heureux, fermons les yeux : s’ils sont heureux parce qu’ils s’aiment.

Fanta :  L’homosexualité s’affiche publiquement en toute liberté, pour moi, quand je vois des personnes du même sexe s’embrasser, ça me dégoûte, et ça me fait des frissons, à vrai dire, ça me passe dans tout le corps. L’homosexualité , c’est pas pour moi !

 LeGeek  : d’après mon point de vue, l’homosexualité est  tout à fait normale, nous avons le droit de choisir notre amour. Ceci s’appelle l’égalité. Voir un couple d’homosexuels  ne me dérange  pas, sauf  si c’est  mon meilleur ami qui l’est et me fait du ‘pied’. Voir les filles ensemble s’embrasser, je trouve ça moins dérangeant : elles nous excitent ! Alors que deux garçons… Je pense que  je préfère avoir des amiEs homosexuelles  que des amis, car avec les filles, il n’y a pas de chance de se faire draguer. Ma grande sœur a trois amis homosexuels et cela ne me dérange pas quand ils sont chez moi.  Je  suis pour le mariage gay, pourquoi n’auraient-il pas le droit ? D’après un sondage, 17 000 maires sont contre le mariage gay. Je  suis pour et contre. Je suis pour, parce qu’ ils ont le droit d’avoir les mêmes droits que les couples hétéros. Je suis pour et contre que les homosexuels aient des enfants : contre car des enfant pourraient avoir des reproches et se sentir mal.

 Abderrahman : Aujourd’hui, l’homosexualité  n’est pas un sujet tabou mais un sujet compliqué, je pense que voir deux lesbiennes fait moins bizarre que de voir deux hommes homosexuels, mais franchement je ne suis absolument pour pas pour l’homosexualité. Je ne sais pas si c’est en rapport avec ma religion, mais je trouve sale d’être homosexuels. Mais cela ne me concerne pas, s’ils pouvaient juste ne pas s’embrasser ou autre en public… Je ne le suis pas et je ne le serai jamais, heureusement pour moi !

 Badjo : J’ai sans doute des tendances homophobes car, même si je ne les insulte pas, l’homosexualité me dégoûte. Imaginer des gens du même sexe avoir des rapports sexuels me dégoûte.   Donc, oui, je suis un peu vieux jeu, mais pour moi, une famille, c’est un papa et une maman. Peut-être est-ce dû à ma religion, mais je ne supporte pas cet acte : pour moi, c’est choquant.   Dans la religion musulmane l’homosexualité n’est même pas envisageable : je crois que si j’étais au Mali en ce moment, par exemple, où la Charia est en vigueur, personne n’oserait s’afficher comme homosexuel. En bref, je suis assez bornée sur le sujet et je crois que je ne changerai pas d’avis.

 Manelle : Qu’il y ait des mariages homosexuels ne me dérange pas : les gens ont le droit d’aimer qui ils veulent. Que ce soient des hommes, des femmes, c’est leur vie et ça ne regarde qu’eux. J’ai déjà vu des couples d’homosexuels : au début, j’avoue que j’étais surprise mais, après, je m’y suis faite, et assez rapidement.    Cependant si un de mes amis me demandait de l’aider à choisir sa préférence, ou plutôt, de donner mon avis sur ce sujet, je répondrais sûrement qu’il est préférable d’être hétérosexuel parce que c’est beaucoup plus simple à vivre dans la vie de tous les jours.  Mais on a le choix d’être amoureux de la personne qu’on veut : cela ne me regarde pas du tout.  Tout cela pour dire que je me moque qu’il y ait des mariages homosexuels ou pas.

Déc
15

Chers zélèves,

Nous évoquions hier, en séance media, l’actualité sociale : le mariage homosexuel en question. Vous avez écrit votre opinion sur l’homosexualité (à lire dans ce Torchon dès aujourd’hui). Soyez attentifs, aujourd’hi et demain, à l’évolution de l’évènement et à son information. Et continuez à réfléchir, et à écrire !

Nov
30
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Abderrahman le 30-11-2012

Enfin la Palestine est devenue un Etat observateur à l’ONU, après avoir été refusée le 19 décembre 2008, le peuple palestinien a été accepté hier, le 29 novembre 2012.

Je suis content que le peuple palestinien soit enfin accepté car il le mérite et je me sens comme les palestiniens, car ce sont aussi des musulmans et aussi parce qu’ils ont tellement souffert durant ces dernières années à cause d’Israël. Israël les a attaqués de partout, par les airs (avions), la terre (tanke+fantassins) alors que les palestiniens n’étaient pas de taille car ils n’avaient pas d’armes…

Et en ce vendredi, les palestiniens vont  pouvoir êtres tranquille, sans soucis, comme nous ici, sauf qu’il faudra faire des réparations du pays : espérons que tout rentrera dans l’ordre et que le peuple palestinien ne souffrira plus .

Je me pose une question : Pourquoi les Etats Unis ne voulaient pas que la Palestine soit un Etat observateur ? Voici deux hypothèses : soit parce que les Etats Unis ont choisi de soutenir Isrël parce que c’est une puissance militaire qui les intéresse ou bien parce que les Etats Unis ont pour une raison inconnue une dent contre la Palestine. Mais même si ça c’est bien passé, je pense que les palestiniens n’oublieront jamais ce qui s’est passé et je pense que personne ne l’oubliera.

                                                                                                                                                                                                                                Lefouse

Nov
30
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par la Vieille Garde le 30-11-2012

Scandaleusement provoqué en cette séance de media par les zélèves chargés de réfléchir sur leur adolescence, je consens à répondre à ladite provocation et aux propos diffamatoires tenus, prétendant que je ne serais capable de donner une opinion, un avis ou tenir une réflexion sur cet âge si éloigné du mien. Certes, mon adolescence remonte au millénaire précédent, mais celle des autres, celle de mes contemporains, des zélèves, je la subis, je l’endure, je l’étudie aussi, au quotidien, depuis plus de 15 ans.

Le constat est alarmant, il l’est d’ailleurs depuis les débuts de l’humanité puisque des tablettes d’argile de Babylone précisent que les jeunes manquent de respect aux ancien, Aristote se scandalisait des moeurs et comportements des jeunes, sous Charlemagne, même constat, les jeunes parlent mal aux anciens, ne respectent plus rien ni personne, etc. En outre, il n’est pas nécessaire de fournir des arguments que les adolescents ne peuvent saisir. (Ils connaisent, Babylone, Aristote, Charlemagne?)

Ainsi, depuis le début de l’humanité, il faut bien en  prendre acte, l’adolescence serait  une calamité, je confirme, elle l’est! L’adolescent type est certain de mieux comprendre le monde que ses parents ou tout adulte d’ailleurs. Il faut en effet préciser que les adultes sont des “vieux” et que l’on est vieux à partir de 20 ans semble-t-il. Paradoxalement cependant, le corps médical fait désormais s’étendre l’adolescence, (l’adulescence étant elle une vision plus sociale que physiologique) de 12 à 30 ans, ce qui ne saurait qu’interpeller lesdits adolescents concernés par la tranche d’âge.

Peut importe, l’adolescent type est prodigieusement contestataire et se contredire trois fois dans la même phrase en faisant preuve de la plus inqualifiable mauvaise foi ne lui pose aucun problème, pire, il affirmera que la faute de tout cela, comme de tout le reste, n’ incombe qu’à son contradicteur. Généreux, nous dirons qu’ils cultivent la pensée rousseauiste et estiment qu’il vaut mieux être homme à paradoxes qu’à préjugés. (Ils connaissent Rousseau?)

Ensuite, épuisé de cette contestation, de ses longues nuit de veille sur tous les types d’écran que l’industrie peut produire, de télé, d’ordinateur, de téléphone, de, de… de je ne sais trop quoi, de ses repas pantagruéliques, de ses quelques heures de sport, de ses discours existentiels avec ses pairs destinés à savoir quel sportif, quel chanteur, quelle chanteuse, quel acteur ou actrice est le meilleur, si A sort avec B si C est encore avec D, bref, suite à tout cela, l’adolescent lambda (ils savent leur alphabet grec?) rejoint donc son lit, non fait, en sa chambre, non rangée, et sombre dans les bras de Morphée, (ils connaissent Morphée?) pour se voir contraint au lever, quelques heures plus tard, par un réveil tyrannique lui enjoignant de se rendre au collège ou au lycée, à moins que, lors des fins de semaine, il ne puisse profiter de longues heures de ce repos immérité, jusqu’à ce que les parents, lassés, ne viennent les sortir du lit et se voient alors rabroués sans une once de respect, sous prétexte que le samedi  il est bien normal de dormir jusqu’à 15h et qu’ils ont le droit de se reposer, avec tout ce qu’ils font pour leurs parents au quotidien!

Vous l’avez saisi, ô lecteurs, le sujet de l’adolescence est une mine inépuisable que je ne saurais… épuiser. Il s’agissait seulement pour moi, ici, de prouver, à ces hordes de jeunes, qu’en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le vieillard,  que je suis, piqué au vif, cette irritabilité naturelle m’étant un point commun avec lesdits adolescents sujets de notre étude, avait encore assez de neurones pour produire, en cette séance, quelques lignes sur un thème qui aurait cependant dû plus les interpeller que moi. Las, cette situation ne fait que prouver ce que nous mettions en avant plus tôt et je me réjouis de savoir que dans des milliers d’années on lira avec attention cet article devenu alors une référence historique et sociale de premier plan (ils savent ce qu’est l’ironie?).

Nov
30

Qui aime bien taquine bien (selon Zinabidine) 😉

L’ado, ça me connaît : du lundi au vendredi, du lundi au vendredi, et du lundi au vendredi (après ça, qui oserait nous contester notre droit à 16 semaines de vacances ?) : donc, du lundi au vendredi, je pratique l’observation de l’ado.

Dans le cadre scolaire, la pire condition qui soit : l’ado n’est pas heureux d’être là. Il ne sourit pas  avant la récréation de dix heures. Avant dix heures, il végète : il termine sa nuit, commencée après une heure du matin et interrompue par la sonnerie du réveil parental et un petit déjeuner. Ah non, l’ado ne petit déjeune pas. les céréales, il les grignotte à 23 heures, devant son écran. L’ado est nictalope : il ne fait pas tomber de miettes sur le clavier !

L’ado est malheureux : du moins fait-il semblant d’en adopter les symptômes : assis, chauffé, nourri, il trouve encore le moyen de soupirer que “la vie, c’est esclavant” avant de re-sombrer sans sa léthargie coutumière. Soupir.

Donnez à l’ado une tâche : tentez l’expérience. Une tâche dure : inscrire dans l’agenda le travail à faire pour le lendemain. L’ado a des réflexes innés : “Quoi ? M’dame, on a déjà un DM en Histoire !”. Soupir. (tentez l’expérience en sixième : le sixième, qui n’en est qu’au stade de pré-adolescent, ne négogierait jamais un travail : le sixième obéit, applique, et avec le sourire.) Crayon (geste lent : ah oui, l’ado est agaçant…). Agenda. Echarpe : l’outil de travail essentiel dans la panoplie de l’ado. Soupir. (bis, ter) Pendant ce temps, la sonnerie a retenti, l’ado s’est envolé (le temps de dire au revoir à la classe : plus un élève) L’ado est capable de rapidité dans le sens descendant de l’escalier : pour descendre en récréation, il déploie des qualités insoupçonnées, faisant appel à des muscles qu’il n’avais pas sollicités à l’aller. Pour monter en cours, l’ado traîne des pieds, des jambes, des bras : la gravitation universelle l’attire irrémédiablement vers le bas : le rez-de-chaussée.

Au rez-de-chaussée, on peut échapper au cours : on peut passer par l’infirmerie…

Croit-on. Car l’ado est crédule.  Mais l’infirmière, cette adolescente repentie (comme le sont tous les adultes du collège) maîtrise à la perfection l’art de l’esquive dont elle sait déceler chez l’ado les signes avant-coureurs : bobo le ventre, bobo la tête, bobo le dos…

L’ado est un être jeune, en devenir, il doit être épuisant d’attendre d’être grand : la période de latence semble un calvaire. A les voir ainsi,  ils souffrent réellement. Soyons compréhensifs, ne parlons pas trop fort,  n’exigeons pas de travail personnel le week-end “Oh, bah non, M’Dame : on a déjà un DM en maths et c’est l’anniversaire d’Hugo. C’est abuser…”

L’ado n’a que ce mot à la bouche “abuser”.

Mais s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer, car l’ado est touchant. Ne le dites à personne, mais dans notre jargon d’enseignants, on le dit “attachiant”. 

Nov
29

Les élèves de la classe media du collège George Sand de Châtellerault en débat.

 En classe de 3ème, nous étudions un roman pacifiste, A l’ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque. Suite à cette étude de récit, notre professeur de français nous a posé cette question : « Etes-vous patriote ? Que représente, pour vous, la notion de sacrifice pour la patrie ? »  Drôle de question, que nous ne nous étions jamais posée : le patriotisme est une notion qui ne nous concernait jusque là a priori pas.

Hugo Schmitt : On peut considérer qu’il y a plusieurs formes de patriotisme. A l’origine, le patriote était celui qui partait en guerre, se battait pour son pays. Personnellement, je ne pense pas aller jusqu’à donner ma vie pour le pays. Par contre, je pourrais me battre, mais d’une autre manière que par les armes, par exemple, en défendant l’économie, la culture et les droits de mon pays, alors je peux considérer être patriote, ou appartenir à une nouvelle génération de patriotisme, car notre génération n’a pas grandi avec la notion de guerre, donc le sacrifice pour ma patrie reste un sujet peu représentatif.

Patriotisme ou nationalisme ?

  Notre professeur d’Histoire nous a expliqué la nuance entre la notion de patriotisme et la notion de nationalisme. Pour ce faire, il a filé la métaphore de l’amour. Il nous a expliqué que le patriotisme, c’est aimer son pays, sa patrie : c’est un amour raisonnable. Etre patriote, c’est faire beaucoup pour son pays, dans les limites du raisonnable. Le nationalisme, c’est aimer son pays de façon irraisonnée, exacerbée : c’est la passion. Dans le cas de la première guerre mondiale, les soldats français étaient nationalistes, ils sont partis vers Berlin, la fleur au fusil, persuadés que leur cause était juste. Depuis qu’ils étaient enfants, on leur avait inculqué cet amour de la patrie, on leur avait demandé de se sacrifier pour leur patrie.

Alors, sommes-nous, nous qui avons 15 ans, des patriotes ?

Ruddy Michaud. Je suis entièrement patriote puisque, si une guerre devait se produire, il serait de mon devoir de m’engager et de combattre pour mon pays et aussi pour ma famille. Je suis conscient des risques de la guerre, que l’on peut mourir à n’importe quel moment, que je devrais arrêter mes études. Puisque nos ancêtres ont fait la guerre pour que notre génération soit en paix, je pense qu’il serait de mon devoir de m’engager pour que les prochaines générations soient en paix et non en guerre.

 Valentin Géron : Au vu de la définition, je suis sûr d’être patriote, ou nationaliste. En effet, si être patriote, c’est aimer sa patrie et s’efforcer de la servir, alors je me sens pleinement patriote, prêt à partir au combat et éventuellement mourir pour mon pays. L’idée de sacrifice fait passer l’intérêt personnel après le collectif. Savoir oublier de penser à soi pour se soucier des autres est le premier pas vers la notion de sacrifice.

 Christina Paulo : En France, j’apprécie amplement le fait que l’on puisse être libre, que l’on ait la chance d’avoir accès à une éducation gratuite, ce n’est pas le cas partout dans le monde. Se sacrifier pour sa patrie, l’expression est assez violente, voire excessive.

 Océane Dupuy : J’aime ce pays car je suis née ici. Mes racines sont ici, ma famille aussi. Mes ancêtres sont enterrés là.

 Corentin Le Moal : J’aime, dans mon pays, ses ressources, c’est un pays différent des autres, j’aime sa gastronomie. C’est un pays riche, avec différentes cultures : on l’appelle la « France de la diversité ». On ne critique pas les gens différents (religions, traditions, coutumes, gastronomie) : nous avons tous les mêmes droits.

 Emile Brunet : Je suis fier d’être français : je suis né en France, mes parents sont nés en France, je parle français, j’écris français. Lorsque l’on est dans un pays, on doit l’aimer et le respecter. On ne choisit pas sa religion, elle se transmet par la famille. L’Histoire de France est intéressante et compliquée : il faut remercier nos ancêtres qui se sont sacrifiés pour la patrie.

 

Regards croisés : deux élèves nés en Algérie et arrivés en France voici quelques années :

Riyadh Hadj-Belkacem : Oui je suis patriote car je suis fier de mon pays, l’Algérie, de mes traditions, et de ma couleur, mais aussi de mes cultures car si j’aime ma culture maternelle,  j’aime aussi la France, ma culture d’adoption.

   Je suis musulman, ce qui est mal vu par les racistes, mais  je ne suis pas content des terroristes islamistes, qui tuent des personnes sans raison et cela me choque car ils montrent une mauvaise image de l’Islam. Aujourd’hui l’Islam signifie la paix, la générosité, l’aide…

  C’est pour cela que je suis d’accord avec la devise de la France, Liberté, égalité, fraternité,  mais que je trouve qu’elle est mal appliquée dans le pays, par exemple, pour l’égalité car les racistes pensent que tous les Français ne sont pas égaux. Je suis d’accord avec la fraternité car il existe plusieurs associations qui aident des gens pauvres ou des gens qui n’ont pas forcément les moyens de payer des choses chères pour eux. Par exemple Les restos du coeur, la croix rouge, etc..

  Pour conclure, je voudrais que la liberté et l’égalité soient aussi bien appliquées que la fraternité.

 Abderrahman Rabhi : Un patriote est une personne qui aime sa patrie et qui la sert avec dévouement. Et moi, d’une certaine manière, j’aime la France. J’aime sa culture (feux d’artifice du 14 juillet), car c’est beau et intéressant, j’aime aussi son éducation (école laïque et obligatoire).

  Moi, je ne suis pas français d’origine, je suis arrivé en France il y a environ 7 ans et demi mais ce n’est pas pour autant que je n’aime pas la France, même si je préfère l’Algérie car presque toute ma famille est là-bas. Mais, contrairement à ce que pensent certains électeurs français, j’aime quand même la France. Oui, je suis algérien et j’en suis fier, peu importe ce que pensent les racistes car chaque personne est fière de ses origines. De la même manière, les français qui s’étaient installés en Algérie avant l’Indépendance aimaient à la fois l’Algérie, culturellement (car l’Algérie, c’était quand même la France) et toujours la France qui était la terre de leurs origines. Eh bien moi, c’est la même chose, mais dans l’autre sens.

Pas une, pas deux, mais trois patries !

Pedro Lutalakaka Mavunza : Je suis né en Espagne de parents Angolais et j’habite en France depuis 5 ans. Je suis patriote car mon pays, je le chéris : sa beauté, sa splendeur, son histoire, je les porte dans mon coeur. Pour ma patrie, je suis prêt à me dévouer ou bien même à me battre pour elle afin d’en défendre les intérêts. Si je dois la défendre en partant à la guerre, ça sera mon sens moral qui me poussera à combattre pour défendre mon pays plutôt que de laisser faire l’ennemi. Mais n’étant pas en guerre, je ne peux pas vraiment évoquer le sujet. Je ne suis pas né ici, je suis d’origine angolaise, j’ai un amour fidèle envers ces trois patries. J’aime ma patrie, ou plutôt mes patries. En famille, je me sens plutôt angolais, mais on parle espagnol, à la maison. Avec mes amis, je me sens français. Je suis « métis » culturellement : un mélange de cultures. Je me sens plutôt fier d’avoir trois patries. Tout le monde n’a pas cette chance.

Soifaou et Souandaou Boina (soeurs, jumelles): Nous pensons, oui, être patriotes car nous défendons chacun de nos pays : les Comores, La Réunion et Madagascar. Nous sommes arrivées en France métropolitaine il y a trois mois. Nous assumons avec fierté notre couleur, nos origines, qui font notre honneur. Ce qui fait notre bonheur, c’est notre identité et nos racines multiples.  Nous parlons créole et malgache, mais La Réunion est française, nous avons passé là-bas la plupart de notre enfance, donc nous pensons que nous sommes françaises.

 « J’aimerais que la France honore mieux sa devise. »

 Mamabadiou Souaré : Pour ma part, je ne me considère pas patriote. Pourtant, je vis dans ce pays depuis ma naissance, j’aime sa culture, son style de vie et peut-être même que mes enfants vivront là. Je me dois donc de protéger cette patrie. Par contre, en cas de guerre, je ne me vois pas me sacrifier pour un combat que je n’aurai pas déclenché.

 Emile Gautron : Moi, patriote ? Pas du tout ! La France n’est pas un pays que j’aime particulièrement. L’égalité de la devise Liberté, égalité, fraternité n’est pas respectée quand  des français sont racistes. Liberté ? On est sans cesse contrôlés. Fraternité ? On devrait aider davantage les plus pauvres, se montrer plus solidaires. J’aimerais que la France honore mieux sa devise.